samedi 22 décembre 2012

Les Bêtes du sud sauvage de Benh Zeitlin (film)

Synopsis
 
Hushpuppy, 6 ans, vit dans le bayou avec son père. Brusquement, la nature s'emballe, la température monte, les glaciers fondent, libérant une armée d'aurochs. Avec la montée des eaux, l'irruption des aurochs et la santé de son père qui décline, Hushpuppy décide de partir à la recherche de sa mère disparue.
 
 
Ce sont les très nombreuses critiques positives qui m’ont donnée envie de voir « Les Bêtes du sud sauvage », tant le synopsis et la bande-annonce ne m’attiraient pas plus que cela. Et bien force est de constater que je n’en sors pas plus convaincue après la vision du film.
 
Fable sur la résistance des opprimés face à la nature déchaînée, l’autorité et la civilisation, je me suis demandée à plusieurs reprises où le réalisateur voulait vraiment nous emmener. Hymne à la liberté de quoi ? De se soûler du matin au soir, de vivre dans des lieux totalement insalubres, dans la crasse et l’indigence ? Libre de ne pas se soigner et de se laisser crever comme un chien alors qu’on a la possibilité de se faire opérer ? Libre de faire ressurgir en nous notre animalité pour vaincre nos peurs et trouver la force de nous dépasser ? Une morale condescendante, des métaphores lourdingues et une voix-off superflue. J’ai même trouvé le jeu d’actrice de la petite fille assez limité dans ses expressions, toujours les sourcils froncés et la bouche boudeuse.
 
Reste quelques belles images, un souffle, une certaine originalité avec le peu de moyens à disposition pour filmer et quelques séquences poétiques comme celle de la description de la maman de Hushpuppy qui "arrivait de par sa seule présence à faire jaillir le feu et bouillir l’eau".
 
Un film qui n’a jamais suscité en moi la moindre émotion. Bref, il y a moyen de passer aussi à côté de ce film, même si je suis allée jusqu’au bout, ce qui n’était pas le cas de quelques spectateurs partis avant la fin du film. Mais un réalisateur à suivre tout de même, oui je sais, j’ai l’air de me contredire et pourtant non, il semble avoir du talent et peut bien me convaincre par un autre sujet que celui traité dans Les bêtes du sud sauvage. 

Fables du paysage flamand, Bosch, Brueghel, Bles, Bril

Fables du paysage flamand, Bosch, Brueghel, Bles, Bril au Palais des Beaux Arts de Lille. Jusqu’au 14 Janvier 2013.

Méditation de saint Jean Baptiste de Jérôme Bosch
Saint Christophe portant l'enfant Jésus de Jan Mandijn
Vision de Tondal de Jérôme Bosch, (imitateur de)
La tour de Babel de Tobias Verhaecht
La tentation de St Antoine de Jérome Bosch (d'après)



Le peintre Constant Permeke (rétrospective)

Léonie de Constant Permeke, 1929-1930
Huile sur toile - 180 x 90 cm
Collection particulière
© SABAM 2012 

Les Palais des Beaux-Arts de Bruxelles organise une rétrospective de Constant Permeke (1886 – 1952), considéré comme le représentant majeur de l’expressionnisme flamand. 

« Il savait mieux que quiconque se mettre dans la peau des travailleurs qui ont la vie dure, comme les pêcheurs et les paysans qui entretiennent un lien intime avec la terre et la mer. 

Une sélection impressionnante de 130 tableaux, dessins et sculptures, dont plusieurs oeuvres d’exception, dévoile au public toutes les facettes de l’oeuvre de Permeke : nus féminins, terre et mer, vie quotidienne des pêcheurs et des paysans...» 


Huile sur toile marouflée sur panneau de Constant Permeke
Femme de pêcheur de Constant Permeke, 1920
Huile sur toile marouflée sur panneau - 100 x 124 cm
Anvers, Koninklijk Museum voor Schone Kunsten
© SABAM 2012 

Huile sur toile de Constant Permeke
La Kermesse de Constant Permeke, 1921
Huile sur toile - 78 x 110,5 cm
Anvers, Koninklijk Museum voor Schone Kunsten
© SABAM 2012 

A propos de Permeke (Over Permeke), 1922
Huile sur toile - 147,5 x 191 cm
Ostende, Mu.Zee
© SABAM 2012 

Le cabriolet (De Sjees)de Constant Permeke, 1926
Ostende, Mu.Zee

La roulotte de Constant Permeke, 1927

Huile sur toile de Constant Permeke
L’Homme à la veste de Constant Permeke, 1928
Huile sur toile - 174 x 149 cm
Anvers, Koninklijk Museum voor Schone Kunsten
© SABAM 2012 

Buveurs de café de Constant Permeke
© KMSKA, photo LukasArt in Flanders

Huile et fusain sur toile de Constant Permeke
Maternité (avec enfant blanc) de Constant Permeke, 1929
Huile et fusain sur toile - 180 x 90 cm
Ostende, Mu.Zee
© SABAM 2012 

Paysan couché de Constant Permeke, 1929
Musée des Beaux-Arts de Gand

Maternité de Constant Permeke, 1936

Huile sur toile de Constant Permeke
Dimanche après-midi de Constant Permeke, 1937
Huile sur toile - 148 x 182 cm
Collection particulière
© SABAM 2012 

Paysage de Constant Permeke, 1938 - 1943
Huile sur toile, 125 x 175 cm
© Peter Carpreau

Le pain quotidien de Constant Permeke, 1950
© SABAM 2012




jeudi 20 décembre 2012

Le chasseur de têtes de Timothy Findley

Extrait

Tout ce qu'on veut pour nos enfants, c'est qu'ils soient heureux. Rien de plus. Rien. Et apparemment, le bonheur est la seule chose au monde qu'on n'est pas en mesure de donner.


Mon avis

Timothy Findley reprend les personnages du roman «Au cœur des ténèbres» de Joseph Conrad pour s’approprier leur symbolique dans une dystonie se déroulant à Toronto. Figure du mal incarné – Kurtz - psychiatre en chef le plus puissant du Parkin Psychiatric Institute, et la figure tutélaire du principe moral –Marlow - psychiatre nouvellement introduit dans le cénacle, ou comment les forces du mal peuvent être contrées dans une ville secouée par une épidémie surnommée le sturnusemia, censée être transmise par le étourneaux et donnant lieu à des exterminations de volatiles par les escadrons M.
 
Roman sur le mal, la folie, la solitude, la souffrance mais aussi la corruption, la manipulation et la conspiration, l’auteur nous convie à un récit assez sombre où plane la mort, la violence et les pulsions morbides (pornographie juvénile et pédophilie).
 
Comme souvent avec Timothy Findley, les frontières entre le surnaturel, la folie et la réalité sont étroites et poreuses, il franchit aisément la ligne de démarcation en jouant sur l’ambiguïté de la maladie mentale et ses manifestations multiples.
 
Un roman qui se lit aisément mais qui demande une certaine attention tant les personnages sont nombreux et aussi pittoresques les uns que les autres, bien que tous interconnectés d’une manière ou d’un autre à Kurtz. A noter que nous retrouvons d’autres grandes figures de la littérature dont le personnage Jay Gatz, en référence à Gatsby le Magnifique de Francis Scott Fitzgerald.


Quatrième de couverture
 
Tout commence à Toronto, à la fin du millénaire, le jour où Lilah Kemp, ex-bibliothécaire, spirite, déclarée schizophrène, laisse échapper Kurtz de la page 181 du roman de Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres.  Dans ce monde fou où les héroïnes romantiques vendent leurs charmes, où les hommes d'affaires créent des clubs pour abuser d'adolescents, où les psychiatres résolvent les problèmes de leurs patients en fonction de leur propre intérêt, où le ciel est rempli des nuées jaunes que répandent les escadrons M pour exterminer les oiseaux, Lilah se lance dans une quête désespérée du Marlow qui saura contrer Kurtz, le chasseur de têtes.
 
À la suite de Coppola et de son Apocalypse Now, Timothy Findley fait renaître l'un des plus grands mythes littéraires, l'aventurier maléfique, l'incarnation du Mal qui, au fin fond de la forêt, domine tout un peuple d'esclaves par le seul pouvoir de sa voix.


dimanche 16 décembre 2012

L'été de Cristal - tome 1 de La Trilogie Berlinoise de Philip Kerr

Quatrième de couverture
 
Ancien policier, Bernie Gunther, trente-huit ans, est devenu détective privé, spécialisé dans la recherche des personnes disparues. Et on disparaît beaucoup, à Berlin, en cet été 1936 où les S.A., à la veille des Jeux Olympiques, se chargent, à leur manière, de rendre la ville « accueillante » aux touristes. C'est pourtant une autre mission que lui propose Hermann Six : ce dernier ne cherche pas sa fille, assassinée chez elle, mais des bijoux disparus. Bernie se met en chasse. Et cet été-là, l'ordre nouveau qui règne sur l'Allemagne va se révéler à lui, faisant voler en éclats le peu d'illusions qui lui restent...
 
Difficile de passer à côté de La Trilogie Berlinoise de Philip Kerr sur les présentoirs des librairies, roman qui suscite par ailleurs la plupart du temps auprès des lecteurs un certain engouement. La bonne idée est évidemment de placer les enquêtes du détective privé dans la ville de Berlin du IIIe Reich, où comment ce dernier se manifeste à tous les niveaux de la société. Mais si Philip Kerr arrive très bien à rendre compte du climat nauséabond de l’époque, l’enquête en tant que telle laisse franchement à désirer et ne brille pas vraiment par son originalité. Porté par une écriture assez banale et des personnages caricaturaux, convenus et parfois grossiers, ce premier tome n’a pas réussi à emporter mon adhésion. J’en resterai donc là, à mon grand regret tant j’étais disposée à entamer une nouvelle série policière, la trilogie étant complétée depuis sa parution par plusieurs autres tomes. En conclusion, une trilogie policière à succès qui ne m’a pas convaincue du tout avec ce premier tome.

La petite pièce hexagonale de Yôko Ogawa

Quatrième de couverture
 
Dans les vestiaires d'une piscine, une jeune femme est soudain attirée par une inconnue pourtant banale, effacée et silencieuse. Quelques jours plus tard, elle croise à nouveau l'inconnue qui marche dans la rue accompagnée d'une vieille dame et, fascinée, elle les suit à travers la ville jusqu'à une loge de gardien au milieu d'un parc. A l'intérieur, les deux femmes sont assises sur des chaises, elles semblent attendre leur tour. La plus âgée se lève, entre dans une haute armoire hexagonale : la petite pièce à raconter...
 
Etrange et obsédante, cette courte histoire fait appel à la poésie et à l'imaginaire pour évoquer les mystères de l'introspection, de la confession et de la psychanalyse.
 
Un très court roman (ou longue nouvelle) qui permet d’entrer dans l’univers étrange et envoûtant de Yôko Ogawa. Pas vraiment mon préféré à ce jour, je vous conseillerai plus volontiers « L'Annulaire » ou « Le Musée du silence » mais si vous ne connaissez pas encore la plume de l’auteur et l’atmosphère très particulière de ses récits, « La petite pièce hexagonale » peut être une bonne mise en bouche avant de poursuivre avec d’autres romans plus percutants et plus dérangeants de la romancière.



Prince d'orchestre de Metin Arditi

Quatrième de couverture
 
Alors que chaque concert lui vaut un triomphe et qu’il se trouve au sommet de sa gloire, le chef d’orchestre Alexis Kandilis commet une indélicatesse dont les conséquences pourraient être irrémédiables. Sa réputation est ébranlée. Aux déceptions et revers qui s’ensuivent il oppose la certitude de son destin d’exception. Mais les blessures les plus anciennes se rappellent à son souvenir. L’insidieux leitmotiv des Kindertotenlieder – Les chants des enfants morts – de Gustav Mahler lui chuchote sans répit le secret qu’il voudrait oublier. La chute est inexorable. Seules l’amitié ou la confiance de quelques proches semblent l’ouvrir à une autre approche de son talent, susciter en lui un homme nouveau, dont la personnalité glisserait de la toutepuissance à la compassion, de l’arrogance à l’empathie profonde. Se dessine peut-être une métamorphose…
 
Roman haletant, parcours exalté, bouleversé par les véhémences de la musique, Prince d’orchestre est aussi une réflexion sur la part d’imprévisible que contient toute existence, sur la force du hasard et les abîmes de la fragilité humaine, sur les souffrances que convoque, apaise, et souvent transcende l’inépuisable fécondité de l’art.
 
 
Une lecture en demi-teinte tant j’ai lu avec un certain plaisir ce roman tout en lui trouvant un arrière-goût persistant. Faute à la chute un peu trop précipitée et démonstrative du chef d’orchestre Alexis Kandilis ou à la psychologie trop linéaire ou monolithique du personnage ? J’étais pourtant contente de retrouver Pavlina de La fille des Louganis mais là aussi petite déception tant nous avons un peu de mal à retrouver la complexité du personnage. Reste l’importance de la destinée et des passions mortifères sans oublier les blessures de l’enfance aux cicatrices indélébiles et la fragilité de la vie. Une lecture agréable sans pour autant totalement convaincante. 


La ville des prodiges d'Eduardo Mendoza

Quatrième de couverture 

À quoi rêve Onofre Bouvila en franchissant les portes de cette ville des prodiges, geyser bouillonnant que cette Barcelone qui s'apprête à accueillir la prochaine exposition universelle de 1887 ? Suivant le cours du fleuve de l'exode, Onofre quitte sa campagne pour la ville. Et, malgré sa bonne volonté, il se heurte à un monde qu'il ne connaît pas, lardé d'une pauvreté issue d'une crise économique durable. Alors qu'il est sans le sou et que l'expulsion est pour le lendemain, une nuit, lui apparaît la bonne à tout faire de la pension qui lui sert d'abri. Tel l'ange Gabriel, elle lui offre la porte de sortie qui le conduira à gravir les échelons d'une réussite sociale qui le mènera de l'exposition universelle de 1887 à celle de 1929, du statut précaire de distributeur de tracts anarchistes à celui d'industriel de génie...
 
Si l’histoire de la ville de Barcelone est excellemment rendue dans ce roman, je n’ai pas pu m’empêcher d’y trouver le temps long. Le traitement et le manque de psychologie du personnage principal a certainement contribué au manque d’intérêt pour le récit. Un roman qui demande toute son attention tant il est dense et les personnages multiples, certaines événements s’imbriquant plus ou moins bien au fil de la lecture. A lire sans aucun doute pour les amoureux de la ville de Barcelone. Ne la connaissant pas, cela n’a peut-être pas aidé à apprécier ce roman comme il se doit. J’aurai mieux apprécié un roman moins riche sur le plan historique mais plus prenant dans l’incarnation des personnages. 


dimanche 2 décembre 2012

Demain j'aurai vingt ans d’Alain Mabanckou

Quatrième de couverture
 
Pointe-Noire, capitale économique du Congo, dans les années 1970. Le narrateur, Michel, est un garçon d'une dizaine d'années qui fait l'apprentissage de la vie, de l'amitié et de l'amour, tandis que le Congo vit sa première décennie d'indépendance sous la houlette de «l'immortel Marien Ngouabi», chef charismatique marxiste. Les épisodes d'une chronique familiale truculente et joyeuse se succèdent, avec ses situations burlesques, ses personnages hauts en couleur : le père adoptif de Michel, réceptionniste à l'hôtel Victory Palace ; maman Pauline, qui a parfois du mal à éduquer son turbulent fils unique ; l'oncle René, fort en gueule, riche et néanmoins opportunément communiste ; l'ami Lounès, dont la sœur Caroline provoque chez Michel un furieux remue-ménage d'hormones ; bien d'autres encore. Mais voilà que Michel est soupçonné, peut-être à raison, de détenir certains sortilèges... Au fil d'un récit enjoué, Alain Mabanckou nous offre une sorte de Vie devant soi à l'africaine. Les histoires d'amour y tiennent la plus grande place, avec des personnages attachants de jeunes filles et de femmes. La langue que Mabanckou prête à son narrateur est réjouissante, pleine d'images cocasses, et sa fausse naïveté fait merveille.
 
Franchement, qu’ajouter de plus à cette quatrième de couverture qui reflète parfaitement mon avis sur ce roman ? Insister sur le fait qu’il soit truculent, plein d’humour, d’ironie, de tendresse, de naïveté à hauteur d’enfant ? Qu’il a un ton bien à lui, toujours proche de l’oralité ? Que ce roman a des accents autobiographiques ? Une lecture, qui à défaut d’être passionnante, se révèle tout de même bien savoureuse. 


Le livre du rire et de l’oubli de Kundera

Variations sur la complexité du rire et les méandres de l’oubli, Kundera nous offre une belle panoplie à travers sept récits qui se rejoignent sur les thématiques abordées. J’ai été particulièrement sensible à celui de l’oubli ou l’évaporation de la mémoire, que l’auteur aborde du point de vue historique et politique (principalement la Tchécoslovaquie après 1968) mais également sous l’angle de l’intime et de l’identité. Comme par exemple la vieillesse d’une mère qui pose la question du processus de rétrécissement progressif lorsque la vie entame son long voyage vers le néant. Beaucoup de variations également sur les rapports amoureux triangulaires, un thème que j’imagine bien volontiers récurrent chez cet auteur.
 
Un livre qui se lit avec beaucoup de plaisir mais qui ne va sans doute pas me laisser un souvenir impérissable de par la fugacité et la multiplicité des histoires. Peu importe, la balade était agréable et l'envie d’aller voir plus loin en compagnie de l’auteur est présente tant cette première lecture était stimulante.
 
« Le mot intellectuel, dans le jargon politique d’alors, était une insulte. Il désignait un homme qui ne comprend pas la vie et qui est coupé du peuple. Tous les communistes qui ont été pendus en ce temps-là par d’autres communistes ont été gratifiés de cette injure. Contrairement à ceux qui avaient solidement les pieds sur terre, ils planaient, disait-on, quelque part dans les airs. Il était donc juste, en un sens, que la terre fût par châtiment définitivement refusée à leurs pieds et qu’ils restent suspendus un peu au-dessus du sol. »

samedi 1 décembre 2012

Edward Hopper au Grand Palais (exposition)



Exposition présentée au Grand Palais du 10 octobre 2012 au 28 janvier 2013.

Les peintures d’Edward Hopper ont la simplicité trompeuse des mythes, l’évidence des images d’Epinal. Chacune d’elles est un condensé des savoirs hypothétiques, des rêves que nous inspire l’Amérique. Expression des sentiments les plus poignants, ou pures constructions mentales, ces peintures donnent lieu aux interprétations les plus contradictoires. Romantique, réaliste, symboliste, et même formaliste, Hopper a été enrôlé tour à tour sous toutes les bannières. C’est cette complexité, signe de la richesse de cette oeuvre que s’efforce d’éclairer cette exposition. 

Conçue chronologiquement, elle se compose de deux grandes parties : la première, consacrée aux années de formation, rapproche les œuvres de Hopper de celles de ses contemporains et de celles, découvertes à Paris, qui ont pu l’inspirer. La seconde partie à l’art de la maturité, des premières peintures emblématiques de son style personnel à ses œuvres ultimes. 

Source
Je vous montre quelques-unes de ses œuvres de maturité mais l'exposition met aussi l'accent sur ses années d'apprentissage (aquarelles, gravures, illustrations).








mardi 13 novembre 2012

Paperboy de Lee Daniels

Synopsis :

1969, Lately, Floride. Ward Jansen, reporter au Miami Times, revient dans sa ville natale, accompagné de son partenaire d’écriture Yardley Acheman. Venus à la demande de Charlotte, femme énigmatique qui entretient une correspondance avec des détenus dans le couloir de la mort, ils vont enquêter sur le cas Hillary Van Wetter, un chasseur d’alligators qui risque d’être exécuté sans preuves concluantes. Persuadés de tenir l’article qui relancera leur carrière, ils sillonnent la région, conduits par Jack Jansen, le jeune frère de Ward, livreur du journal local à ses heures perdues. Fasciné par la troublante Charlotte, Jack les emmène de la prison de Moat County jusqu’aux marais, où les secrets se font de plus en plus lourds. L’enquête avance au coeur de cette Floride moite et écrasante, et révèle que parfois, la poursuite de la vérité peut être source de bien des maux... 

Il y avait matière à faire un bon film : la chaleur suintante et étouffante de la Floride et des marécages, les pulsions troubles et animales des personnages, le racisme larvé, la femme fatale et le jeune oisillon fou amoureux de la belle. Un film aux allures de parcours initiatique et de thriller qui ne choisit jamais vraiment son camp mais qui se révèle surtout vulgaire et indigeste à certains moments. Trop caricatural, trop racoleur, comme si le réalisateur prenait son malin plaisir à vouloir choquer son public en faisant le plus trash possible. Une histoire pourtant qui avait du potentiel mais qui aurait mérité un autre réalisateur. Mention spéciale pour John Cusack qui est franchement très convainquant dans un rôle totalement inhabituel de « méchant » : je l’ai trouvé absolument effrayant ! 


Titre original : The Paperboy
Réalisateu r: Lee Daniels
Acteur s: Matthew McConaughey, Zac Efron, John Cusack, Nicole Kidman, David Oyelowo
Origine : États-Unis
Genres: Drame Thriller
Année de production : 2012
Date de sortie en Belgique : 17/10/2012
Durée : 1h47

Note : 3/5

Les Hauts de Hurlevent d'Andréa Arnold

Synopsis 

Angleterre – XIXème siècle. Heathcliff, un enfant vagabond, est recueilli par M. Earnshaw qui vit seul avec ses deux enfants, Hindley et Cathy, dans une ferme isolée. Heathcliff est bientôt confronté aux violences de Hindley, jaloux de l’attention de son père pour cet étranger. Le jeune garçon devient le protégé de Cathy. A la mort de M. Earnshaw, Cathy est courtisée par le fils de riches voisins, laissant peu à peu Heathcliff à la merci de Hindley. A l’annonce du prochain mariage de Cathy, Heathcliff s’enfuit. L’attachement fraternel qu’il vouait à Cathy se transforme alors en un amour obsessionnel. Le film est présenté en compétition lors de la 68è Mostra de Venise. 

J'ai aimé la façon dont la réalisatrice a pris à bras le corps le roman d'Emily Brontë : tout est dans le ressenti, l’instinctif, le non-dit. Le langage des corps, la force de la nature, la sauvagerie et l’animalité des sentiments au détriment des dialogues, nous sommes bien loin d’une adaptation académique. Une adaptation qui va certainement en dérouter plus d’un et qui ne s’apprivoise pas si facilement : je n’ai plus compté le nombre de bâillements « à s’en décrocher la mâchoire » de la personne assise non loin de moi. J’ai pour ma part beaucoup apprécié ce contact avec les éléments de la nature, ce vent, cette lande, il y a du Terrence Malick dans ces plans-là, comme ce parallélisme entre la nature sauvage et la férocité des sentiments, ça claque, ça cogne, tout est dans la brutalité des relations à travers le corps et le regard des personnages. Une adaptation naturaliste puissante mais pointue aussi, pas vraiment grand public. 




Titre original : Wuthering Heights
Réalisateur : Andrea Arnold
Acteurs : Kaya Scodelario, James Howson, Nichola Burley, Oliver Milburn, Steve Evets, Amy Wren
Origine : Royaume-Uni
Genres : Drame Romance
Année de production : 2011
Date de sortie en Belgique : 02/05/2012
Durée : 2h08

Note : 4/5

lundi 12 novembre 2012

A Royal Affair de Nikolaj Arcel (film)

Synopsis
 
Le 18ième siècle. L'histoire vraie d'un homme ordinaire qui gagne le coeur d'une reine et démarre une révolution. Centré sur le triangle amoureux constitué par Christian VII, roi cyclothymique et débauché, l'idéaliste Struensee, médecin imprégné de la pensée des Lumières, et la jeune reine Caroline Mathilde, A Royal Affair relate l'épopée d'idéalistes audacieux qui, vingt ans avant la révolution française, risquèrent tout pour imposer des mesures en faveur du peuple.
 
Excellent film historique que je ne peux que vous conseiller tant tout est absolument maîtrisé : le jeu des acteurs (l’excellent Mads Mikkelsen dans le rôle de Johann Friedrich Struensee, l’émouvante Alicia Vikander dans le rôle de la reine Caroline Mathilde de Hanovre et l’épatant Mikkel Boe Folsgaard dans le rôle du roi foldingue Christian VII du Danemark), la reconstitution historique, les enjeux politiques de l’époque, la misère du peuple et le nid de vipères du pouvoir en place, sans oublier la folle passion de Johann Friedrich Struensee pour la reine. De l’intrigue et des complots, l’influence des idées du Siècle des lumières, l’idéalisme au service de la révolution, une histoire d’amour intense et romantique, des personnages fouillés et intéressants, s’il ne faut voir qu’un film historique cette année, c’est celui-là ! Et un final renversant et dramatique à souhait, car s’il s’agit bien d’un film historique, le drame est irrémédiablement de la partie. Un régal.





 
Prix du public de l'American Film Institute.
Double Ours d'Argent (celui du meilleur scénario et celui du meilleur acteur) au Festival de Berlin.

Et pour ceux ou celles qui aimeraient en savoir plus sur cette période très riche de l’histoire du Danemark, je vous conseille le roman Le médecin personnel du roi de Per-Olov Enquist.

Moins réussi que son pendant au cinéma, il fournit néanmoins des éclairages supplémentaires très intéressants et extrêmement bien documentés sur le sujet. Dommage que la plume de l’auteur ne soit pas plus légère, restant plus proche de la biographie que du roman.

dimanche 11 novembre 2012

Tango libre de Frédéric Fonteyne

Tango libre de Frédéric Fonteyne 
France, Belgique, Luxembourg - 2012
Avec François Damiens, Anne Paulicevich, Sergi López, Jan Hammenecker, Zacharie Chasseriaud

JC (François Damiens), gardien de prison, est un homme sans histoires. Sa seule fantaisie, le tango, une fois par semaine. Un soir de cours il danse avec une nouvelle, Alice (Anne Paulicevich), la trentaine radieuse, mère d'un ado de 15 ans. Le lendemain, il revoit cette femme au parloir de la prison. Elle rend visite à deux prisonniers, Fernand (Sergi Lopez) et Dominic (Jan Hammenecker), deux vieux complices de toujours. L'un est son mari, l'autre son amant. JC, l'homme sans histoires, se retrouve spectateur d'une femme avec trop d'histoires. Une femme qui vit au gré de ses envies et selon ses propres règles, partagée entre ses hommes. Le règlement de la prison interdit aux gardiens de côtoyer la famille des prisonniers... JC va transgresser tous les principes qui définissaient sa vie.
 
Le réalisateur belge Frédéric Fonteyne (Une liaison pornographique, La Femme de Gilles) revient, après plusieurs années d’absence, en reprenant un thème qui lui est cher, à savoir l’amour et ses chemins de traverse. Un film que j’ai aimé pour le souffle de liberté qu’il dégage : liberté d’aimer différemment, liberté de danser le tango pour se sentir exister.
 
Un film qui oscille souvent entre le sourire et les larmes, entre la grâce et la sensualité d’une femme qui s’abandonne aux corps lourds et maladroits de ses amoureux qui se mettent à danser le tango pour séduire la belle. On ne peut s’empêcher de se dire que quatre hommes, en comptant le fils en plein crise d’adolescence (Zacharie Chasseriaud, un jeune acteur qu’on reverra à coup sûr), est sans doute très ambitieux pour une seule femme mais qu’importe, on se laisse porter par la fable, par ces corps filmés au plus près, par cette violence des mots et des gestes, par l’intensité des sentiments. Sans oublier la beauté de la danse lorsque deux détenus argentins se jettent à corps (à cœur ?) perdu dans un tango, tout en sueur et en force, au milieu des codétenus. Quelle intensité et quelle énergie se dégagent de cette scène !
 
De bons comédiens, quelques beaux moments et un final assez burlesque il est vrai mais qui a le mérite de nous donner le sourire. A défaut d’un grand film, un film sympathique, on ne va tout de même pas bouder son plaisir, que diable !