samedi 6 septembre 2008

La trilogie Millénium de Stieg Larsson

 Véritable phénomène littéraire en Europe, avec ses huit millions d’exemplaires vendus, Millénium n’est plus vraiment à présenter. Il connaît un tel succès que la ville de Stockholm a mis sur pied un circuit touristique d’une heure et demie pour guider les fans sur les traces du héros SuperBlomkvist. Quelques chiffres pour mesurer l’ampleur du phénomène : sur les neuf millions d’habitants suédois, la trilogie s’est vendue à 2,7 millions d’exemplaires, trente-deux pays ont acheté les droits de publication, 150.000 exemplaires pour la sortie en librairie du mois de septembre aux Etats-Unis.
C’est la maison d’édition française qui se frotte les mains : meilleure vente d’Actes Sud depuis sa création en 1978, qui a créé à l’occasion une collection spéciale Actes Noirs, allant de 2 à 3.000 ventes par jour et parfois jusqu’à 4.000, avec six millions d’euros du chiffre d’affaires net à ce jour !

Et moi dans tout ça, qu’est-ce que j’en ai pensé ?
J’ai commencé Millénium 1 en septembre 2007, j’ai terminé Millénium 3 en septembre 2008, soit exactement un an pour lire les trois tomes ou les quelques 1900 pages que compte la trilogie. Le fait de mettre un an pour lire la série et l’extrême facilité avec laquelle j’ai pu attendre plusieurs mois avant d’enchaîner les tomes suivants indique clairement que je n’ai pas été totalement « addict ».

Est-ce à dire que ce n’était pas si terrible tout compte fait ? Non plus ! Au contraire, j’ai trouvé que pour un best-seller, il était plutôt bien fichu. Et pour cause, l’auteur Stieg Larsson, décédé d'une crise cardiaque en 2004 à l’âge de 50 ans, peu de temps après avoir remis les dernières épreuves à son éditeur, savait de quoi il parlait : faisant figure de référence dans la lutte contre l'extrême droite et le racisme, il dirigeait également une revue suédoise dénonçant les manifestations ordinaires du fascisme en Suède. Qu’on se le dise, Millénium est bien plus qu’un simple polar, raison d’ailleurs pour laquelle son lectorat dépasse largement les fans purs et durs du genre, pire, je gage que certains lecteurs assidus de polars n’y trouveront peut-être pas vraiment leur compte et resteront un peu sur leur faim.
Car on y trouve avant tout une description de la société suédoise contemporaine, des investigations journalistiques, une dénonciation des abus du monde politique & financier, de la criminalité en col blanc, des pervers sexuels, sans oublier une étude sur la maltraitance des femmes.

Mais pourquoi n’ai-je pas été « addict » alors ?
Et bien… disons que je n’ai jamais pu me projeter dans les protagonistes de la série : Lisbeth Sallander, jeune pirate informatique gothique et à demi autiste, m’a fait penser à Fifi Brindacier et le journaliste SuperBlomkvist, trop lisse et trop parfait, manque un peu d’aspérité pour qu’on y croit vraiment ! A croire que Stieg Larsson, lui-même journaliste et rédacteur en chef de la revue Expo, ait voulu projeter dans son héros une image totalement idéalisée de sa personne. Bref, je suis toujours restée un peu « en-dehors », d’où sans doute mon absence d’addiction.

Quelques passages m’ont vraiment fait sourire aussi, notamment lorsque la sexualité des protagonistes était abordée. Ah ça, pour être en Suède, nous sommes bien en Suède : bandage, partouze, infidélité revendiquée et acceptée, partie fine à trois avec mari à tendance homosexuelle, relation lesbienne et SM, tout y passe avec une telle décontraction que nous avons le sentiment que la Suède est décidemment à des années lumière de la France et de la Belgique en ce qui concerne les moeurs sexuelles. Stieg Larsson décrit parfois en cinq lignes, avec une simplicité désarmante, ce que d’autres auteurs français décriraient dans un bouquin entier avec multitudes prises de tête, culpabilité et névroses diverses ! Le coup de la femme qui a passé la nuit avec son amant ou oubliant d’avertir le mari qui commençait à se faire du soucis et qui râle un peu après avoir tenté toute la nuit de la contacter en lui disant de ne plus jamais oublier de le tenir au courant la prochaine fois afin qu’il ne se fasse plus de soucis inutiles fait franchement rire ! Ici, ce n’est plus la sexualité qui est taboue mais bien ce qui touche aux sentiments… ah ben oui, nobody is perfect :-D

En conclusion, un bon best-seller donc, même si je ne crierais pas au génie ni à l’œuvre du siècle bien que ce fût une lecture intéressante, divertissante et plaisante. Et c’est déjà pas si mal !


Millénium 1 : Les hommes qui n'aimaient pas les femmes, Edition Actes Sud, Collection Actes Noirs, ISBN 2742761578, 09/2006, 574 pages

Millénium 2 : La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette, Edition Actes Sud, Collection Actes Noirs, ISBN 2742765018, 652 pages

Millenium 3 : La reine dans le palais des courants d'air, Edition Actes Sud, Collection Actes Noirs, ISBN 2742770313, 710 pages

Traduit du suédois par Lena Grumbach et Marc de Gouvenain. Cette traduction a donné lieu à une polémique, en raison d'étrangetés de formulations et d'incorrections stylistiques et grammaticales (source : wikipedia).

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