mercredi 20 décembre 2017

Le rêve du Celte de Mario Vargas Llosa

« Chacun de nous est, successivement, non pas un, mais plusieurs. Et ces personnalités successives, qui émergent les unes des autres, présentent le plus souvent entre elles les contrastes les plus étranges et les plus saisissants. » 
José Enrique Rodó 

Mario Vargas Llosa explore une des figures de l’histoire au destin mouvementé et tragique qui a pour nom Roger Casement (1864-1916). Diplomate britannique, aventurier et grand dénonciateur de l’exploitation de l’homme par l’homme dans les forêts du Congo et de l’Amazonie péruvienne. 

 « Il fermait les yeux et, en un tourbillon vertigineux, apparaissaient et réapparaissaient des corps d’ébène zébrés de cicatrices rougeâtres comme des vipères sur le dos, les fesses et les jambes, ces moignons d’enfants et de vieillards au bout de leurs bras raccourcis, ces visages émaciés, cadavériques, dont semblaient avoir été extraits la vie, la graisse, les muscles, pour n’y laisser que la peau, le crâne et ce masque figé qui exprimait, plus que la douleur, une stupéfaction infinie devant ce qu’on leur infligeait. » 

Mais Roger Casement sera avant tout un révolutionnaire irlandais, cause pour laquelle il connaîtra la disgrâce et l’oubli. Car personne ne lui pardonnera son association avec l’Allemagne afin d’accélérer l’émancipation de l’Eire, en faisant coïncider le mouvement nationaliste avec l’action offensive de l’armée et de la marine du Kaiser contre l’Angleterre. 

Son homosexualité et les extraits crus (véridiques ou fantasmés) retrouvés dans ses carnets apporteront du grain à moudre à ses détracteurs qui n’hésiteront pas à utiliser ces fragments pour le discréditer via une campagne calomnieuse portant sur sa « perversité sexuelle ». 

Mario Vargas Llosa replace cet homme dans son époque en le faisant côtoyer des personnages illustres de son temps (Stanley, Conrad, Pearse), détaille les enjeux politiques, économiques, judiciaires et humanitaires de la colonisation, revient sur le rêve de l’irlandais de se réapproprier son histoire, sa culture et ses traditions sans oublier ses préoccupations religieuses qui l’accompagneront toute sa vie. 

Une lecture instructive, au rythme enlevé, qui se lit d’une traite. Une personnalité riche et contrastée d’un homme qui passera de l’anoblissement par le roi Georges V pour sa défense des droits de l’homme au Congo et en Amazonie à la condamnation par le gouvernement britannique pour haute trahison. L’Irlande aura été en définitive sa plus grande passion, celle qui le consumera définitivement. Nul doute que Roger Casement méritait de sortir de l’ombre dans laquelle son opprobre l’avait plongé pendant des années.


lundi 11 décembre 2017

Le peintre Henri-Edmond Cross

La chevelure, vers 1892 par Henri-Edmond Cross

L'air du soir, 1893–1894 par Henri-Edmond Cross

Les îles d'or, 1892 par Henri-Edmond Cross

La ferme, le soir,  1893 par Henri-Edmond Cross

Cape Layet, Provence, 1904 par Henri-Edmond Cross

Rio San Trovaso, Venice, vers 1903 par Henri-Edmond Cross

Le peintre Henri-Edmond Cross, pseudonyme d'Henri Edmond Joseph Delacroix, est un artiste-peintre et lithographe français pointilliste, né à Douai le 20 mai 1856 et mort à Saint-Clair au Lavandou le 16 mai 1910. Quand il expose, en 1884, au premier Salon des Indépendants, dont il est un des fondateurs, aux côtés de Seurat et de Signac, Henri-Edmond Cross (traduction anglaise de son nom) avait déjà adopté l'Impressionnisme divisionniste, dont il restera un des plus fidèles représentants.


samedi 9 décembre 2017

Notre vie dans les forêts de Marie Darrieussecq

Extrait 

Du nerf.  Il faut que je raconte cette histoire.  Il faut que j'essaie de comprendre en mettant les choses bout à bout.  En rameutant les morceaux.  Parce que ça ne va pas.  C'est pas bon, là, tout ça.  Pas bon du tout. 



Mon avis

Une femme fuit avec un groupe de résistants qui viennent de libérer des êtres humains clonés, endormis et gardés dans une clinique par des robots, pour les sauver de leur triste sort : constituer une banque d'organes. Elle écrit au fond d’une forêt avec un sentiment d'urgence : son corps et le monde partent en morceaux, alors elle veut laisser son témoignage, avant qu'il ne soit trop tard. Pas le temps de se relire, pas le temps de faire un plan, tout viendra comme ça vient. Avant, elle était psychologue. Elle se souvient qu’elle rendait visite à une femme qui lui ressemblait trait pour trait, et qu’elle tentait de soigner un homme, son premier client, surnommé "le cliqueur". Elle veut essayer de comprendre le monde dans lequel elle vit. 

Un avant goût de la fin du monde, pas très éloigné du nôtre, peut-être même celui de demain : changement climatique, extinction des espèces, mutation des corps, drones et clones, dérives technologiques sans conscience, attentats, pollution, désastres, surveillance permanente, fracture sociale énorme. Un monde inquiétant en perte de valeurs qui va inéluctablement vers sa perte, alors qu'un petit nombre accède à une certaine forme d'éternité. Si le roman présente de nombreuses pistes ou du moins s'expose à de nombreuses questions, Marie Darrieussecq se garde bien d'apporter les réponses, mais n'est-ce pas propre à la littérature ? 

J'ai bien aimé l'urgence de la plume de Marie Darrieussecq, son ton ironique et glaçant à la fois. Mais j'ai trouvé le roman froid, un peu répétitif et finalement assez prévisible (même si on a droit à un petit twist dans la dernière partie). Je crois que cette histoire aurait mieux convenu à une nouvelle longue ou un récit en forme de conte. Disons que j'attends plus d'un roman, tant j'ai eu l'impression que de nombreux thèmes étaient survolés ou à peine ébauchés. Je ne le conseille pas particulièrement aux amateurs de dystopie, car il souffre de la comparaison avec ses plus illustres prédécesseurs. Pour les autres, c'est peut-être l'occasion ou jamais d'aborder le genre.

L'avis plus enthousiaste de Ingannmic.

vendredi 1 décembre 2017

Suite armoricaine de Pascale Breton

Suite armoricaine par Pascale Breton
Avec Valérie Dréville, Kaou Langoët, Elina Löwensohn
France.  Date de sortie : 2016

Une année universitaire à Rennes vécue par deux personnages dont les destins s'entrelacent : Françoise, enseignante en histoire de l'art, et Ion, étudiant en géographie. Trop occupés à fuir leurs fantômes, ils ignorent qu'ils ont un passé en commun.


Ce film, très ancré géographiquement, peut être vu comme un arrêt sur image pour mieux se retourner sur son passé en revenant aux origines, quitte à déterrer certains souvenirs ou au contraire en enterrer d'autres. Ce voyage intérieur n'est pas sans rappeler Marcel Proust et sa recherche du temps perdu, cité par ailleurs explicitement dans le film, lorsque le dernier chapitre  s'intitule Le Printemps Retrouvé. Un portrait par petites touches délicates et évanescentes au contenu un peu flottant et déstructuré, un scénario assez éclaté dans lequel les personnages se croisent de manière fugace et éphémère plus qu'ils ne s'accompagnent vraiment. La promenade est raffinée mais assez sinueuse, avec quelques longueurs qui participent pleinement au ton singulier et volontairement mystérieux de ce film séduisant, même si on se s'égare souvent en chemin.  Mais il est parfois bon de prendre son temps sans savoir où l'on va. 



Le film a reçu le Prix FIPRESCI au dernier Festival de Locarno et le Prix Boccalino de la meilleure actrice pour Valérie Dréville.

lundi 20 novembre 2017

Le Joueur d'échecs de David Sala, d'après Stefan Zweig

Présentation de l'oeuvre chez Casterman

Les premiers pas furent un fiasco, je n'arrêtais pas de m'embrouiller, cinq, dix, vingt fois, je dus reprendre le début de la partie. Mais j'avais tout mon temps... Moi, l'esclave du néant... 

1941. Dans les salons feutrés d'un paquebot en route pour l'Argentine, le champion du monde d'échecs affronte lors d'une ultime partie un aristocrate viennois, dont l'incroyable maîtrise du jeu est née dans l'antre de la tyrannie. Cette dénonciation poignante et désespérée de la barbarie nazie est le dernier texte écrit par Stefan Zweig avant son suicide.


Mon avis

Ce dernier récit de Stefan Zweig, écrit depuis sa retraite de Pétropolis, sur les hauteurs de Rio de Janeiro, est également le seul et unique texte de l'auteur qui se réfère directement à l'histoire contemporaine, sans la transposer. Une atmosphère de suspense et de confrontation, nourrie par un arrière-plan historique, celui du nazisme et de la Gestapo,  mettant en scène un aristocrate viennois qui a appris à jouer "mentalement" aux échecs pour mieux surmonter les conséquences psychologiques de son enfermement dans l'isolement complet d'une chambre d'hôtel.  Des parties mille fois rejouées, qui sont autant de tentatives pour lutter contre l'entreprise de déshumanisation des nazis,  mais menant progressivement au seuil de la folie. Rejouer une ultime partie, après sa libération, face au champion du monde d'échecs, ne sera pas sans danger...

Cette adaptation de la nouvelle de Stefan Zweig est une oeuvre d'art à part entière. La beauté des aquarelles de David Sala, qui compense par la diversité des couleurs (vert, rouge, mauve, rose) la noirceur du texte, donne une légèreté, un flou et une luminosité bienvenue au récit.  Tout en respectant la nouvelle de Stefan Zweig, David Sala arrive à rendre en images les affres de l'enfermement en quelques séquences visuelles qui ne sont pas décrites dans le texte mais qui illustrent brillamment la solitude et le désespoir du personnage principal, aux confins de la folie. Un univers visuel qui est également un hommage à l'Art Nouveau ou encore à l'Art dégénéré (selon les nazis) des peintres tels que Gustav Klimt ou Egon Schiele (voir liens en fin de page). Le motif récurrent du damier des décors procure également un sentiment d'étouffement et d'aliénation très bien rendu.

David Sala est un artiste de talent et nous le prouve une nouvelle fois avec ce petit bijou que constitue cette très réussie adaptation en images du Joueur d'échecs d'après Stefan Zweig.




Sur ce blog, vous trouverez également :

* David Sala et son adaptation de La Belle et la Bête, d'après Jeanne-Marie Leprince de Beaumont
* Le portrait chez Egon Schiele
* Stefan Zweig : Fouché, Marie Stuart, La peur
* Gustav Klimt : Portrait de Sonja Knips et Ondines



lundi 13 novembre 2017

Ils vont tuer Robert Kennedy de Marc Dugain

Extrait 1

"Mon frère est mort parce que j'ai voulu laver notre sang de son impureté. Dans un pays où seuls les plus fortunés accèdent au sommet, nous avons voulu transformer de l'argent sale en idées généreuses."


Extrait 2

"Mon père est mort le jour de l'assassinat de Robert Kennedy.  Je ne pense pas qu'il s'agisse d'une coïncidence."


Extrait 3

 "La place la plus brûlante en enfer est réservée aux hommes qui maintiennent leur neutralité en période de grande crise morale." (Dante) 


Mon avis

Nous sommes à Vancouver, en Colombie-Britannique. Mark O' Dugain, professeur d'histoire, prépare sa thèse sur l'assassinat de Robert Kennedy. Il est persuadé que la mort brutale de ses parents est liée à l'assassinat du jeune politicien américain en juin 1968. Cette double enquête, celle portant sur l'assassinat des frères Kennedy et celle portant sur l'assassinat des propres parents du narrateur, permet au romancier d'inclure la petite histoire dans la grande histoire afin de mieux revisiter celle des États-Unis des années soixante. 

En démembrant la génération de la contre-culture (celle qui avait présagé un monde meilleur "sans avoir le courage de le construire", très vite récupérée commercialement et muselée tout aussi rapidement par la prise de drogues généreusement distribuées par la CIA, une dérivation de la contestation vers une aventure psychédélique qui restera "l'exemple le plus sophistiqué de déportation masquée dans un au-delà interstellaire") ; en démontant la version officielle sur les commanditaires de l'assassinat des frères Kennedy ; en revenant sur la ségrégation et la répression dans le sang des mouvements des droits civiques ; en dévoilant l'obsession de la CIA par le contrôle des individus et des masses à l'aide de l'hypnose individuelle et collective associée à des moyens chimiques ; en chargeant la toute puissance de l'industrie militaire des États-Unis ("pourquoi parler de guerre pour la liberté quand il ne s'agit que de libérer de nouveaux marchés" ; "l'ennemi est un moteur fondamental de l'Amérique") ; c'est refaire toute l'histoire de la violence, mais aussi du mensonge, de la manipulation et du maintien des zones d'ombre au nom de la raison d'Etat, avec tout "ce qu'il y a de plus sombre dans l'âme américaine". 

Amateur de la théorie du complot et de la conspiration ? Vous serez comblé ! Sauf que l'auteur se garde bien de trancher définitivement. Car cette obsession du narrateur, que cache peut-être une dépression ou autre trouble psychologique, laisse planer le doute. Un doute assez inconfortable pour le lecteur, qui, à la fin du récit, ne sait plus très bien sur quel pied danser. 

Une certitude néanmoins : il y a beaucoup de l'auteur Marc Dugain dans le personnage/narrateur Mark O' Dugain, qui partagent non seulement le patronyme (à quelques détails près) et cette passion des Kennedy, mais aussi une histoire familiale dans laquelle nous retrouvons des origines irlandaises communes et la participation d'un membre de la famille dans le renseignement et les services secrets anglais. Marc Dugain/Mark O' Dugain, c'est celui qui voulait jouer dans la cour des grands, approcher l'oeil du cyclone en traversant le destin d'une histoire forte qui ne lui appartient pas mais qui l'obsède, au point de vouloir se l'approprier, d'une manière ou d'une autre. 

Robert Francis Kennedy et John Fitzgerald Kennedy

Quoi qu'il en soit, j'ai aimé le portrait de Robert Kennedy, ce cadet qui n'avait pas le charisme ni le rayonnement de son aîné, une personnalité qui serait volontiers restée dans l'ombre de son frère sans son assassinat. Mais un Kennedy remplace toujours un autre Kennedy dans la tradition familiale, y compris auprès des femmes. Cet homme sensible, fragile, mélancolique, cet homme angoissé qui doutait et qui ne semblait avancer que par la culpabilité et le sens du sacrifice (car il savait qu'il serait assassiné à son tour s'il se présentait aux élections) était aussi ce fils, ce frère, ce père dévoué au comportement suicidaire dans sa quête de résilience et de rédemption.


Du même auteur, vous trouverez sur ce blog :

La chambre des officiers
Une exécution ordinaire
La malédiction d'Edgar


Ils vont tuer Robert Kennedy de Marc Dugain, Editions Gallimard, 17/08/2017, 400 pages

vendredi 10 novembre 2017

Exposition “Jan Toorop : le chant du temps” de Kitty Crowther

Entre symbolisme et art nouveau, Jan Theodoor Toorop est un peintre né en 1858 sur l'île de Java (Indes néerlandaises) et mort en 1928 à La Haye.  L’album “Jan Toorop : le chant du temps” de Kitty Crowther nous plonge dans le monde très coloré de ce peintre hollandais. Plusieurs illustrations s'inspirent directement des œuvres du peintre.


Jan Toorop – Le chant du temps
Texte et illustrations de Kitty Crowther

Ce récit commence sur une île. Loin d’ici. À une époque où les photos étaient encore en noir et blanc. Et un théâtre d’ombres racontait des histoires très anciennes et mystérieuses de dieux, de rois et de reines, de princes et de princesses, et de batailles qui semblaient ne jamais finir. Lorsque Jan eut onze ans, il fut envoyé tout seul sur un grand bateau aux Pays-Bas, afin de recevoir une bonne éducation. Mais ce qu’il aimait par-dessus tout, c’était dessiner. 

Le peintre Jan Toorop est né en Indonésie. Sa famille vivait sur une petite île près de la jungle. La vie y était magique et cela lui manqua en Hollande. Mais en Europe, il trouva une communauté d’esprit dans le monde de l’art en Belgique, en France et en Angleterre. Son œuvre symboliste inspira Klimt et d’autres artistes viennois. 

Collection : Hors collection Âge : À partir de 5 ans
Prix Libbylit de l’album belge 2016.

@Kitty Crowther 

@Kitty Crowther 

@Kitty Crowther 

@Kitty Crowther 

@Kitty Crowther 

Exposition “Jan Toorop : le chant du temps” de Kitty Crowther

Quand? Du 2 décembre 2017 au 31 janvier 2018 
Où? A la bibliothèque Sésame - Boulevard Lambermont, 200 à 1030 Schaerbeek 
Pour qui? Tout public - 
Entrée libre Combien? Gratuit - 


Présentation de Kitty Crowther

Kitty Crowther est une illustratrice et auteure belge, née en 1970 à Bruxelles. Enfant, elle passait ses vacances dans le petit port de Veere en Zélande. Ce lieu inspira certains de ses albums comme Mon ami Jim ou Jan Toorop – Le chant du temps.

Son œuvre singulière et remarquable, dans laquelle elle transmet aux enfants la beauté et la magie du monde, fut couronnée en 2010 par le Prix Astrid Lindgren, la plus haute récompense en littérature de jeunesse.



Je vais tout de même en profiter pour vous présenter quelques œuvres de Jan Toorop :


O grave, where is thy Victory par Jan Toorop, 1892

Fatalisme par Jan Toorop, 1893 - Collectie Kröller-Müller Museum

De nieuwe generatie par Jan Toorop, 1892

De drie bruiden par Jan Toorop, 1893

Desire And Satisfaction par Jan Toorop, 1893 - Musée d Orsay, Paris 

mercredi 8 novembre 2017

Laurent Durieux, illustration et art graphique

@Laurent Durieux

@Laurent Durieux

@Laurent Durieux

@Laurent Durieux

@Laurent Durieux

@Laurent Durieux

@Laurent Durieux

@Laurent Durieux


Laurent Durieux beautiful work takes poster art to a high level. The images, which are stunningly executed, express ideas and themes of the movies he has chosen in new terms. They communicate much without words, and stand alongside the wonderful tradition of illustrative art.

Francis Ford Coppola
Laurent Durieux est un illustrateur belge qui revisite les affiches de cinéma.
A visiter, sans plus tarder : http://www.laurentdurieux.com/


lundi 6 novembre 2017

Аквариум - Северный цвет / Aquarium - Northern Bloom

Cette année, j'ai essayé de vous faire partager mon amour pour la Russie (2017, l'année russe), même si je ne la connais que par sa littérature, son cinéma, sa peinture ou encore son histoire. Place maintenant à la musique et à la langue chantante russe, que j'apprécie tout autant. Ce groupe m'a été conseillé par une connaissance russe. Sans lui, jamais je n'aurais pris connaissance de ce groupe musical.  Et je l'en remercie, car c'est un beau cadeau. A mon tour de vous le présenter.  Je dédicace cette belle chanson à Alex.


Bonne écoute à toutes et à tous.

Если вы пройдете здесь, еще раз спасибо :-)

Sarolta Bán

Y a quoi à chercher ? Mes hommages à Alex

Cela faisait plusieurs semaines que je m'inquiétais de l'absence d'Alex, qui intervenait régulièrement sur ce blog depuis quelques années maintenant. Nous  n'échangions pas en privé mais je lui ai écrit un petit mot, hier soir, pour prendre de ses nouvelles.  Et c'est son frère qui m'a répondu, ce matin. Alex nous a quittés brutalement le 22 août et cela me fait un choc de ne l'apprendre qu'aujourd'hui. Je regrette de ne pas avoir pris contact plus tôt, même si cela n'aurait rien changé.  Je voulais lui rendre hommage aujourd'hui. J'ai de la peine ce matin, toutes mes pensées l'accompagnent. Je présente également mes condoléances à sa famille. C'était un homme passionné par le Cinéma, mais pas seulement. Nous partagions aussi certaines valeurs.  Il va me manquer,  à sa manière bien  à lui.

samedi 4 novembre 2017

Departures par Yojiro Takita

Departures par Yojiro Takita
Avec Masahiro Motoki, Tsutomu Yamazaki, Ryoko Hirosue
Japon.  Date de sortie : 2009

Un jeune couple s’installe dans une province rurale suite à la perte d’emploi du conjoint, ancien violoncelliste qui accepte de devenir l’employé d’une entreprise de pompes funèbres par nécessité financière. Une activité encore taboue au Japon et qu’il cache dans un premier temps à sa femme. La cérémonie funéraire de la toilette du défunt au début du film donne lieu à une des séquences les plus réussies : dramatique et solennelle pour les proches, mystérieuse et incongrue de par ces rites, touchante par les gestes peu surs mais très respectueux du jeune employé débutant, mais aussi très drôle et pleine d’humour quand l’inattendu fait son apparition. Hélas, tout le film ne jouera pas sur cette même partition, se laissant déborder par un développement parfois trop convenu et assez prévisible du scénario, notamment les passages concernant la relation du jeune employé à son père, qui l’avait abandonné dans son plus jeune âge et qu’il n’a plus revu depuis. Si le film n'évite pas toujours la facilité, l’ensemble reste tout de même de bonne facture.

jeudi 2 novembre 2017

La favorite de Matthias Lehmann

Extrait :

ENFANT, le grenier de ma grand-mère me terrorisait. 

LES cartons remplis de livres aux couvertures surannées, les tas de vieux draps qui ressemblaient à des fantômes dans l’obscurité et l’odeur de poussière qui prenait à la gorge, tout ça me mortifiait. 

LE PIRE étant sans doute les poupées de porcelaine, avec leurs visages ébréchés, regroupées dans un coin tel un mausolée en mémoire de leur ancienne propriétaire, Éléonore, la fille défunte. 

GRAND-MÈRE m’obligeait à passer la nuit dans le grenier si je faisais une grosse bêtise. 

ELLE voulait m’éduquer à la dure.





Mon avis

Il y a quelque chose de cru, vif, nerveux et extrêmement frontal dans cette bande dessinée, et pas seulement au niveau du contenu, mais également dans les traits de dessin (à l'encre), tout en tension, dans les expressions très prononcées du visage des personnages et dans la mise en page, changeante et très fluide à la fois. La grande réussite de Matthias Lehmann est de nous amener vers une histoire qui se rapproche du conte horrifique pour mieux frôler des points de détails extrêmement réalistes, au point où le lecteur se demande finalement si cette histoire ne s'est pas réellement passée, ce qui rend le malaise encore plus palpable. Et si nous sommes rarement dans la compassion et encore moins dans l'attendrissement (l’auteur se garde bien d’utiliser cette carte-là), nous sommes presque continuellement dans le questionnement, le doute et la violence quotidienne des rapports humains, quels qu’ils soient. Une très grande richesse thématique traverse le récit, au point qu’il serait fastidieux de tous les énumérer (la folie, l’identité, la filiation, la sexualité, le racisme, la différence de classe, le conformisme, la complicité qui passe par la lâcheté, pour ne citer que ceux-là). L'enfance séquestrée et confisquée (ce qui n’empêche pas la fuite dans le monde imaginaire) mais dénuée de tout sentimentalisme ou d’angélisme, avec toute la cruauté, l’intolérance et la dureté que les enfants expriment également entre eux. C’est pathétique et tragique en même temps, loufoque quelquefois, souvent noir, cinglant et parfois si réaliste. Une très grande réussite.

Un conseil : ne lisez pas les résumés qu’on trouve sur internet avant votre lecture, le présent tome n’en comporte pas et c’est très bien comme ça. Autant se laisser surprendre par le déroulement de l’histoire, car de trop nombreux comptes-rendus dévoilent d’emblée un élément majeur du récit, alors que Matthias Lehmann se garde bien de nous le faire connaître trop rapidement. 


La favorite de Matthias Lehmann, Actes Sud BD, 2015

mardi 31 octobre 2017

Bilan du mois d'octobre


Films

Faute d’Amour (Nelyubov, 2017) d’Andreï Zviaguintsev ❤
Blade Runner 2049 (2017) de Denis Villeneuve  ****
Au revoir là-haut (2017) d'Albert Dupontel ***(*)

Refugiado (2014) de Diego Lerman **(*)
Tonnerre (2014) de Guillaume Brac ***
The Truth about Emanuel (2013) de Francesca Gregorini ***
24 Hour Party People (2002) de Michael Winterbottom **
Crimes et délits (1989) de Woody Allen ****
Muriel ou le Temps d'un retour (1963) d'Alain Resnais ***
Miss Oyu (Oyû-sama, 1951) de Kenji Mizoguchi ****
Printemps Tardifs (Banshun, 1949) de Yasujirô Ozu ****
Pris au piège (Caught, 1949) de Max Ophuls ***



Lecture


Romans :

Notre vie dans les forêts (P.O.L, 2017) de Marie Darrieussecq **
L'ordre du jour (Actes Sud, 2017) d'Éric Vuillard 
Ils vont tuer Robert Kennedy (Gallimard, 2017) de Marc Dugain ***
L'attrapeur de libellules (10 X 18, 2013) de Boris Akounine ***
Le problème Spinoza (Galaade Editions, 2011) de Irvin Yalom **

Relecture 

Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques? (J'ai Lu, 1985) de Philip K. Dick ***


Essais :

Apprendre à philosopher : Hume
Apprendre à philosopher : Heidegger
Apprendre à  philosopher : Freud
Lettre sur le bonheur : Lettre à Ménécée d'Épicure
Contre-histoire de la philosophie, tome 2 : Le Christianisme hédoniste de Michel Onfray




Bandes dessinées : 

La favorite (Actes Sud, 2015) de Matthias Lehmann ****
Comment naissent les araignées (Casterman,  2015) de Marion Laurent ***
Le sentier des reines (Casterman, 2015) d'Anthony Pastor ****
Tsunami (Futuropolis, 2013) de Pendanx et Piatzszek ❤