vendredi 30 septembre 2016

Bilan du mois de septembre 2016



Films



* * * *
Frantz (2016) de François Ozon
Comancheria (Hell Or High Water, 2016) de David Mackenzie
Memories of Murder (Salinui chueok, 2003) de Bong Joon-ho


* * *
Viva (2016) de Paddy Breathnach  ❤
Colonia (2015) de Florian Gallenberger
Green Room (2015) de Jeremy Saulnier
99 homes (2014) de Ramin Bahrani
Inside Llewyn Davis (2013) de Ethan & Joel Coen
L'Autre rive (Undertow, 2004) de David Gordon Green


* * (*)
Voir du pays (2016) de Delphine & Muriel Coulin  
Café Society (2016) de Woody Allen
Charlie's Country (2013) de Rolf De Heer
Louis Cyr : l'homme le plus fort du monde (2013) de Daniel Roby
De l'autre côté du mur (West, 2013) de Christian Schwochow
Kaddish pour un ami (Kaddisch für einen Freund, 2011) de Léo Khashin
Dr. Jekyll et Mr. Hyde (1920) de John S. Robertson






Lectures


* * * *
Abattoir 5 (Signatures Points, 2016) de Kurt Vonnegut
Le jour des corneilles (Libretto, 2013) de Jean-François Beauchemin ❤


* * *
Défaite des maîtres et possesseurs (Seuil, 2016) de Vincent Message
Opération Napoléon (Métailié Noir, 2015) d'Arnaldur Indriðason




BD
http://www.editions-delcourt.fr/serie/chroniques-de-jerusalem.html
http://www.meletout.net/swysen/?page_id=19
http://www.editions-ruedesevres.fr/content/elle-sappelait-tomoji-0
http://www.bamboo.fr/bd-le-jour-ou-le-bus-est-reparti-sans-elle-tome-1-8270824.html
http://www.futuropolis.fr/fiche_titre.php?id_article=717058
http://www.futuropolis.fr/fiche_titre.php?id_article=717056
http://www.futuropolis.fr/fiche_titre.php?id_article=790309


* * * *
Le jour où le bus est parti sans elle (Bamboo, 2016) de Beka et Marko
Victor Hugo (Joker, 2014) de Bernard Swysen  
Holmes, tome 1 : L'adieu à Baker Street (Futuropolis, 2008) de Cecil & Luc Brunschwig  ❤
Holmes, tome 2 : Les liens du sang (Futuropolis, 2008) de Cecil & Luc Brunschwig ❤
Holmes, tome 3 : L'ombre du doute (Futuropolis, 2012) de Cecil & Luc Brunschwig ❤
Holmes, tome 4 : La dame de Scutari (Futuropolis, 2015) de Cecil & Luc Brunschwig ❤


* * *
Elle s'appelait Tomoji (Rue de Sèvres, 2015) de Jirô Taniguchi
Chroniques de Jérusalem (Delcourt, 2011) de Guy Delisle


Cliquez sur la couverture pour accéder à la présentation de l’œuvre chez l'éditeur.



Musées, Expositions, Visites, Festival


Madrid :
Visite du jardin botanique royal de Madrid (Real Jardín Botánico de Madrid) ❤
Musée Thyssen-Bornemisza (Museo de arte Thyssen-Bornemisza)
      * Exposition Caillebotte
      * Exposition Caravaggio et les peintres du Nord
Musée national du Prado (Museo Nacional del Prado) ❤
Musée Reina Sofía (Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía)

Toledo :
* Visite de la Santa Iglesia Catedral Primada ❤
* Visite de la Synagogue Santa María la Blanca

Segovia ❤ :
Visite de l'Alcazar de Ségovie

San Lorenzo de El Escorial :
Visite de l'Escurial ❤




* Entretien avec Jens Christian Grøndahl
* Discussion autour de la traduction avec Brice Matthieussent, Robert McLiam Wilson et Peter Heller



mercredi 28 septembre 2016

Le Festival International du Film Francophone de Namur



Le 31ème Festival International du Film Francophone de Namur ouvrira ses portes du 30 septembre au 6 octobre 2016. Représentants de toute la diversité de la Francophonie, ses différents Jury remettent chaque année les différents Bayard. Vous trouverez la liste des quinze films en compétition en cliquant sur le lien.


Cette année, ce sera l'acteur & réalisateur Bouli Lanners qui sera président du jury long-métrage. Les autres membres du jury sont : Marguerite Abouet (Côte d’Ivoire, réalisatrice et auteure),  Jérôme Bonnell (France, réalisateur),  Sandrine Bonnaire (France, comédienne et réalisatrice),  Tudor Giurgiu (Roumanie, producteur, réalisateur et directeur du Festival de Cluj),  Niels Schneider (Québec, comédien) et  Eileen Hofer (Suisse, réalisatrice, journaliste et photographe). Vous trouverez plus de détails en suivant ce lien

Je n'ai jamais participé auparavant à ce festival mais je compte m'y rendre ce week-end. Je me concocte un programme léger, n'appréciant pas de voir trop de films sur une seule journée. Mon programme, qui peut encore changer, devrait être le suivant :

SAMEDI 1 SEPTEMBRE


Boris sans Béatrice de Denis Côté
Pays : Québec
Année : 2016
Interprètes : James Hyndman, Simone Elise-Gerard, Denis Lavant, Isolda Dychauk, Dounia Sichov


Synopsis

Quelque part dans le Québec d’aujourd’hui, Boris Malinovsky a atteint tous ses buts. Esprit fort et orgueilleux, il ne manque pas d’une certaine arrogance par rapport à ses réussites. Depuis un temps, sa femme Béatrice, Ministre au Gouvernement du Canada, est clouée au lit, victime d’une mystérieuse maladie. Pour apaiser son tourment, Boris entretient une relation avec une collègue, Helga, et se rapproche de la jeune domestique de la maison, Klara. L’apparition soudaine d’un inconnu obligera Boris à se confronter au monde, à ses acquis et à ses certitudes.

Pourquoi avoir choisi le dernier film du québécois Denis Côté ? Parce que ses films me surprennent, que ses personnages sont souvent hors normes, qu'un inconnu ou une angoisse diffuse va surgir à un moment ou un autre qui va tout changer pour les protagonistes. Ces sont des films troublants au charme étrange où les silences, l'incommunicabilité et les non-dits occupent une place centrale. 

Vous trouverez mes commentaires sur deux autres films du réalisateur, en cliquant sur les liens correspondants :


A lire également, la présentation du film et du réalisateur sur le site du festival : Boris sans Béatrice de Denis Côté.


Orpheline d'Arnaud Des Pallières
Pays : France
Année : 2016
Interprètes : Adèle Haenel, Adèle Exarchopoulos, Véga Cuzytek, Solène Rigot, Gemma Arterton, Sergi López

Synopsis

Quatre moments de la vie de quatre personnages féminins. Une petite fille de la campagne, prise dans une tragique partie de cache-cache. Une adolescente ballottée de fugue en fugue, d'homme en homme, puisque tout vaut mieux que le triste foyer familial. Une jeune fille qui monte à Paris et frôle la catastrophe. La femme accomplie enfin, qui se croyait à l'abri de son passé. Peu à peu, ces figures forment une seule et même héroïne.

Pourquoi avoir choisi le dernier film d'Arnaud Des Pallières ? Parce que je l'ai déjà rencontré lors d'un précédent festival, et que j'avais apprécié ses commentaires. La brochette d'acteurs du film est aussi très intéressante. 

Vous trouverez mon commentaires sur le film précédent du réalisateur, en cliquant sur le lien correspondant :

* Michael Kohlhaas

A lire également, la présentation du film et du réalisateur sur le site du festival : Orpheline d'Arnaud Des Pallières.



DIMANCHE 2 SEPTEMBRE

Rencontre avec Sergi López

Pour cette 31ème édition, le FIFF offre son Coup de cœur au comédien espagnol Sergi López. Il nous fait l’honneur de venir à Namur, notamment à l’occasion d’une rencontre publique durant laquelle il abordera son parcours cinématographique et sa passion pour le 7ème Art.

Présentation de son parcours professionnel sur le site de festival : le coup de coeur du festival, Sergi López.

Pourquoi j'ai choisi d'aller à la rencontre de Sergi López ? Euh je crois que tout le monde comprendra, pas besoin d'explication il me semble ;-) Et il est d'origine espagnole en plus, comme ma môman, alors...

Vous trouverez mes commentaires sur deux films tournés avec Sergi López en tant qu'acteur principal, en cliquant sur les liens correspondants :

* Le labyrinthe de Pan de Guillermo Del Toro  
* Tango libre de Frédéric Fonteyne

 

Manoir de Pier-Luc Latulippe, Martin Fournier

Pays : Québec
Année : 2015
Genre : Documentaire


Synopsis

Depuis les années 1990, le vieux Manoir Gaulin accueille d’anciens résidents de l’hôpital psychiatrique de Saint-Hyacinthe. Ils sont une trentaine à habiter ce lieu d’hébergement alternatif, devenu leur planche de salut après la vague de désinstitutionnalisation qui les a un jour jetés à la rue sans ressources. Rentabilité oblige, ce motel de bout du monde sera bientôt détruit pour faire le bonheur des promoteurs. Le film est le récit de cette page qui se tourne alors que chacun s’affaire à réorganiser son quotidien. À l’écoute de ces laissés-pour-compte oubliés de tous, Manoir prend soin des invisibles en les rendant à notre regard et à la vie.  

Pourquoi j'ai choisi ce reportage sur un lieu d’hébergement alternatif à l'hôpital psychiatrique ? Parce que j'ai effectué un stage de 6 mois dans un endroit équivalent pendant mes études, que j'ai côtoyé des personnes venant de l’hôpital psychiatrique pour mon mémoire de fin d'étude, parce que je suis allée visiter des amis ou un membre de ma famille dans un hôpital psychiatrique, parce qu'un jour ou l'autre, nous pouvons tous y séjourner car personne n'est à l'abri. Un sujet qui me tient à coeur.

A lire également, la présentation du documentaire et des réalisateurs sur le site du festival : Manoir de Pier-Luc Latulippe, Martin Fournier


Le Pacte des anges de Richard Angers

Pays : Québec
Année : 2016
Interprètes : Marc Messier, Lenni-Kim Lalande, Émile Schneider

Synopsis 

Adrien, un solitaire d'âge mûr, se retrouve au mauvais endroit au mauvais moment et se fait enlever par Cédric et William, deux frères de quatorze et dix-huit ans qui se sont sérieusement mis dans le pétrin. Commence alors pour ce trio singulier un voyage tumultueux, où chacun sera amené à révéler sa vraie nature. Désormais liés par le destin, ces trois êtres fragiles devront dépasser leurs préjugés et s'allier pour s'en sortir. 

Pourquoi j'ai choisi ce film ? Pour la découverte d'un réalisateur québécois que je  ne connais pas, et ce pour la bonne raison qu'il s'agit de son premier long métrage. Puis parce que son horaire de passage me convient bien aussi ;-)

A lire également, la présentation du film et du réalisateur sur le site du festival : Le Pacte des anges de Richard Angers.


Et si vous voulez tout savoir sur ce festival, c'est ici que ça se passe !


mardi 27 septembre 2016

Frantz de François Ozon

Frantz de François Ozon 
Avec Pierre Niney, Paula Beer, Ernst Stötzner, Cyrielle Claire
France, Allemagne - 2016 

Au lendemain de la guerre 14-18, dans une petite ville allemande, Anna se rend tous les jours sur la tombe de son fiancé, Frantz, mort sur le front en France. Mais ce jour-là, un jeune Français, Adrien, est venu se recueillir sur la tombe de son ami allemand. 

Le réalisateur aborde la complexité des relations franco-allemande au lendemain de la Première Guerre mondiale par le biais d'un drame romantique mis en scène avec élégance et sobriété. Un drame dans lequel l’émotion est avant tout contenue et vainement maitrisée, tant elle rejaillit au détour d’un regard parfois vacillant, d’autres fois plus intense, ou encore d’un frémissement révélateur qui se moque des convenances. Une jeunesse sacrifiée par leurs pères, la peur de l'autre, l’ambiguïté du mensonge, les jeux de miroirs et de masques, la mort, le deuil, la culpabilité et le pardon sont quelques-unes des thématiques de ce long métrage, filmé la plupart du temps en noir et blanc avec quelques passages à la couleur, comme un visage exsangue et asphyxié retrouverait ses couleurs lors de l’accélération des battements de cœur. J’ai été prise parfois d’une certaine confusion, tant j’ai eu le sentiment étrange qu’Anna était plus la fille des parents de Frantz que leur future belle-fille, comme s’il y avait aussi quelque chose de très fraternel dans sa relation avec son défunt fiancé (ce que nous retrouvons d’ailleurs en miroir dans la propre histoire d’Adrien, qu’on découvre avec l’héroïne dans la deuxième partie, mais je n’en dirai pas plus pour vous ménager le suspens). Quoi qu’il en soit, Frantz de François Ozon est un très joli film et une agréable surprise en ce qui me concerne, dans la mesure où les films du réalisateur n’arrivent pas toujours à me convaincre aussi aisément que celui-ci. Il faut dire que François Ozon fait la part belle à la culture, comme la poésie, la musique ou la peinture, ce qui ne pouvait que me séduire. 


Je ne vous apprends rien à vous disant que Paula Beer est la révélation de ce film, une jeune actrice allemande d’une grande expressivité et d’une maturité étonnante pour son âge. Elle m’avait déjà bluffée lorsque je l’ai découverte l’année passée, dans son premier film Poll de Chris Kraus (2010), alors qu’elle n’avait que 14 ans au moment du tournage. A tel point que je m’étais empressée de chercher des informations à son sujet. Coïncidence, je l’ai revue ensuite dans The Dark Valley (Das Finstere Tal) d'Andreas Prochaska (2014). Deux films que je vous conseille et une actrice à suivre, sans aucun doute, tant je suis persuadée qu’elle sera une grande actrice qui comptera dans le monde du Cinéma. Car sous son apparence sage se cache assurément un tempérament passionné qui transparaît dans son regard, ô combien intense et lumineux.  Elle a obtenu le Prix Marcello Mastroianni du Meilleur Espoir au 73e Festival de Venise pour son rôle dans Frantz. 

 

Les avis de Pascale, Martin, Strum et Princecranoir.

dimanche 25 septembre 2016

Le Palais des rêves d’Ismail Kadaré

Début du roman, chapitre I : Le matin

C’était une matinée humide. Il tombait une petite pluie mêlée de neige. Les immeubles massifs qui considéraient de haut l’animation de la rue avec leurs lourds portails et leurs vantaux encore clos, semblaient ajouter à la grisaille de ce début de journée.

Mark-Alem endossa son manteau, attachant jusqu’au dernier bouton qui le serrait au cou ; il porta son regard vers les réverbères en fer forgé autour desquels voltigeaient, clairsemés, les fins flocons, et sentit un frisson lui parcourir l’échine.

L’avenue, comme d’ordinaire à cette heure, était remplie d’employés des ministères qui pressaient le pas pour arriver à temps à leurs bureaux. En chemin, il se demanda à deux ou trois reprises s’il n’eût pas mieux fait de prendre un fiacre. Le trajet jusqu’au Tabir Sarrail lui paraissait plus long qu’il ne l’avait imaginé et, de surcroît, le pavage du trottoir, couvert d’une mince couche de neige à demi fondue, était glissant. 

Mon avis

Et si le pouvoir central pouvait surveiller et interpréter les rêves de tous les citoyens ? Charger une administration de les collecter, les trier et les interpréter afin d’isoler ceux qui pourraient changer le destin d’un homme, d’une famille illustre ou d’un empire ? Des interprétations ne pouvant qu'être subjectives, et donc manipulables et utilisables arbitrairement par un État totalitaire paranoïaque. Une administration logée dans un palais labyrinthique, dans lequel on se perd facilement et qui n’est pas sans rappeler le Château de Kafka. La représentation d’un système totalitaire, qui ne prend pas la forme d’un récit de science-fiction comme l’ont fait avant lui George Orwell, Philip K. Dick ou Aldous Huxley (pour ne citer que les auteurs emblématiques du genre), mais plus volontiers celle d’une fable légèrement teintée d'orientalisme. Un récit allégorique situé dans un pays imaginaire turco-albanais, métaphore par excellence de l’Albanie socialiste d'Enver Hoxha. Le pouvoir en place ne s’y trompe d’ailleurs pas, dans la mesure où Le palais des rêves sera le premier roman publié d’Ismail Kadaré déclaré hostile au régime. Il dira au sujet de l’écriture de ce récit « Plus j’y réfléchissais, plus il se dessinait nettement à mes yeux : c’était une sorte de royaume de la mort, peuplé non pas des êtres eux-mêmes, mais de leur sommeil et de leurs songes (…) les ténèbres, la triste dilution de toutes choses, la pétrification du temps, sa marche à rebours, son sur-place ». 

Un excellent récit qui témoigne des talents de conteur de l’écrivain. Je vous le conseille, bien évidemment.


Quatrième de couverture

Rejeton d’une illustre famille de grands serviteurs de l’Etat, Mark-Alem est embauché dans la plus secrète, la plus puissante, la plus terrifiante institution qui se puisse imaginer : une administration chargée de collecter, jusque dans les provinces les plus reculées, les songes de tout un chacun, de les rassembler dans un lieu unique, puis de les trier, de les classer, de les interpréter, afin d’isoler ces « maîtres-rêves » dans lesquels le destin de l’Empire et de son tyran pourra être déchiffré. Cercle après cercle, Mark-Alem est promu dans les instances concentriques de ce haut lieu de pouvoir, jusqu’à en devenir le maître tout-puissant. Mais un maître hanté par la crainte d’être à son tour broyé par la bureaucratie infernale qu’il dirige : ne finira-t-il pas par lire un jour, dans le rébus de quelque rêve anonyme, la disgrâce et la condamnation de sa propre famille ?

Le Palais des rêves d’Ismail Kadaré, traduit de l’albanais par Jusuf Vrioni, Le Livre de Poche, 01/09/1993, 224 pages


Quelques mots sur l'auteur

Ismail Kadaré  nait en 1936 dans le Sud de l’Albanie. Il parachève à Moscou, à l’institut Gorki, des études commencées à la faculté de lettres de Tirana. En 1960, il se lance dans le journalisme et publie de la poésie. En 1963, la parution de son premier roman Le Général de l'armée morte lui apporte la renommée, d'abord en Albanie, ensuite à l'étranger, grâce à la traduction française de Jusuf Vrioni. Devenu écrivain à plein temps, Ismail Kadaré dirige parallèlement la revue littéraire Les lettres albanaises. En 1990, il obtient l'asile politique en France et partage sa vie entre Paris et Tirana. En 1996, il a été élu membre associé étranger de l’académie des Sciences morales et politiques. Il reçoit le prix international Man Booker en 2005 et le prix Prince des Asturies de littérature en 2009. Il est traduit dans une quarantaine de pays.


Quelques romans parus au format Poche :

samedi 24 septembre 2016

Voir du pays de Delphine et Muriel Coulin

Voir du pays de Delphine et Muriel Coulin
Avec Soko, Ariane Labed, Karim Leklou, Ginger Romàn
Date de sortie en Belgique : 07/09/2016


Deux jeunes militaires, Aurore et Marine, reviennent d’Afghanistan. Avec leur section, elles vont passer trois jours à Chypre, dans un hôtel cinq étoiles, au milieu des touristes en vacances, pour ce que l’armée appelle un sas de décompression, où on va les aider à « oublier la guerre ». Mais on ne se libère pas de la violence si facilement…

Ce film pose essentiellement trois questions : quelle est la place de la femme dans un milieu aussi masculin que celui de l’armée, quel retour « à la normale » est envisageable après avoir affronté la guerre et la mort de ses compagnons d’armes, quelle est la place du libre arbitre dans un système aussi hiérarchisé, qui repose avant tout sur la soumission et l’obéissance aux ordres ? On ne peut pas reprocher aux réalisatrices Delphine et Muriel Coulin de manquer d’ambition, tant les sujets abordés sont intéressants. Et si la tension n’arrête pas de monter crescendo tout au long du film (et c'est sans nul doute son meilleur atout), je n’ai pas pu m’empêcher d’être gênée par le fait qu’il n’évite malheureusement pas certains clichés ou certains raccourcis. Je ne doute pas qu’il faille dénoncer certains faits, mais le faire de manière si appuyée, comme dans la dernière partie du film, finit par déforcer le propos plus qu’autre chose. Un film qui reste malgré tout intéressant, même s’il ne m’a pas totalement convaincue. 





lundi 12 septembre 2016

Le peintre Francisco de Goya

Autoportrait de Goya, 1783
Goya, cauchemar plein de choses inconnues,
De fœtus qu'on fait cuire au milieu des sabbats,
De vieilles au miroir et d'enfants toutes nues
Pour tenter les Démons ajustant bien leurs bas.

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal

Francisco de Goya (Fuendetodos, 1746 – Bordeaux, 1828) est un peintre et graveur espagnol. A 13 ans, Goya entre en apprentissage chez le peintre José Luzan (1710–1785), qui avait étudié le style baroque tardif en Italie. Malgré les rebuffades de l’Académie de Madrid, le jeune Goya entreprend à ses frais un voyage d’étude en Italie, avant de revenir à Saragosse, où il peint des fresques dans les églises pour gagner sa vie. Son œuvre prend un tournant lorsqu’il se rend à Madrid en 1774, à la demande de Mengs (1728–1779), et ce afin de travailler dans la manufacture royale de tapisseries. Dès sa nomination en tant que membre de l’Académie San Fernando, Goya a comme ambition de trouver de nouveaux commanditaires dans l’aristocratie de Madrid. Il est nommé peintre de la Chambre du roi après le couronnement de Charles IV et réalise les portraits officiels des nouveaux souverains, les représentant de manière très réaliste (et peu flatteuse). Il tombe gravement malade en 1792 et demeure affligé d’une surdité quasi complète, accompagnée de maux de tête, de bourdonnements et de pertes d’équilibre. Il tombe également passionnément amoureux de l’inconstante duchesse d’Albe, ce qui bouleversera sa vie. Il s’en suit un changement du ton dans ses peintures, empreint d’une tragique intensité, tout en étant de moins en moins enclin à plier son art aux conventions de l’époque. Ses peintures critiquent les injustices sociales et les faiblesses humaines, tout en révélant ses visions cauchemardesques, où se mêlent obsessions, hallucinations, scènes de sorcellerie et de folies collectives, démontrant une totale liberté d’expression. Les troubles politiques qui suivent la destitution du roi Charles IV et l’arrivée des troupes de Napoléon à Madrid partagent Goya entre son patriotisme espagnol et son attirance pour les idées libérales venues de France. Il peint une série d’estampes démontant toutes les horreurs de la guerre comme jamais aucun autre artiste ne l’avait fait avant lui. Sous le règne despotique de Ferdinand VII, il s’exile en France et s’établit à Bordeaux, où il fréquente particulièrement des Espagnols libéraux comme lui. Il conserve une puissance créatrice et une curiosité d’esprit jusqu’à la mort. En 1919, la dépouille de Goya est transférée depuis Bordeaux, où il fut initialement enterré, vers l'église San Antonio de la Florida, à Madrid. 

Francisco de Goya aura parcouru à lui seul toutes les étapes de la peinture depuis le 18e siècle, élégant et mondain, jusqu’à l’impressionnisme. Il est de ce fait considéré comme le précurseur des avant-gardes picturales du 20e siècle. 

Hannibal vainqueur contemple pour la première fois l'Italie depuis les Alpes, 1770
Fondation Selgas-Fagalde, Cudillero, Asturies

L'ombrelle par Francisco de Goya, 1777
Museo Nacional del Prado, Madrid

Autoportrait dans l'atelier par Francisco de Goya, 1790-1795
Académie royale des beaux-arts de San Fernando, Madrid

Portrait de la marquise de la Solana, 1795
Musée du Louvre, Paris

La Maja nue et la Maja vêtue par Francisco de Goya, vers 1798-1805
Museo Nacional del Prado, Madrid

Portrait de la famille de Charles IV par Francisco de Goya, 1800-1801
Museo Nacional del Prado, Madrid

Le portrait de Sabasa Garcia par Francisco de Goya, 1804-1808
National Gallery of Art, Washington

Le portrait d'Isabel de Lobo y Porcel (détail) , 1804-1805
National Gallery, Londres

Scène d'Inquisition par Francisco Goya, 1812-1819
Académie royale des beaux-arts de San Fernando, Madrid

Tres de Mayo par Francisco Goya, 1814
Museo Nacional del Prado, Madrid

Vision fantastique par Francisco Goya, vers 1819
Museo Nacional del Prado, Madrid
 
Saturne par Francisco Goya, 1820-1823
Museo Nacional del Prado, Madrid

Le grand bouc ou La Sabbat des sorcières par Francisco de Goya, 1830-1823
Museo Nacional del Prado, Madrid