vendredi 31 octobre 2014

Émile Bernard

Émile Bernard (Lille, 1868 - Paris, 1941) est un peintre français, mais aussi graveur, critique d’art, écrivain et poète. A dix-huit ans, il est déjà l'ami de Van Gogh et de Gauguin, avant de se brouiller définitivement avec ce dernier en 1891. Cézanne et Odilon Redon lui témoigneront également confiance et sympathie. Émile Bernard échangera avec tous ses maîtres une nombreuse correspondance, aujourd'hui indispensable aux historiens de la peinture moderne. Il sera rejeté dans l'ombre lorsque ses œuvres de maturité ne répondront plus aux promesses de ses débuts éclatants.

L’exposition intitulée " Emile Bernard (1868-1941)", se tient actuellement au musée de l’Orangerie à Paris jusqu’au 5 janvier 2015. Elle sera également présentée à la Kunsthalle de Brême, du 7 février au 31 mai 2015.














mercredi 29 octobre 2014

L'enfant sauvage de François Truffaut


Nous sommes dans l'Aveyron, en 1798. Des chasseurs capturent dans la forêt un enfant-loup âgé d’une dizaine d’années, visiblement abandonné depuis son plus jeune âge. Ayant survécu jusqu’à ce jour seul dans la nature, à l’état sauvage et loin de toute civilisation, il est emmené à l'institut des enfants sourds-muets de Paris, où il sera battu par ses condisciples et mis en spectacle pour satisfaire la curiosité des parisiens. Le jeune médecin Jean Itard refuse d’accréditer la thèse de l’idiotie, thèse prônée par le professeur Pinel, qui ne lui donne aucune chance de rémission et veut le faire interner à l'asile. Jean Itard soutient le contraire et émet le souhait de l’emmener chez lui, à la compagne, pour l’éduquer en compagnie de sa gouvernante. Et faire de cet enfant sale, hirsute, quasi sourd et muet et marchant à quatre pattes, un individu socialisé à même de vivre en société.

Jean Itard est véritablement fasciné par cet enfant, insensible à toute manifestation d’affection et qui ne pleure jamais. Il veut le ramollir, le rendre plus souple, plus sensible, qu’il cesse d’entendre sans écouter, de regarder sans voir. Il va lui apprendre dans un premier temps à réagir à son nouveau nom, ensuite essayer d'affiner sa perception des sons, développer ses connaissances, ses capacités de compréhension, de communication et de logique. Un apprentissage difficile et souvent éprouvant pour l’enfant, qui peu à peu s’humanise mais à quel prix ? L’éveil à la société se fait dans la souffrance et la douleur de l’effort constant, et c’est par l’apparition des premiers pleurs, d’un sourire ou du chagrin que le jeune Victor accède peu à peu à son humanité naissante. Une rééducation aux résultats lucunaires et une humanité qui restera balbutiante tant Victor ne pourra jamais rattraper le retard accumulé pendant ses années de survie.

Ce film, en apparence didactique et froid, refusant toute espèce de sentimentalisme, arrive à nous toucher profondément de par les thèmes qu’il aborde : la part de l’inné et de l’acquis, l’importance de l’apprentissage, de l'affection et de la socialisation dans le développement des sens, des émotions et de l’intelligence, les incroyables facultés d’adaptation et l'instinct de survie, l’irréversibilité de certains manquements et l'importance de l'enfance dans le devenir d'un homme. Il pose également une question cruciale : à partir de quand devient-on humain ? Des thèmes fondamentaux que François Truffaut traite admirablement en restant au plus près de l’observation clinique et scientifique, sur un ton neutre et constant. Et pourtant l’émotion jaillit malgré soi tant cet enfant nous touche et nous renvoie aussi quelque part à notre propre animalité apprivoisée.


Réalisateur: François Truffaut
Acteurs: Jean-Pierre Cargol, François Truffaut, Jean Dasté, Françoise Seigner
Origine: France
Année de production: 1969
Durée: 1h24

 Note

mardi 28 octobre 2014

David Sala

David Sala a illustré la version de "La Belle et la Bête" de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont. Un des plus beaux contes, qui apprend aux enfants la nécessité de dépasser les apparences et l’impossibilité de devenir un être humain sans véritable amour. C'est mon billet romantique du jour :-)

Illustration par David Sala pour l'album jeunesse La Belle et la Bête

Illustration par David Sala pour l'album jeunesse La Belle et la Bête

Illustration par David Sala pour l'album jeunesse La Belle et la Bête

Illustration par David Sala pour l'album jeunesse La Belle et la Bête

Illustration par David Sala pour l'album jeunesse La Belle et la Bête

Illustration par David Sala pour l'album jeunesse La Belle et la Bête

 La Belle et la Bête de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont, illustré par David Sala, Collection Les albums Casterman, 15/10/2014/ 64 pages

L’appât de José Carlos Somoza (parution poche)

Quatrième de couverture

Fini les détectives, les policiers, les médecins légistes. Place aux ordinateurs, aux profileurs, aux appâts et… à Shakespeare. L’élite du “dispositif ” est à la manœuvre pour traquer l’insaisissable “Spectateur” qui terrorise Madrid. Où Somoza atteint l’apogée de sa folie et de son art.

http://livresque-sentinelle.blogspot.be/2011/11/lappat-de-jose-carlos-somoza.html

L'appât vient d'être édité en format poche. Cliquez sur la couverture pour accéder au billet correspondant. Un de mes romans préférés de José Carlos Somoza à ce jour, rien de moins !

L’appât de José Carlos Somoza, traduit de l'espagnol par Marianne MILLON, Babel noir n° 120, Octobre 2014, 544 pages


 Note


lundi 27 octobre 2014

Les larmes du Diable de C.J. Sansom

Deuxième tome des aventures de Matthew Shardlake, brillant avocat bossu et donc parfois cruellement raillé par son entourage. Il est chargé par Thomas Cromwell de lui rapporter « les larmes du Diable », qui n’est autre que le feu grégeois inventés par les alchimistes byzantins et dont on pensait avoir perdu la formule de composition. Le ministre Cromwell n’a que douze jours pour offrir cette arme redoutable au roi Henry VIII, au risque d’y laisser sa peau tant sa position est menacée au gouvernement : le roi, âgé de près de cinquante ans, veut divorcer de sa quatrième épouse (l’allemande Anne de Clèves) et convoite la jeune et séduisante Catherine Howard, nièce du duc de Norfolk. Ce dernier est à la tête des conservateurs religieux à la cour et voit l’occasion rêvée de restaurer la foi catholique en Angleterre par son influence grandissante auprès de roi. Le duc de Norfolk devient de ce fait le plus grand ennemi de Thomas Cromwell, qui s’efforce de renforcer la Réforme dans le pays mais qui sent que le vent tourne. Parallèlement à cette quête du feu grégeois, qui permettrait de renforcer la position de Thomas Cromwell auprès du roi, Matthew Shardlake décide de prendre la défense de la jeune Elizabeth Wentworth, reconnue coupable du meurtre de son jeune cousin de 12 ans.

Comme souvent dans ce genre de roman, ce n’est pas tant l’enquête qui importe le plus mais le contexte historique tant l’époque est absolument fascinante par les enjeux politiques, historiques et religieux. Extrêmement bien documenté, nous sommes véritablement plongés dans cet été caniculaire (le plus chaud du siècle) de l’année 1540. La Dissolution des monastères a enrichi le roi Henry VIII et la Bible est imprimée pour la première fois en anglais (la fameuse Bible de Tyndale) : la parole du christ est donc à la portée du peuple, qui peut y accéder individuellement sans passer par le truchement des pères de l’Eglise. Fini également les cérémonies en latin. Cela n’a l’air de rien mais c’est une véritable révolution et le pape n’est pas content du tout du tout. A côté de ces grands enjeux politiques, que l’auteur parvient à nous décrire très habilement au fil des pages, nous découvrons des anecdotes amusantes, surprenantes et souvent peu ragoutantes sur cette époque troublée qui  ne faisait pas dans la dentelle tant les pendaisons, buchers, décapitations, tortures et autres joyeusetés étaient légion.

Un bon polar historique pour s’immerger complètement dans cette Angleterre du roi Henry VIII, un monstre de choix dans mon panthéon de personnages historiques, aussi répulsif que captivant et qui aura profondément bouleversé son pays. Et tout cela pour la bagatelle et des histoires de cœur ! Enfin, c’est plus complexe que cela, évidemment ;-)

Extrait :

« Ah ! Shardlake, dit-il avec cordialité, j'espère que vous aimez le sucre. Il y en a toujours à profusion dans les banquets de Lady Honor.» Il avait à l'évidence décidé de se montrer affable ce soir.« Je ne suis pas vraiment un bec sucré et je tiens à prendre soin de mes dents.
- Je vois que, comme moi, vous avez encore toutes les vôtres, dit Marchamount, en secouant la tête. Je trouve insupportable cette affectation qui pousse les femmes à se noircir délibérément les dents pour faire croire qu’elles ne mangent que du sucre le plus fin.
- Une mode bien disgracieuse, en effet.
- J’en ai entendu certaines dire que la douleur en valait la peine, si cela accroît la considération qu’on leur porte ».

Les larmes du Diable de C.J. Sansom, Editions Pocket, suite du premier tirage décembre 2013, 734 pages. 


 Note


A lire au préalable le premier tome de la série, Dissolution de C.J. Sansom.


dimanche 26 octobre 2014

Antimanuel de philosophie de Michel Onfray (citation)

Généralement, un individu dispose d'une liberté minimale et subit des contraintes maximales. Certains sont puissamment déterminés par leur milieu, leur époque, leurs gènes, et leur liberté est égale à zéro (ainsi un autiste, un trisomique, un enfant du tiers monde ou du quart monde) ; d'autres, plus chanceux, car ils n'ont pas davantage choisi leur état, voient leur part de liberté plus grande parce que les déterminismes auxquels ils ont eu à faire face, ou auxquels ils font face, pèsent moins lourd. Dans tous les cas, on constate que la liberté existe en doses différentes chez les individus — totalement inexistante chez certains, importante pour d'autres. Mais à chaque fois, pour l'essentiel (les grandes lignes et les grandes directions d'un caractère ou d'un tempérament), on est choisi par plus fort que soi, on obéit. La croyance à la liberté ressemble étrangement à une illusion.


Antimanuel de philosophie de Michel Onfray, Éditions Bréal, 10 mai 2001, 334 pages.

vendredi 24 octobre 2014

Augustine de Alice Winocour


Nous sommes à Paris, en 1885. Augustine (Soko), 19 ans, devient la patiente préférée du professeur Charcot (Vincent Lindon), qui étudie l’hystérie à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière. D’objet d’étude, elle deviendra peu à peu objet de désir…

L’ambition de la réalisatrice Alice Winocour était plus qu’honorable en abordant la condition féminine à travers la prise en charge de l’hystérie au 19e siècle. D’un côté, l’hystérie et ses multiples manifestations : paralysies, cécités, troubles de la sensibilité, crises de nerfs, convulsions et pertes de connaissance. De l’autre, les célèbres séances d’hypnose du professeur Charcot à l'Hôpital de la Salpêtrière, qui exigeait de ses patientes qu’elles reproduisent « la grande crise » (contractures, convulsions et état cataleptique) devant un auditoire exclusivement masculin, séances qui se terminaient par une valse d'applaudissements comme après un bon spectacle et dans lequel le voyeurisme prévalait.

Un professeur Charcot parfois hautain et grossier en exposant le corps de ses patientes comme des carcasses d’animaux dans une foire agricole, d’autres fois plus vigilant quand il prend au sérieux la maladie de ses patientes (rappelons qu’ au Moyen-Age, les hystériques étaient tout bonnement considérées comme des sorcières et envoyées au bûcher, il y a donc une évolution certaine dans la perception de la maladie et sa prise en charge), tantôt calculateur en voulant l’utiliser pour favoriser sa carrière, ou encore très humain quand il succombe au charme de sa belle patiente.

Un mal qui puise sa source dans l’inassouvissement des tensions sexuelles mais également dans une société extrêmement corsetée à tous points de vue pour la femme, que ce soit dans l’habillement qu’au niveau psychologique ou sociétal.

Mais  si Augustine s’écroule souvent lors d' une crise de convulsion, il ne fallait pas pour autant réaliser un film mou du genou. Car il faut bien avouer que la réalisation pêche par son académisme et sa mise à distance, empêchant toute émotion d’émerger en nous cantonnant essentiellement au rôle de spectateur.

Une intention très louable au départ mais un bilan plus mitigé en final. Il n’en reste pas moins très instructif pour ceux qui connaissent mal cette maladie et sa prise en charge à l’époque, très révélateur de la condition féminine dans une société extrêmement cloisonnée. Car quel avenir attend cette jeune fille pauvre, sans ressources et sans instructions une fois sortie de l’hôpital ? 



Réalisateur: Alice Winocour
Acteurs: Vincent Lindon, Soko, Chiara Mastroianni
Origine: France
Genre: Drame
Année de production: 2012
Durée: 1h42

 Note


Si vous voulez approfondir le sujet, je vous conseille le roman Blanche et Marie de Per Olov Enquist.  Cliquez sur la couverture pour accéder au billet correspondant.

http://livresque-sentinelle.blogspot.be/2008/04/blanche-et-marie-de-per-olov-enquist.html



jeudi 23 octobre 2014

Le syndrome indigo de Clemens J. Setz

Le narrateur Clemens J. Setz, jeune mathématicien, enseigne dans une école internationale spécialisée pour les enfants souffrant du syndrome indigo : toutes personnes à leurs contacts ressentent des troubles divers tels que vertiges, vomissements et violents maux de tête. Lorsque le jeune professeur commence à poser des questions sur le fait que certains élèves partent déguisés en voiture vers une destination inconnue, pour ne plus jamais revenir au centre (ce que le directeur de l’école appellera « des relocalisations »), il se voit contraint de quitter définitivement les lieux. Ne se décourageant pas pour autant, il décide de mener sa propre enquête.

L’auteur Clemens J. Setz (homonyme du narrateur de ce roman) est considéré comme un jeune prodige de la littérature autrichienne. Mathématicien, pianiste de jazz, poète, traducteur et écrivain, il a déjà reçu quelques prix littéraires. C’est forcément avec une certaine curiosité que j’ai abordé ce livre, qui promettait un mélange des genres en se lisant comme une enquête, où l’univers de la science-fiction, de la pédagogie et de la psychiatrie se côtoyaient habillement. Et qui donc, pensais-je, avait tout pour me plaire. Et qui m’a surtout totalement larguée tant je n’ai jamais compris où voulait en venir l’auteur.

Truffé de références, de notes, d’articles, l’auteur brouille également les pistes temporelles en passant d’un narrateur (le professeur) à un autre (un ancien enfant indigo). Faute de structure narrative consistante, ce roman distille surtout une atmosphère étrange, inquiétante et angoissante. La psychologie et la pensée des narrateurs sont souvent confuses, opaques et nous ne savons plus très bien où commence la réalité et où se termine l’aliénation mentale. Intriguant dans un premier temps, progressivement lassant et finalement irritant quand on se rend compte, bien avant la fin, que tout cela va certainement se terminer en eau de boudin. Bref, à part vous dire qu’on y parle de solitude, d’extrêmes sensibilités, de déviance, de violence, de malaise dans la civilisation (pour reprendre un titre de Freud) et d’un vague complot, cet univers au bord de la folie vous laisse à votre tour bien seul et désemparé.

Un roman certes hors-norme mais trop hermétique en ce qui me concerne. N’hésitez surtout pas à éclairer ma lanterne si vous avez mieux compris que moi les propos de l’auteur, tant je suis incapable de vous en dire plus. Sans doute n’ai-je jamais pu me hisser, en tant que lectrice, à la hauteur du génie de Clemens J. Setz...

Le syndrome indigo de Clemens J. Setz, traduit de l'allemand par Claire Stavaux, Éditions Jacqueline Chambon, septembre 2014, 458 pages. 


 Note


Magic in the Moonlight de Woody Allen



Nous sommes dans les années 20, dans le sud de la France. Un célèbre prestidigitateur anglais, Stanley Crawford (Colin Firth), est appelé à la rescousse de son vieil ami, afin de démasquer un soi-disant médium, Sophie Baker (Emma Stone), soupçonnée de vouloir arnaquer une famille fortunée. 

 J’ai lu ici et là qu’il s’agissait d’un film de Woody Allen en mode mineur, sans grandes surprises et comme sur pilote automatique. Et pourtant, quel plaisir de suivre les tribulations de nos deux protagonistes et leur valse d’hésitation, Woody Allen jouant à merveille sur la carte des contraires qui s’attirent. Alors oui, ce n’est effectivement pas follement original mais cela fonctionne toujours autant. Sans oublier quelques personnages secondaires qui ne manquent pas de sel, comme la vieille tante de Stanley Crawford, et les habituels dialogues au scalpel. 

Un film terriblement romantique, certes très différent de son précédent « Blue Jasmine », qui exploitait volontiers la veine dramatique tout en étant plus dans la performance. Ici rien de tel mais du coup il y gagne en simplicité et une certaine candeur rafraichissante. 

Magic in the Moonlight de Woody Allen est un film charmant, divertissant et bien agréable à regarder. Et parfois, on n’en demande pas plus. Alors pourquoi ne pas se faire du bien en allant voir le dernier Woody ?



Titre : Magic in the Moonlight
Réalisateur: Woody Allen
Acteurs: Emma Stone, Colin Firth, Marcia Gay
Origine: États-Unis
Genres: Drame Comédie Romance
Année de production: 2014
Date de sortie en Belgique: 06/08/2014
Durée: 1h37

Note : 4/5

mardi 21 octobre 2014

Robert and Shana ParkeHarrison (photographes)

J'aimerais vous présenter quelques œuvres des photographes américains  Robert et Shana ParkeHarrison. Je les ai découverts en tant qu'auteurs de la couverture du roman Le syndrome indigo de Clemens J. SETZ, paru chez Jacqueline Chambon.

Ce duo fait des photos depuis plus de 20 ans. Ils utilisent la photogravure, le collage et des techniques de peinture pour faire des compositions dont le sujet est souvent la relation entre les humains et leur environnement et la façon dont ils interagissent avec la nature. Un univers très cinématographique s'en dégage, dans lequel le surréalisme n'est pas absent.



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