mardi 29 octobre 2013

La grâce des brigands de Véronique Ovaldé

Quatrième de couverture 

Quand Maria Cristina Väätonen reçoit un appel téléphonique de sa mère, dont elle est sans nouvelles depuis des années, l'ordre qu'elle avait cru installer dans sa vie s'en trouve bouleversé. Celle-ci lui demande instamment de venir chercher pour l'adopter Peeleete, le fils de sa soeur. Nous sommes en juin 1989, Maria Cristina vit avec son amie Joanne à Santa Monica (Los Angeles). Cela fait vingt ans qu’elle a quitté Lapérouse, et son univers archaïque pour la lumière de la ville et l'esprit libertaire de la Californie des années 70. Elle n'est plus la jeune fille contrainte de résister au silence taciturne d'un père, à la folie d'une mère et à la jalousie d'une soeur. Elle n'est plus non plus l'amante de Rafael Claramunt, un écrivain/mentor qu'elle voit de temps à autre et qui est toujours escorté par un homme au nom d'emprunt, Judy Garland. Encouragée par le succès de son premier roman, elle est déterminée à placer l'écriture au coeur de son existence, être une écrivaine et une femme libre. Quitte à composer avec la grâce des brigands. 

 « Il y a une certaine grâce chez les perdants, les plagiaires et les brigands. » 
Mon avis

Ce roman se démarque du réalisme magique des précédents récits de l’auteur pour s’ancrer dans une réalité et un lieu mieux défini, à savoir le Los Angeles des années 80. Son lectorat fidèle a pu en être déconcerté mais il n’en fut rien en ce qui me concerne : l’écriture et le style reconnaissables entre tous sont toujours bien présents et c’est avec grand plaisir que j’ai retrouvé la petite musique ovaldienne.

Par ailleurs, ce huitième roman s’inscrit dans une certaine cohérence par rapport au reste de son oeuvre : l’émancipation de la femme à travers la fuite d’une famille étouffante, la nécessité de rompre avec son passé pour se construire et se donner une place à soi, des rencontres formatives, la séduction de princes charmants qui se révèlent bien moins charmants que séducteurs et charmeurs.

Un roman aux accents les plus personnels tant on sent que Véronique Ovaldé a mis beaucoup d’elle-même : Maria Cristina Väätonen est une romancière à la bouche rouge vermillon qui se sert de l’écriture et de la lecture comme moyen de survie dans un milieu hostile : Les livres servent à s’émanciper des familles asphyxiantes.   Voilà qui laisse songeur.

Une émancipation bien difficile à atteindre malgré tout tant le passé finit toujours par ressurgir et c’est donc sur le chemin du retour que la narratrice nous parlera de son histoire et de ses chemins de traverse. Peut-être le prix aussi à payer pour se libérer complètement de son passé : ne plus le fuir ni lutter contre mais l’affronter et l’accepter.

Petite remarque en passant : je me suis rendue compte à quel point les critiques littéraires ne prennent pas souvent la peine de lire un roman dans son entièreté. Aussi ont-ils reproché à multiples reprises l’incompréhension du titre. Et pourtant tout est expliqué à l’avant-dernière page. Encore faut-il y parvenir, bien évidemment.

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