mardi 10 novembre 2015

Les inconnus dans la maison de Georges Simenon

Le cadavre d’un délinquant notoire est retrouvé dans une des chambres de la grande maison d’Hector Loursat de Saint-Marc, l’un des notables de la ville de Moulins qui s’est retiré du monde depuis dix-huit ans. Dix-huit ans, c’est également le nombre d’années qui se sont écoulées depuis que son épouse l’a quitté pour un autre homme. Depuis lors, il ne plaide plus, ne sort plus, ne cause plus mais bois et vit reclus dans sa maison en compagnie de sa fille Nicole, avec laquelle il partage ses repas à défaut d’échanger un seul mot. Mais cet assassinat sortira Hector Loursat de sa torpeur, d’autant plus que sa fille est compromise au moment de l’enquête, qui relie le crime à la petite bande de jeunes gens de bonne famille qui aiment fréquenter les lieux mal famés de la ville et dont Nicole, à sa grande surprise, fait partie. Il la croyait docile et sans intérêt, elle se révèle une femme tenace et de caractère lorsque son amoureux, qui était dans la maison au moment des faits et dont Hector ignorait tout, se retrouve inculpé de meurtre. ..

Plus que l’enquête à proprement parlé, Les inconnus dans la maison vaut surtout pour son analyse des tensions sociales et le retentissement de ce meurtre sur la psychologie du personnage principal, un homme solitaire qui vit en dehors de la société en refusant les codes et les faux-semblants que son appartenance sociale lui impose. La réflexion sur la paternité occupe une place importante dans ce récit, agrémentée du désir de réparation et de rédemption lorsqu’ Hector Loursat décide de prendre la défense de l’amant de sa fille, obligeant cet avocat à quitter sa retraite pour plaider la cause de ce petit bourgeois de condition modeste et orphelin de père. Ce roman constitue également une charge virulente contre la haute société provinciale, qui protège hypocritement ses privilèges tout en étant incapable d’assumer ses responsabilités. Une dénonciation qui ne s’encombre guère de finesse et qui témoigne de la violence et du pessimisme du regard de l’auteur sur la société de l’époque.

Le roman connaîtra trois adaptations cinématographiques : Les inconnus dans la maison (1942) par Henri Decoin, sur un scénario signé par Henri-Georges Clouzot, avec Raimu dans le rôle de Loursat ; A Stranger in the House (1967) par Pierre Rouve ; L’inconnu dans la maison (1992) par Georges Lautner, avec Jean-Paul Belmondo dans le rôle principal. La première adaptation ayant été produite par la Continental (une société de production cinématographique française financée par des capitaux allemands durant l'Occupation), il sera interdit à la Libération.





Les inconnus dans la maison de Georges Simenon, Éditions Folio, 256 pages.  
Première édition en 1940.


A découvrir également sur ce blog :

* La prison de Georges Simenon
* Les inconnus dans la maison de Henri Decoin
* L'inconnu dans la maison de Georges Lautner


2 commentaires:

  1. Un p'tit mot, en passant. Il faudra quand même que je me mette à lire Simenon, un jour...

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    1. Coucou Martin,

      Je m'y suis mise tardivement mais les circonstances aidant, je me suis retrouvée avec la quasi totalité de son oeuvre. De quoi lire jusqu'a mes vieux jours ! Pour le moment, je me concentre sur ses romans ayant été adaptés au cinéma, et j'essaye de voir les films dans la foulée. Un exercice interessant. Ceci dit, ses romans sont souvent très sombres, plus que je ne le pensais en tout cas. A bientôt Martin.

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