vendredi 24 août 2012

Les impudents de Marguerite Duras

Premier roman écrit en 1943, à vingt-quatre ans à peine, « Les impudents » n’est pas vraiment une pièce maîtresse de l’œuvre de Marguerite Duras. L’auteur le reniera d’ailleurs longtemps en le qualifiant tout simplement de « mauvais roman », tout juste bon « à mettre au tiroir ». 

Comme tout le monde, j’avais écrit ce roman pour me décharger d’une adolescence que l’on croit toujours singulière, chargée de signification unique – ce qu’on peut être bête ! 

Si le récit est plutôt mal ficelé et assez longuet malgré sa brièveté, il n’en demeure pas moins intéressant comme toutes les premières œuvres de grands auteurs tant il contient les premiers germes de l’univers durassien : l’emprise familiale mortifère, la relation fusionnelle de la mère et du frère aîné au détriment de la fille, le désœuvrement, les amours délétères, la terre stérile et la question de la subsistance à n’importe quel prix, fusse celui d'une jeune fille à marier, posée en sacrifice au bien-être de la famille restante. Reste le désenchantement d’une jeune fille solitaire en manque de tendresse maternelle et fraternelle, étrangère à elle-même et comme possédée par un vide existentiel qui ne peut être comblé que par l’assouvissement d’un désir sans cesse renouvelé. Marguerite Duras mettra deux ans à écrire son second roman, La vie tranquille, pour commencer ensuite son premier grand roman, Le barrage contre le Pacifique. Les deux autres livres, c’était une diversion avant de l’attaquer. 


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