vendredi 8 février 2013

Kornwolf - Le Démon de Blue Ball de Tristan Egolf

Quatrième de couverture
 
Owen Brynmor ne comptait plus retourner dans la Pennsylvanie profonde de son enfance, pays provincial et rétrograde partagé entre " Habits rouges " et " Bataves ", autrement dit entre beaufs américains et amish rigoristes. Mais à peine engagé comme reporter au journal local, il décroche un scoop : le retour du Démon de Blue Ball, cette bête mystérieuse qui jadis ravagea la région. À moins qu'il ne s'agisse d'un canular... Or, si son enquête l'amène à exhumer la légende du Kornwolf, ce loup-garou qui hanta l'Europe du dix-septième siècle, elle croise aussi, à chaque pas, la trajectoire d'Ephraim Bontrager, un orphelin muet qui vit en marge de sa communauté religieuse. Mais où s'incarne vraiment le Mal ? Dans un monstre quelconque, ou parmi les humains qui le pourchassent ? Dans ce dernier roman, Tristan Egolf renoue avec la veine truculente et enragée du Seigneur des porcheries. Tout en pastichant la littérature fantastique, il manifeste une verve gourmande et une énergie langagière de tous les instants pour offrir une peinture vengeresse d'une Amérique dégénérée, dont seuls les parias méritent d'être sauvés. On n'est pas près d'oublier la puissance visionnaire de cette écriture torrentielle.
 
Tristan Egolf renoue avec les thématiques déjà présentes dans son premier roman Le seigneur des porcheries, à savoir une figure désignée en marge de sa communauté qui cristallise toutes les peurs, haines et rumeurs malveillantes, ainsi que le rejet de cette incarnation du mal par la communauté humaine dans la violence, la victime devenant bien malgré elle le catalyseur de toutes les bassesses humaines.
 
Cette figure sacrificielle prend ici les traits d’un jeune garçon innocent atteint de lycanthropie, maladie dégénérative qui lui a été transmisse par héritage familial. Une fois de plus, personne n’est épargné dans ce roman, ni la communauté Amish ni les « Gens simples » ni les « Habits rouges » et encore moins la police locale. Même la plus petite structure humaine, à savoir la famille, est totalement défaillante : tout n’est qu’asphyxie, paralysie, destruction et désolation. L’auteur n’est décidément pas tendre envers le genre humain !
 
Un roman moins puissant que l’excellentissime « Le seigneur des porcheries » mais qui séduira néanmoins le lecteur.


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