dimanche 3 août 2008

Le labyrinthe de Pan de Guillermo Del Toro

El Laberinto del Fauno de Guillermo Del Toro
Mexique, Espagne - 2006

Le réalisateur Guillermo Del Toro a pour habitude de réaliser deux types de films diamétralement opposés : des films commerciaux et des films nettement plus personnels. Les films commerciaux (comme Hellboy ou Blade) permettent de rapporter des entrées pécuniaires qu’il peut ensuite réinvestir dans la réalisation de films beaucoup plus personnels tels que L’échine du diable ou Le labyrinthe de Pan. J’aime sa touche particulière, que ce soit dans la première catégorie que dans la deuxième, même si mes préférences vont forcément plus vers la seconde. Cette absence de moyen pour épanouir son art le fruste d’ailleurs de plus en plus, au point de vouloir parfois abandonner le cinéma pour se tourner vers la peinture. La passion de l’auteur pour les peintures de Goya se ressent également dans le rendu de l’atmosphère, les couleurs et les ambiances de ce long métrage.

Ses films plus personnels reviennent sur une période qui l’influence beaucoup, à savoir celle où l’Espagne est sous le joug de la dictature de Franco, période durant laquelle de nombreux Espagnols immigrèrent au Mexique pour échapper au fascisme. Ses craintes du fascisme me parlent particulièrement, étant moi-même confrontée aux problèmes communautaires de mon pays. Lorsqu’il nous dit « à partir du moment où certaines personnes commencent à penser "il y a nous et il y a eux -au lieu de comprendre que nous sommes tous dans le même bain-, et bien c'est à ce moment que les choses dérapent. », je ne peux qu’acquiescer à ces paroles de sagesse.

Le labyrinthe de Pan est un véritable petit bijou, une sorte de conte de fée pour adultes mariant habilement le monde réel (le fascisme en Espagne à l’époque de franquisme) et le monde imaginaire, sans jamais savoir si ce monde imaginaire n’est que le résultat des fantasmes d’une petite fille ou l’accès à un monde parallèle existant. Beau visuellement, poétique, émouvant, cruel, violent, il est tout cela à la fois !


L’origine de l’un des personnages les plus réussis du film, à savoir le faune, remonte aux angoisses du réalisateur lorsqu’il était enfant : chaque nuit, lorsqu’il dormait chez sa grand-mère, il avait l’impression qu'une créature mi-homme mi-bouc sortait de l'armoire de la chambre où il dormait. Il cite également l’auteur Arthur Machen « Le grand Dieu Pan » comme source littéraire du film, ainsi que d'autres écrivains du courant fantastique majoritairement anglais tels que Algernon Blackwood ou Dunsany, qui célébraient les influences païennes sur l'Homme.

Le postulat du film est que si nous ne pouvons choisir notre point de départ, nous pouvons par contre déterminer notre point d’arrivée. Aussi, si la jeune Ofélia est la fille d'un pauvre tailleur mort à la guerre et belle-fille d’un capitaine redoutable et violent, elle va tout faire pour garder un coeur pur et faire les choix qui feront d’elle la princesse qu'elle a toujours été en elle-même…

Que dire encore ? Ah oui, que l’acteur Sergio Lopez est absolument magistral dans ce film, incarnation du diable sur terre dans son rôle de capitaine de l’armée franquiste, rarement personnage aura été aussi détestable et effrayant que celui-là.

Pour terminer ce billet, je dirais que « Le labyrinthe de Pan » est sans conteste le film le plus réussi jusqu’à présent du réalisateur, à voir sans hésiter donc.



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