lundi 26 juillet 2010

La femme comestible de Margaret Atwood


Quatrième de couverture
 
Marian se cherche, irrésolue. Depuis qu'elle est fiancée, chez elle tout se détraque. Si elle s'en sort à peu près avec Peter son supposé futur mari, ainsi qu'avec son travail d'opératrice en marketing, le fait de ne plus pouvoir s'alimenter lui pose un problème d'une tout autre ampleur. Moins elle peut avaler, plus elle se sent elle-même dévorée : comme si, de membre ordinaire de notre société de consommation, elle se retrouvait dans la peau d'un de ses produits...


Mon avis

La femme comestible, longtemps resté inédit en France mais publié récemment dans la collection Pavillons poche, est en fait le premier roman de l’auteur. Paru en 1969, ce premier roman constitue une première réussite dans l’œuvre de Margaret Atwood tant il pose avec justesse un regard acéré sur la féminité et les stéréotypes sociaux d’une époque (les sixties) où il était de bon ton de quitter son emploi dès le mariage conclu, où le port de gaine était toujours conseillé, où les logeuses surveillaient (épiaient ?) jalousement la moralité de leurs locataires féminines et où les jeunes femmes étaient déjà considérées comme des vieilles filles si elles n’avaient pas encore la bague au doigt.
 
Mais les sixties annoncent également les débuts de la pilule contraceptive et de la libération de la femme, début également de la société de consommation, bref une époque propice pour s’embrouiller les méninges, tant certaines femmes peinent à se forger une identité clairement définie tant les modèles identitaires se multiplient tout en étant souvent très éloignés les uns des autres. C’est que la liberté de ne plus suivre une voie toute tracée a un prix, celui de devoir choisir et d’assumer son choix ! Avec la crainte corollaire de se faire dévorer par un système qui les dépasse complètement.
 
Ne vous fiez pas à ce compte-rendu, nous ne sommes pas dans une étude sociologique de la condition de la femme dans les sixties. Si la justesse du regard de Margaret Atwood sur la féminité de l’époque n’est plus à démontrer, vous seriez étonné de constater à quels points certains sujets demeurent toujours d’actualité : qu’en est-il du mariage, de l’engagement ? Faut-il avoir des enfants, faut-il un père pour ses enfants ou peut-on faire des enfants « toute seule »? Qu’en est-il du risque de se faire engloutir et absorber par l’autre ? Tout n’est-il pas devenu produit consommable et périssable, bon à jeter et à être remplacer illico presto ?
 
Notre héroïne en perd l’appétit tant tout devient confus depuis le jour où elle a accepté la demande en mariage de son futur époux. Et contrairement à ce que peut faire penser ce billet, ce roman est incroyablement drôle et grinçant à la fois. J’ai pris beaucoup de plaisir à le lire tant le ton ironique et cinglant de l’auteur m’a souvent fait rire. Je ne connaissais pas cette facette humoristique de Margaret Atwood et je la découvre d’autant plus avec délice et jubilation. 


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