mardi 10 juillet 2012

Bullhead de Michaël R. Roskam

Synopsis
 
Jacky est issu d'une importante famille d'agriculteurs et d'engraisseurs du sud du Limbourg. A 33 ans, il apparaît comme un être renfermé et imprévisible, parfois violent… Grâce à sa collaboration avec un vétérinaire corrompu, Jacky s’est forgé une belle place dans le milieu de la mafia des hormones. Alors qu’il est en passe de conclure un marché exclusif avec le plus puissant des trafiquants d'hormones de Flandre occidentale, un agent fédéral est assassiné. C’est le branle-bas de combat parmi les policiers. Les choses se compliquent pour Jacky et tandis que l’étau se resserre autour de lui, tout son passé, et ses lourds secrets, ressurgissent…
 
Quelle claque ce film ! Une tension palpable dès le début et qui n’ira que crescendo tout au long du récit, Bullhead faisant partie de ces films qui vous prennent aux tripes pour ne plus vous lâcher, même plusieurs heures après le générique de fin. Certaines séquences donnent mal au ventre tellement tout est organique, charnel, brutal, bestial, au plus près des corps et de la sueur. Matthias Schoenaerts est d’une animalité redoutable mais bouleversante, une monstruosité qui émeut : un corps tout en muscles, en tension, bourré de testostérones mais qui ne fait pas oublier ce regard d’enfant mutilé et humilié.
 
Peinture d’un monde rural frustre, trafic d’hormones et enquête policière. Mais je retiens avant tout le traumatisme d’une enfance meurtrie. La scène de l’agression est d’une violence inouïe, véritable uppercut qui nous met à terre tant on imagine la douleur physique de l’instant mais également toutes les répercutions psychologiques en devenir d’une telle mutilation. Un film qui m’a totalement remuée, de fond en comble.
 
J’ai aimé ce film même s’il n’est pas parfait, loin s’en faut. Je pense notamment à certaines séquences burlesques à peu trop répétitives et cabotines, ainsi qu’à l’intrigue policière dont on se fiche un peu et qui prend heureusement de moins en moins d’importance pour laisser la place à l’intimité de Jacky. Mais qu’importe, ce film est absolument fulgurant tant il imbrique habilement de nombreux thèmes tels que celui du rabaissement, l'humiliation, la trahison, la culpabilité, la frustration sexuelle. Le sentiment amoureux n’étant pas en reste.
 
Un film organique, frustre, à fleur de peau. Je le garde encore en moi ce film-là, autant le regard de l’enfant traumatisé que celui de l’adulte meurtri qu’il est devenu, sorte d’animal blessé devenu féroce mais dont on ne peut s’empêcher de vouloir panser les blessures. Un film teigneux, tourmenté, tout en douleur. Un grand coup de cœur. 


Titre original : Rundskop
Réalisateur : Michaël R. Roskam
Acteurs : Matthias Schoenaerts, Barbara Sarafian, Jeroen Perceval
Origine : Belgique
Année de production : 2010
Date de sortie : 02/02/2011
Durée: 2h00

Note : 4 ½ sur 5

 

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