jeudi 31 octobre 2013

Bilan du mois d'octobre 2013

 
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Retour indésirable de Charles Lewinsky 


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La garçonnière d’Hélène Grémillon
La grâce des brigands de Véronique Ovaldé
Le fléau de David Van Reybrouck 


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Michael Kohlhaas de Heinrich von Kleist


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Des oiseaux plein la bouche de Samanta Schweblin
La confrérie des chasseurs de livres de Raphael Jerusalmy





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La porte du paradis (Heaven's Gate) de Michael Cimino- 1980


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Prisoners de Denis Villeneuve - 2013
9 mois ferme d’Albert Dupontel - 2013
Welcome de Philippe Lioret - 2009

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Une place sur terre de Fabienne Godet- 2013
My Blueberry Nights de Wong Kar-wai - 2007



Le fléau de David Van Reybrouck

Quatrième de couverture 

David Van Reybrouck découvre par hasard, dans le cadre de ses recherches universitaires l'étonnant destin d'un écrivain sud-africain, spécialiste des grands singes et des termites. Dans un ouvrage emprunté à la bibliothèque de primatologie d'Utrecht, il apprend que les écrits de cet homme - un dénommé Eugène Marais - auraient fait l'objet d'un plagiat et que l'auteur de cet 'emprunt littéraire' ne serait autre que le grand Maeterlinck. Incroyable accusation. David Van Reybrouck est un scientifique, l'un de ces êtres dont l'esprit éclairé ne peut se contenter d'un savoir qui ne serait minutieusement étayé par la démonstration. Il n'est donc pas étonnant que, deux ans plus tard, sa thèse sur l'histoire de l'archéologie en poche, la lecture de tout Maeterlinck achevée, le jeune Van Reybrouck, intéressé par les travaux de Marais, intrigué par le manque de fondement d'une accusation de plagiat à l'encontre d'un lauréat du prix Nobel, veuille éclaircir les choses. Un nouveau sujet s'offre à lui et une rigoureuse enquête s'impose. C'est ainsi qu'il s'embarque pour un long voyage sur les traces d'Eugène Marais, cet inconnu né en 1871 tout près de Pretoria... 

Auteur de Congo qui a connu un grand succès en Belgique, je profite de sa récente parution en livre de poche pour lire Le fléau de David Van Reybrouck, son précédent essai. 

Cette non-fiction littéraire de David Van Reybrouck - archéologue belge d’expression néerlandaise – est un joyeux mélange de recherches, réflexions, témoignages, biographies et analyses. Sous prétexte de savoir si le grand Maeterlinck aurait plagié l'écrivain sud-africain Eugène Marais pour son ouvrage sur la vie des termites, David Van Reybrouck part sur les traces du passé de cet auteur à la vie très tourmentée en Afrique du Sud. On plonge dans la biographie des deux protagonistes mais aussi dans l'histoire, la macro-économie, la géopolitique, le symbolisme, les rapports entre littérature et sciences, entre l'Europe et l'Afrique. 

Une lecture érudite et très plaisante en même temps. Passionnant. 


Des oiseaux plein la bouche de Samanta Schweblin

Quatrième de couverture 

Une jeune fille d’une extrême douceur ne se nourrit que de moineaux vivants sous le regard incrédule de ses parents. Des centaines de femmes abandonnées au bord de la route crient leur désespoir jusqu’à ce qu’une voiture s’arrête et que le conducteur descende... Un homme tue sa femme, met son corps dans une grande valise puis se rend chez son médecin : celui-ci tente de le calmer, mais lorsqu’il ouvre la valise il s’extasie et organise un vernissage pour présenter cette œuvre d’art. Ce recueil de nouvelles, où tout semble normal et monotone, où l’étrange et l’angoissant guettent tout un chacun à chaque détour de sentier, se situe dans la grande tradition du fantastique du Río de la Plata exploré par Borges, Bioy Casares, Cortázar. Les personnages de Samanta Schweblin, loin d’affronter l’insolite et l’inquiétant, s’y résignent et acceptent l’anomalie comme si elle faisait partie du réel. C’est en cela, entre autres, que résident la force et la singularité de ces récits, écrits dans une prose ciselée jusqu’à la limpidité et le dépouillement. 

Une quatrième de couverture qui ne pouvait que m’intriguer et me pousser à lire ce premier recueil de nouvelles de l’argentine Samanta Schweblin. Pourtant les promesses n’ont pas véritablement été tenues tant j’ai pu lire de bien meilleures nouvelles insolites dans le passé. Cette lecture ne m’a pas donné le sentiment en tout cas de découvrir un auteur émergeant de la littérature argentine. Les nouvelles se laissent lire mais sans passion ni grand enthousiasme. On tourne les pages gentiment et on espère en avoir terminé assez rapidement pour passer à autre chose. Enfin cela ne tient visiblement qu’à moi car le peu d’articles ou billets lus sur ce recueil sont en général assez élogieux. Je suis donc passée à côté.

« Samanta Schweblin est née à Buenos Aires en 1978. Son premier livre de nouvelles paraît en 2002 et en 2008 Des oiseaux plein la bouche reçoit le prix Casa de las Americas. Traduite et publiée dans une dizaine de pays, elle a été reconnue par la revue Granta comme l'une des meilleures narratrices de langue espagnole. »

La confrérie des chasseurs de livres de Raphael Jerusalmy

Quatrième de couverture 

Le roman de Raphaël Jerusalmy commence là où calent les livres d'histoire. François Villon, premier poète des temps modernes et brigand notoire, croupit dans les geôles de Louis XI en attendant son exécution. Quand il reçoit la visite d'un émissaire du roi, il est loin d'en espérer plus qu'un dernier repas. Rebelle, méfiant, il passe pourtant un marché avec l'évêque de Paris et accepte une mission secrète qui consiste d'abord à convaincre un libraire et imprimeur de Mayence de venir s'installer à Paris pour mieux combattre la censure et faciliter la circulation des idées progressistes réprouvées par Rome. Un premier pas sur un chemin escarpé qui mènera notre poète, flanqué de son fidèle acolyte coquillard maître Colin, jusqu'aux entrailles les plus fantasmatiques de la Jérusalem d'en bas, dans un vaste jeu d'alliances, de complots et de contre-complots qui met en marche les forces de l'esprit contre la toute-puissance des dogmes et des armes, pour faire triompher l'humanisme et la liberté. 

Une déception en ce qui me concerne : je perdais le fil conducteur, je m’embrouillais dans les multiples rebondissements, je trouvais le temps long et j’avais hâte que cela se termine. Ouille. Les personnages quant à eux brillent par leur inconsistance et on finit par se demander ce que ce pauvre Villon vient faire là-dedans. J’attendais de l’aventure, des péripéties et de l’érudition et le roman n’en manque pas mais toute cette énergie s’est diluée au fur et à mesure pour laisser place à un magma embrouillé et sans grand intérêt.

mercredi 30 octobre 2013

Retour indésirable de Charles Lewinsky

Charles Lewinsky sort de l’ombre un artiste aujourd’hui quelque peu oublié en nous contant le destin tragique de Kurt Gerron. Fils d’une famille juive, né à Berlin en 1897, il est un chanteur, un comédien, un metteur en scène et un réalisateur allemand très célèbre dans les années vingt. 

L’Allemagne connaît à cette époque un essor culturel considérable et nous côtoyons les stars de l’époque à travers les réminiscences du passé de Kurt Gerron. Citons quelques noms comme Bertolt Brecht (qui ne sort pas grandi dans le roman), Marlène Dietrich, Peter Lorre, von Sternberg, Emil Jannings, Georg Wilhelm Pabst ou Max Reinhardt. 

L’arrivée du cinéma parlant va marquer la disparition de nombreux artistes du muet, ce qui ne fut pas le cas de Kurt Gerron, qui avait une voix suffisamment intéressante pour passer cet obstacle. Sans doute un peu grisé par ce succès, il reste sourd à la montée de l’antisémitisme des années trente. Alors que de nombreux artistes fuient l’Allemagne pour les sirènes hollywoodiennes, il fait le choix, terriblement lourd de conséquences, de rester sur le continent européen. 

Ne saisissant pas l’ampleur de la menace qui gronde, il sera pris au piège de la colossale machinerie nazie. C’est en Hollande que la Gestapo l’arrêtera en le transférant lui et sa femme dans un camp de transit, avant de les déporter, avec d’autres célébrités juives, au camp de Theresienstadt (aujourd'hui en République tchèque). Les autorités nazies lui demandent de réaliser un film de propagande sur la vie quotidienne de ce camp qui s’intitulera « Le Führer offre une ville aux juifs ». Totalement mensonger, présentant la ville comme un lieu où il fait bon vivre alors qu’on y meurt de faim, Kurt Gerron se donne trois jours pour donner sa décision.

Même s’il a toujours été un petit affabulateur, il s’agit ici de réaliser un film totalement mystificateur tourné sous la contrainte. Mais tricher, trahir, mentir, falsifier la réalité du camp, c’est aussi sauver sa vie, celle de sa femme et peut-être également la vie des prisonniers qui participeront au film. Le réaliser, c’est aussi prolonger leur séjour dans le camp de Theresienstadt, en différant leur transfert vers le camp d’extermination d’Auschwitz. Avec l’espoir que les russes les délivrent avant le dernier coup de manivelle... 

Un pacte avec le diable mais a-t-il vraiment le choix ? Pendant ces trois jours de réflexion, Kurt Gerron revient sur ses racines juives, son enfance, sa famille, son grand-père tant aimé mais aussi sur ses souvenirs de la guerre 14 du côté allemand et la rencontre avec celle qui deviendra son épouse.

Il nous reste très peu d’éléments biographiques de la vie de Kurt Gerron mais Charles Lewinsky a réussi à combler les lacunes avec intelligence, humanisme et empathie. Sans jamais condamner ce choix, l’auteur reste tout au long du récit au plus près de cet homme rêveur et artiste qui a joué malgré lui son plus mauvais rôle, à savoir celui d’une des dernières victimes de la Shoah. 

Vous pensiez avoir tout lu sur la vie des camps et le nazisme ? Et bien lisez « Retour indésirable » pour vous rendre compte qu’il reste encore tellement de choses à en dire. Autant que le nombre de victimes de l'extermination  par l'Allemagne nazie.



La Garçonnière de Hélène Grémillon


Résumé de l’éditeur

En août 1987, la femme de Vittorio, un psychiatre argentin, est retrouvée défenestrée. Accusé du meurtre, il est arrêté. Mais l’une de ses patientes, Eva Maria, bien qu’encore traumatisée par la disparition de sa fille durant la junte, décide de mener sa propre enquête. Elle découvre les enregistrements des séances de Vittorio avec ses patients et fouille son passé pour mieux comprendre. Elle espère ainsi retrouver le coupable et innocenter le psychiatre. Après le succès de son premier roman, Le Confident, Hélène Grémillon change radicalement de cap et nous entraîne dans une Amérique du Sud énigmatique.


Encore toute auréolée de son succès en librairie de la sortie poche de son précédent roman, je découvre cet auteur avec « La garçonnière »,  qui a pour cadre l’Argentine post-dictature de la fin des années 80.  Une période très particulière dans l’histoire de ce pays dans la mesure où deux lois (la loi du Point final et la loi d’Obéissance due) ont permis l’abandon des poursuites judiciaires de toutes personnes condamnées pour crimes commis pendant de la dictature.

Faut-il oublier et amnistier ou au contraire punir et rechercher les coupables ? Peut-on vraiment se relever d’un crime impuni lorsque le coupable court toujours et que des zones d’ombre persistent ? C’est une question qui rejoint la grande et la petite histoire tant elle constitue un enjeu important dans ce roman qui sous ses allures de suspens aux multiples rebondissements est avant tout un drame passionnel. Lorsque la jalousie s’invite au cœur d’une relation amoureuse qui se délite au fur et à mesure du temps qui passe, lorsque les blessures jamais cicatrisées s’engouffrent dans nos vies. Un roman sur la solitude, la perte et le deuil de l’innocence. Les apparences sont trompeuses nous dit Hélène Grémillon et les secrets familiaux couvent toujours.


Un récit très bien mené et qui nous tient en haleine jusqu’au bout. En attendant son prochain roman, je peux toujours patienter en découvrant à mon tour « Le confident », premier roman et premier grand succès en librairie. Gageons qu’il en sera de même pour ce second roman.


« Lisandra était belle, étrangement belle, et cela ne tenait ni à la couleur de ses yeux, ni à celle de ses cheveux, ni à sa peau, elle avait la beauté enfantine, non dans ses formes qui étaient si féminines, mais dans son regard, dans ses gestes, dans ses moues traquées par la douleur, dans cette femme je l’ai su tout de suite, l’enfant n’était pas mort, j’étais stupéfait par sa manière d’aimer, au-delà de l’amour qu’elle portait à cet homme, c’était une amoureuse, elle aimait l’amour, je l’écoutais, il paraissait si merveilleux l’homme qu’elle aimait tant. »

« Ce roman est inspiré d’une histoire vraie » nous dit la quatrième de couverture, ce qui évidemment pose question. En fait, ce n’est pas tant le fait divers  dont il est question (un psychanalyste est accusé du meurtre de son épouse défenestrée) mais du fait que l’Argentine connaisse un très grand nombre de psychanalystes par habitant. La complicité des psychologues lors de la Junte n’est pas en reste et est également abordée dans le récit.




mardi 29 octobre 2013

La grâce des brigands de Véronique Ovaldé

Quatrième de couverture 

Quand Maria Cristina Väätonen reçoit un appel téléphonique de sa mère, dont elle est sans nouvelles depuis des années, l'ordre qu'elle avait cru installer dans sa vie s'en trouve bouleversé. Celle-ci lui demande instamment de venir chercher pour l'adopter Peeleete, le fils de sa soeur. Nous sommes en juin 1989, Maria Cristina vit avec son amie Joanne à Santa Monica (Los Angeles). Cela fait vingt ans qu’elle a quitté Lapérouse, et son univers archaïque pour la lumière de la ville et l'esprit libertaire de la Californie des années 70. Elle n'est plus la jeune fille contrainte de résister au silence taciturne d'un père, à la folie d'une mère et à la jalousie d'une soeur. Elle n'est plus non plus l'amante de Rafael Claramunt, un écrivain/mentor qu'elle voit de temps à autre et qui est toujours escorté par un homme au nom d'emprunt, Judy Garland. Encouragée par le succès de son premier roman, elle est déterminée à placer l'écriture au coeur de son existence, être une écrivaine et une femme libre. Quitte à composer avec la grâce des brigands. 

 « Il y a une certaine grâce chez les perdants, les plagiaires et les brigands. » 
Mon avis

Ce roman se démarque du réalisme magique des précédents récits de l’auteur pour s’ancrer dans une réalité et un lieu mieux défini, à savoir le Los Angeles des années 80. Son lectorat fidèle a pu en être déconcerté mais il n’en fut rien en ce qui me concerne : l’écriture et le style reconnaissables entre tous sont toujours bien présents et c’est avec grand plaisir que j’ai retrouvé la petite musique ovaldienne.

Par ailleurs, ce huitième roman s’inscrit dans une certaine cohérence par rapport au reste de son oeuvre : l’émancipation de la femme à travers la fuite d’une famille étouffante, la nécessité de rompre avec son passé pour se construire et se donner une place à soi, des rencontres formatives, la séduction de princes charmants qui se révèlent bien moins charmants que séducteurs et charmeurs.

Un roman aux accents les plus personnels tant on sent que Véronique Ovaldé a mis beaucoup d’elle-même : Maria Cristina Väätonen est une romancière à la bouche rouge vermillon qui se sert de l’écriture et de la lecture comme moyen de survie dans un milieu hostile : Les livres servent à s’émanciper des familles asphyxiantes.   Voilà qui laisse songeur.

Une émancipation bien difficile à atteindre malgré tout tant le passé finit toujours par ressurgir et c’est donc sur le chemin du retour que la narratrice nous parlera de son histoire et de ses chemins de traverse. Peut-être le prix aussi à payer pour se libérer complètement de son passé : ne plus le fuir ni lutter contre mais l’affronter et l’accepter.

Petite remarque en passant : je me suis rendue compte à quel point les critiques littéraires ne prennent pas souvent la peine de lire un roman dans son entièreté. Aussi ont-ils reproché à multiples reprises l’incompréhension du titre. Et pourtant tout est expliqué à l’avant-dernière page. Encore faut-il y parvenir, bien évidemment.

lundi 21 octobre 2013

Une place sur la terre de Fabienne Godet (film)



Synopsis

Antoine, photographe joyeusement désabusé, a pour seul ami Matéo, le jeune fils de sa voisine souvent absente, auquel il donne une éducation fantaisiste. Un matin, des notes de piano venues de l'immeuble d'en face captent son attention. Antoine ne sait pas encore que celle qui les joue, Elena, étudiante idéaliste et sans concession, va bouleverser sa vie et lui permettre enfin de trouver une place sur la Terre...

Ce film a un charme certain et je me suis laissée porter par cette rencontre entre deux âmes écorchées vives. Peu de dialogue (ce que j'apprécie en général), beaucoup de non-dits, de pudeur, de silence et d'élégance. On devine plus qu'on ne voit. On peut reprocher peut-être une attention trop soutenue de la part de la réalisatrice à l'égard du personnage masculin, quelques plans serrés inutiles et redondants même si Poelvoorde excelle dans ce rôle de personnage désabusé. On sent aussi parfois que le scénario a été remanié en cours de route, favorisant quelques ellipses comme celle concernant Margot, cette jeune femme toxicomane hébergée dans un foyer de jeune fille. Une furtive apparition qui aurait demandé plus de développement, une sorte de miroir déformant d'Eléna sans doute. J'ai beaucoup apprécié également l'absence totale de voyeurisme dans ce film, ce qui n'était pas gagné d'avance puisque beaucoup de choses se passent à travers l'oeil aiguisé du photographe. Mention spéciale aussi pour le jeune Max Baissette de Malglaive que imprègne la pellicule. Un film qui a su toucher une petite corde sensible.




samedi 5 octobre 2013

Prisoners de Denis Villeneuve

Prisoners de Denis Villeneuve
Avec Hugh Jackman, Jake Gyllenhaal, Viola Davis
Etats-Unis, 2013


Synopsis

Dans la banlieue de Boston, deux fillettes de 6 ans, Anna et Joy, ont disparu. Le détective Loki privilégie la thèse du kidnapping suite au témoignage de Keller, le père d’Anna. Le suspect numéro 1 est rapidement arrêté mais est relâché quelques jours plus tard faute de preuve, entrainant la fureur de Keller. Aveuglé par sa douleur, le père dévasté se lance alors dans une course contre la montre pour retrouver les enfants disparus. De son côté, Loki essaie de trouver des indices pour arrêter le coupable avant que Keller ne commette l’irréparable… Les jours passent et les chances de retrouver les fillettes s’amenuisent…


Mon avis

Un thriller psychologique efficace qui prend son temps et qui illustre à merveille l'enfermement dans toutes ces facettes.

Un père (Hugh Jackman) survivaliste qui n'arrive pas malgré tous ses efforts à protéger sa famille des dangers extérieurs (= père et époux défaillant) et qui devient bourreau pour la bonne cause.  Un flic (Jake Gyllenhaal) qui a jusqu'ici résolu toutes ses enquêtes et qui est totalement absorbé par cette affaire au point qu'il commet quelques grosses bourdes (= flic défaillant).  Une mère de famille enfermée dans sa dépression (= mère défaillante).  Un jeune homme enfermé dans sa névrose et obsédé par une expérience infantile traumatisante (= enfance défaillante).  Une tante enfermée dans ses croyances religieuses.  Un jeune attardé (Paul Dano) enfermé dans son silence, sans oublier l'enfermement de deux petites filles qui n'est malheureusement pas sans rappeler un affreux fait divers en Belgique. Vous l'aurez compris, il est beaucoup question de doutes, de suspicions, de défaillances et de manquements. Sans oublier le chapitre sur la vengeance, la violence et le vigilantisme.

Ce n'est pas donc pas un film de castagne mais de personnages et de tensions psychologiques. Les images du père et du flic sont également remises en question, par leur faiblesse, leur manquement, leur angoisse de ne pas pouvoir être à la hauteur. Chacun est empêtré dans ses névroses et angoisses, enfermé dans son monde. Un titre très révélateur donc.

Côté acteur, Hugh Jackman n'est pas toujours parvenu à me faire oublier Wolverine et je m'attendais parfois à une sortie de griffes mémorable quand il lançait ses mauvais regards. Mention spéciale par contre pour l'acteur Jake Gyllenhaal qui est absolument excellent dans ce rôle de flic tout en tension avec une face sombre qu'on ne peut que deviner tant on ne connaitra pas grand chose de son passé. Paul Dano est impressionnant aussi dans ce rôle de jeune attardé qui semble en savoir bien plus qu'il ne veut en dire.


Passage américain pour le canadien Denis Villeneuve réussi (il sait filmer cet homme-là) même si je n'ai toujours pas bien compris la motivation des (du ? de la ?) kidnappeur(s).

Du même réalisateur, à lire sur ce blog :

* Enemy
* Premier contact