jeudi 31 janvier 2013

Bilans du mois de janvier 2013








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La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert de Joël Dicker
Une collection très particulière de Bernard Quiriny



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Le Jeu des ombres de Louise Erdrich










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Django Unchained de Quentin Tarantino - 2013
Les Choses de la vie de Claude Sautet - 1970 ❤
César et Rosalie de Claude Sautet - 1972 ❤
Max et les ferrailleurs de Claude Sautet - 1971



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Le Monde de Charlie  (The Perks of Being a Wallflower) de Steven Chbosky - 2013
Tabou de Miguel Gomes - 2012
Lincoln de Steven Spielberg - 2012
Alceste à bicyclette de Philippe Le Guay - 2011


dimanche 20 janvier 2013

Tabou de Miguel Gomes (film)

Synopsis
 
Une vieille dame au fort tempérament, sa femme de ménage Cap-Verdienne et sa voisine dévouée à de bonnes causes partagent le même étage d’un immeuble à Lisbonne. Lorsque la première meurt, les deux autres prennent connaissance d’un épisode de son passé : une histoire d’amour et de crime dans une Afrique de film d’aventures.
 
Entendre trop de louanges entraîne-t-il trop d’attentes ? Avec le risque corollaire d’être un tantinet déçue ? Je ressors du film avec un sentiment mitigé, bien que je n’aie pas été non plus totalement insensible au film, plus séduite par la forme que par le contenu, trouvant la trame trop simpliste, l’histoire d’adultère étant abordée de manière trop classique. Trop de longueurs aussi, de manque de rythme, de pistes laissées à l’abandon, inexploitées (sans doute voulu par le réalisateur mais quand même frustrant), engendrant parfois un certain ennui. Voilà pour les points négatifs.
 
Passons maintenant aux points positifs. J’ai aimé les contrastes que présente le film tout au long du parcours : la vie/la mort, l’amour/la perte, les maîtres/les serviteurs, l’agitation des hommes/la placidité du crocodile mais aussi l’image nette de la première partie, contemporaine/le gros grain et les contrastes plus importants de la deuxième partie, africaine.
 
Le prologue sous forme de fable poétique qui annonce comme un clin d’oeil la deuxième partie du film est très réussie aussi, bien que déboussolante tant on ne comprend pas d’emblée où veut en venir le réalisateur. Une deuxième partie qui donne tout le sel au film quant à sa forme : un côté un peu kitsch dans le bon sens du terme, l’absence de dialogue pour mieux faire référence aux souvenirs du passé mais accompagnés des bruits de la nature, des chants et des danses sans oublier la voix-off du narrateur. Cette deuxième partie onirique possède une certaine grâce aussi légère qu’une bulle de savon qui malheureusement finit par éclater sur un scénario un peu trop mince pour convaincre totalement.
 
Un dernier mot quand même sur une des images fortes du film : le gros plan sur le sexe d’Aurora après avoir fait l’amour avec son amant, son ventre proéminent de femme enceinte des œuvres de son époux et la main de son amant posé sur cette partie du corps, germination de la séparation future des deux amants. Une scène forte chargée de symboles.
 
En conclusion, un film romantique, mélancolique et poétique au scénario un peu léger qui n’évite pas toujours l’ennui. Mais cela n’engage que moi, cela va de soi. 


samedi 19 janvier 2013

César et Rosalie de Claude Sautet


Rosalie (Romy Schneider) est la compagne de César (Yves Montand), un ferrailleur fort en gueule qui s’est fait tout seul en amassant une petite fortune grâce à son travail acharné et son bagout. Lors d’une cérémonie de mariage, Rosalie revoit son ancien amour David (Sami Frey), un dessinateur aussi taiseux que César est expansif. Elle éprouve toujours des sentiments pour David, ce qui ne l’empêche pas de continuer à aimer César, qui est fou d’elle. David ne camoufle pas ses sentiments et se pose très vite en tant que rival auprès de César. D’abord adversaires, les deux hommes vont apprendre à se connaître et finalement devenir amis, quitte à envisager l’impensable pour garder Rosalie auprès d’eux.
 
Un trio à la Jules et Jim qui m’a fait penser également au film de Bertrand Blier « Préparez vos mouchoirs » datant de 1978 : redonner le sourire et la joie de vivre à sa compagne, quitte à lui amener un autre homme rencontré au hasard (le film de Blier) ou son ancien amour (David de « César et Rosalie ») auprès de la femme aimée. Mais la comparaison s’arrête là, tant Bertrand Blier est caustique et corrosif en diable alors que Claude Sautet sonde l’âme humaine dans ses tréfonds les plus intimes en explorant toute la gamme des sentiments d’un homme qui voit la femme qu’il aime s’éloigner de lui : mensonge, manipulation, colère, violence, résignation, réconciliation et enfin accommodement et compromission. Un très beau film sur la complexité des sentiments lorsque l’amour est plus fort que tout mais aussi sur l’amitié entre deux hommes rivaux au début de leur relation. Tous les acteurs sont superbes, mention spéciale pour Yves Montand qui campe un César plus vrai que nature. L’occasion de revoir aussi Isabelle Huppert toute jeunette qu’on reconnaît surtout par sa magnifique chevelure fauve. 


Réalisateur : Claude Sautet
Acteurs : Yves Montand, Romy Schneider, Sami Frey, Bernard Le Coq, Isabelle Huppert
Origines : France, Allemagne, Italie
Genre : Comédie dramatique
Public : Tout public
Année de production : 1972
Durée : 1h40

Note : 4/5


D'autres films du réalisateur à découvrir également :

* Max et les ferrailleurs de Claude Sautet
* Les Choses de la vie de Claude Sautet
* Un mauvais fils de Claude Sautet


La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert de Joël Dicker

Quatrième de couverture
 
À New York, au printemps 2008, alors que l’Amérique bruisse des prémices de l’élection présidentielle, Marcus Goldman, jeune écrivain à succès, est dans la tourmente : il est incapable d’écrire le nouveau roman qu’il doit remettre à son éditeur d’ici quelques mois. Le délai est près d’expirer quand soudain tout bascule pour lui : son ami et ancien professeur d’université, Harry Quebert, l’un des écrivains les plus respectés du pays, est rattrapé par son passé et se retrouve accusé d’avoir assassiné, en 1975, Nola Kellergan, une jeune fille de 15 ans, avec qui il aurait eu une liaison. Convaincu de l’innocence de Harry, Marcus abandonne tout pour se rendre dans le New Hampshire et mener son enquête. Il est rapidement dépassé par les événements : l’enquête s’enfonce et il fait l’objet de menaces. Pour innocenter Harry et sauver sa carrière d’écrivain, il doit absolument répondre à trois questions : Qui a tué Nola Kellergan ? Que s’est-il passé dans le New Hampshire à l’été 1975 ? Et comment écrit-on un roman à succès ? Sous ses airs de thriller à l’américaine, La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert est une réflexion sur l’Amérique, sur les travers de la société moderne, sur la littérature, sur la justice et sur les médias.
 
Fausses pistes, coups de théâtre, rebondissements, relations scabreuses et interdites, toutes les recettes sont mises à contribution pour donner envie au lecteur de tourner les pages au plus vite. Un roman agréable à lire mais un peu longuet sur la fin où je n’ai pas pu m’empêcher de penser que le filon commençait à s’épuiser. Tous les personnages ont quelque chose à cacher, de peu glorieux si pas carrément obscène et immoral et on s’amuse à lever le voile sur chacun d’eux, allant de surprise en révélation. On se laisse manipuler joyeusement en tenant compte des 31 leçons dispensées tout au long du roman pour arriver à écrire un best-seller, leçons qui à l’instar du narrateur sont tout simplement appliquées à la lettre par l’auteur. Au final, un roman délassant et plaisant, ni plus ni moins. Qui a dit facile ? Car à force de nous donner des leçons sur la meilleure façon d’écrire un roman à succès, on peut finir par penser que la recette n’est finalement pas si compliquée que cela. Au point qu’on peut se sentir agacé de s’être laissé prendre aussi aisément au jeu. A tort ou à raison. 

vendredi 18 janvier 2013

Le Jeu des ombres de Louise Erdrich

Quatrième de couverture
 
Quand Irene America découvre que son mari, Gil, lit son journal intime, elle en commence un autre qu’elle met en lieu sûr. C’est dans ce nouveau carnet qu’elle livre sa vérité sur son mariage et sur sa vie tandis qu’elle utilise l’ancien pour se venger de son mari et s’amuser à ses dépens. Gil est devenu un artiste célèbre en peignant le portrait d’Irene sous de nombreuses formes, et il réalise que la peur de la perdre le contraint à se dépasser. Irene termine sa thèse sur George Catlin, le peintre des Indiens, qui a sillonné l’Ouest américain au début du XIXe siècle. Tandis qu’ils tentent de maintenir les apparences pour leurs trois enfants, leur foyer devient un endroit de plus en plus violent et secret. Irene décide de mettre fin à son mariage et à une relation de dépendance étrange et ironique, plutôt que de céder à l’autodestruction. Alternant entre les deux journaux intimes d’Irene et un récit à la troisième personne, Louise Erdrich explore la nature complexe de l’amour, les lignes fluides de l’identité et le combat d’une famille pour sa survie.
 
Louise Erdrich fait en général l'unanimité auprès des lecteurs alors que je reste toujours sur les quais, c’est à n’y rien comprendre. Deux essais, deux échecs. Ni « La malédiction des colombes » ni « Le jeu des ombres » n’ont réussi à me convaincre, je les ai tous les deux lâchement abandonnés et ne pense plus y revenir dorénavant. Alors je me triture les méninges pour essayer de comprendre ce désintérêt pour les romans de Louise Erdrich. Je trouve que les personnages manquent vraiment de crédibilité et de profondeur. Je les confonds souvent allègrement car je n’y crois jamais un seul instant, raison pour laquelle je reste extérieure du récit tout au long de ma lecture. L’écriture ne me convainc pas du tout non plus et je m’y ennuie beaucoup. Certains passages bâclés arrivent à me décourager totalement, comme par exemple celui de la demi-sœur qui débarque dans le roman Le jeu des ombres, rarement lu un passage aussi important écrit de manière aussi mal fichue. Bref, un auteur définitivement pas pour moi. 


Une collection très particulière de Bernard Quiriny

Quatrième de couverture
 
D’un recueil à l’autre, Bernard Quiriny met en scène l’extraordinaire Pierre Gould, dandy bibliomane et provocateur par qui l’impossible devient possible. Cette fois- ci, Gould nous fait pénétrer dans sa bibliothèque. Une véritable caverne aux trésors remplies d’auteurs bizarres, de raretés improbables et de chefs-d’œuvre paradoxaux, classés par thèmes : des livres qui s’oublient irrésistiblement en cours de lecture, des livres qui en cachent d’autres dans leurs pages, des manuels de cuisine empoisonnée, des romans qu’on ne peut lire qu’en étant bien habillé et d’autres qui continuent de s’écrire après la mort de leur auteur… Le tout forme une collection unique au monde, et un hommage grandeur nature à la folie littéraire sous toutes ses formes. En guise de complément, deux séries de textes s’intercalent entre les séances de bibliophilie de Gould : une radiographie des folies de notre époque, dans le ton aimable et satirique d’un Marcel Aymé ; et un guide touristique de dix villes à travers le monde, de celle où le bruit n’existe pas à celle bâtie en miroir sur les deux rives d’un fleuve, dans l’esprit inventif et fantastique d’Italo Calvino.
 
Un recueil de nouvelles intelligent et ingénieux très homogène dans la qualité. Des nouvelles, qui à défaut de toucher le lecteur au coeur, ravira son esprit par tant d’inventions astucieuses et extravagantes. 


Max et les ferrailleurs de Claude Sautet


Après « Les Choses de la vie », Claude Sautet revient au policier avec « Max et les ferrailleurs ». Même duo d’acteurs, à savoir Michel Piccoli dans le rôle d’un inspecteur de police et Romy Schneider dans celui d’une prostituée.
 
« Max et les ferrailleurs » raconte l’histoire d’un inspecteur obsédé par le flagrant délit, quitte à pousser une bande de petits truands (les ferrailleurs) à commettre un hold-up par l’entremise d’une jeune prostituée d’origine allemande (Lily jouée par Romy Schneider), compagne d’Abel (le formidable Bernard Fresson), membre de la bande et ancien compagnon de régiment de l’inspecteur. Complot diabolique et mise en place progressive du traquenard par l’intermédiaire de cette jeune Lily, implacablement manipulée par l’inspecteur, qui se fait passer pour le directeur d’une petite agence bancaire auprès de la belle en tant que client très particulier : il la paye non pour coucher avec elle mais pour qu’elle lui tienne compagnie…
 
Un film d’ambiance très réussi, de bons dialogues, des acteurs excellentissimes et un film mélangeant les genres : policier, psychologique et même sociologique. Une machination machiavélique qui se termine en tragédie lorsque le masque froid de l’inspecteur commence à se fissurer. Michel Piccoli est extraordinaire dans ce rôle d’inspecteur rigide et solitaire qui finit par trembler sur ses bases sans oublier Romy Schneider qui est tout simplement éblouissante. 


Réalisateur : Claude Sautet
Acteurs : Michel Piccoli, Romy Schneider, François Périer
Origine : France
Genre : Comédie dramatique
Public : Tout public
Année de production : 1971
Durée : 1h50

Note : 4/5


D'autres films du réalisateur à découvrir également :

* César et Rosalie de Claude Sautet
* Les Choses de la vie de Claude Sautet
* Un mauvais fils de Claude Sautet


vendredi 4 janvier 2013

Les Choses de la vie de Claude Sautet


Adaptation du roman homonyme de Paul Guimard datant de 1967, Claude Sautet réalise en 1969 le film « Les Choses de la vie » qui marque un tournant dans sa filmographie tant il change de style par rapport à ses précédents films. Style qu’il confirmera par après avec notamment "César et Rosalie" et "Vincent, François, Paul... et les autres" etc
 
Pierre Bérard (Michel Piccoli) est victime d’un grave accident de voiture. Dans le coma, gisant au bord de la route et en attente des secours, cet architecte d’une quarantaine d’années revoit son passé en accéléré. Séparé de son épouse Catherine Bérard (Lea Massari), il vit un tournant dans sa relation avec Hélène Haltig (Romy Schneider), jeune femme dont il est tombé amoureux et pour laquelle il s’est séparé de sa femme et de son fils. Et nous assistons aux derniers événements qui précèdent cet accident, agrémentés de ces petites choses de la vie, ces moments de joies et de bonheur mais aussi de peines de toute une vie.
 
Un film qui n’a pas pris une ride tant le sujet reste d’actualité : comment reconstruire sa vie lorsqu’on se souvient avec acuité des moments de bonheur passés en famille, comment concilier l’amour d’une femme et son devoir paternel, comment continuer à insérer dans sa vie un ami de toujours (joué par Jean Bouise, grand spécialiste des seconds rôles tant il arrive à donner une épaisseur à ses personnages en quelques plans à peine) avec qui on a partagé tous ses moments de bonheur en famille alors qu’il demeure un étranger pour sa nouvelle compagne. Et puis tous ces moments de joies simples partagés dont il reste un sourire, un regard, un geste. Un film sur le doute, les hésitations, la fuite, sur l’amour filial, fraternel, conjugal mais aussi l’amour qui dévaste tout et qui fait dévier la trajectoire d’une vie. Tous ces manques, ces non-dits, cette difficulté de vivre une nouvelle histoire d’amour lorsqu’elle s’inscrit dans une vie déjà bien construite et qui demande de grands sacrifices pour voir le jour.
 
J’ai beaucoup aimé ce film qui arrive à nous délivrer tant de choses essentielles de la vie par petites touches, mine de rien, petites touches qui finissent par nous étreindre et nous émouvoir véritablement. Un final qui peut nous laisser dans une certaine tristesse mais une belle scène avec Lea Massari qui donne un éclat de lumière tant son dernier geste est généreux et essentiel. On a presque envie de l’embrasser pour le coup. Car malgré la séparation, c’est le geste d’une épouse qui pense avant tout à honorer la mémoire de son mari, geste de réconciliation et de bienveillance. C’est beau et c’est aussi ça l’amour. Un film qui touche et qui bouleverse, tout en finesse. Et des acteurs excellents. A voir ou à revoir.
 
Anecdotes :
  • Le tournage de la séquence de l'accident dura dix jours
  • Un remake de ce film existe, tourné en 1994 : Intersection de Mark Rydell, avec Richard Gere et Sharon Stone
  • L’omniprésence de la cigarette sur tous les plans avec Michel Piccoli. Là pour le coup, le film date vraiment d’une autre époque 


Réalisateur : Claude Sautet
Acteurs : Michel Piccoli, Romy Schneider, Lea Massari
Origines : France Italie
Genre : Drame
Public : Tout public
Année de production : 1969
Durée : 1h35

Note : 5/5


D'autres films du réalisateur à découvrir également :

* César et Rosalie de Claude Sautet
* Max et les ferrailleurs de Claude Sautet
* Un mauvais fils de Claude Sautet