mardi 3 juin 2008

Lanark d'Alasdair Gray

Quatrième de couverture

Non, ce n’est pas une erreur d’impression ! Lorsque vous lisez la table des matières de ce volumineux roman, il s’ouvre bien sur... le livre trois et se poursuit par le livre un ! Et dès les premières lignes, vous êtes bien propulsé dans une histoire déroutante, sans dessus ni dessous. Normal : Lanark, le héros, est amnésique. Dans le chaos le plus kafkaïen, il erre dans un Glasgow froid et sombre, entre sa chambre et le café Elite où il retrouve la bande à Sludden. Dans ce monde en décrépitude, une seule chose l’intéresse : la lumière.

Désespéré, il finit par se suicider et renaît dans un monde de science-fiction dans lequel il devient thérapeute de personnes se transformant petit à petit en dragons. Kafka fait place cette fois à Salinger et ses profondes introspections et, peu à peu, Lanark retrouve sa véritable identité.


Mon avis

Le roman Lanark d’Alasdair Gray est un roman condensé aux facettes multiples : on y parle de société, de bureaucratie, de nature humaine, de difficulté relationnelle, de mort, de l’art, de Dieu, des femmes…

Il m’est difficile de choisir certains passages intéressants parmi d'autres tant ceux-ci foisonnent au fil des pages. Nous retrouvons également beaucoup de références à de multiples auteurs tels que Kafka (notamment "Le château" pour les absurdités administratives et le non-sens et "La métamorphose" pour la transformation en dragons de certains personnages), de références psychanalytiques et philosophiques. La liste des références serait trop longue à énumérer mais sachez que l’auteur a eu la gentillesse de nous les livrer dans l’Epilogue !

Mais voilà, comme vous avez pu le remarquer, j’ai souvent utilisé les termes « beaucoup », « multiples », « nombreux », « foisonnant » et « condensé ». Ce roman, considéré comme un chef-d’œuvre par beaucoup, m’a paru… très long. J’étais pressée d’en finir, de passer à autre chose, je pense que je commençais tout doucement à m’ennuyer tout simplement.  Il aurait peut-être gagné en légèreté, à trop vouloir étreindre de sujets, on finit par s'y noyer… mais cela n’engage que moi, je ne voudrais pas froisser les inconditionnels ;-)

Malgré ces critiques, ce roman demeure une expérience assez unique et originale dans son genre : ambitieux, étonnant, imprévisible et déconcertant, non dénué d'humour.


Extrait

La chaleur produite par un corps devrait circuler facilement à travers, inonder ses pores, son pénis, son anus, ses yeux, ses lèvres, ses membres et le bout de ses doigts par le biais d'actes de générosité et instinct de conservation. Mais beaucoup de gens redoutent le froid et tentent de garder plus de chaleur qu'ils n'en donnent, ils empêchent la chaleur de s'évacuer par un organe ou un membre, et la chaleur ainsi arrêtée transforme la surface en une cuirasse dure et isolante.

Quelle partie de vous s'est-elle transformée en dragon ? 

« - Vous voyez, les femmes sont différentes de nous. Elles sont composées à soixante-quinze pour cent d’eau. On lit ça dans Pavlov. […]

- Les hommes aussi sont faits principalement d’eau.

- Oui, mais à soixante-dix pour cent seulement. Ce sont les cinq pour cent de plus qui font la différence. Les femmes ont des idées et des sentiments comme nous, mais elles ont également des marées, des marées qui n’arrêtent pas de faire flotter les morceaux d’être humain qu’elles ont à l’intérieur d’elles, et de les rapprocher puis de les séparer à nouveau. Elles sont gouvernées par la gravité lunaire ; on lit ça dans Newton. Comment est-ce qu’elle peuvent suivre les conceptions ordinaires du savoir-vivre alors qu’elles sont gouvernées par la lune ? » 



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire