samedi 30 avril 2016

Bilan du mois d'avril 2016



Films


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L'étreinte du serpent ( El abrazo de la serpiente, 2015) de Ciro Guerra ❤
Carol (2015) de Todd Haynes
Les Ardennes (The Ardennes, 2015) de  Robin Pront
Enfant 44 (Child 44, 2015) de Daniel Espinosa
Frances Ha (2012) de Noah Baumbach
Vaudou (I walked with a zombie, 1943) de Jacques Tourneur ❤
Les Poupées du diable (The Devil-Doll, 1936) de Tod Browning ❤
Frankenstein (1931) de James Whale  ❤


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Les Innocentes (2015) de Anne Fontaine
L'avenir (2015) de Mia Hansen-Løve 
Rosalie Blum (2015) de Julien Rappeneau
Mia Madre (2015) de Nanni Moretti 
La comtesse (2009) de Julie Delpy
Yolanda et le voleur (1945) de Vincente Minnelli


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Asphalte (2015) de Samuel Benchetrit
Journal d’une femme de chambre (2015) de Benoît Jacquot
L'Hermine (2014) de Christian Vincent
Dallas Buyers Club (2013) de Jean-Marc Vallée
Che - 1ère partie : L'Argentin ( Che: Part One, 2008) de Steven Soderbergh
Purple Rain (1984) de Albert Magnoli




Romans



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A la recherche du temps perdu, tome 1 : Du Côté de chez Swann de Marcel Proust
Toutes les vagues de l’océan de Víctor del Árbol
Blue book de Elise Fontenaille


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Le chagrin des vivants de Anna Hope
L'amie prodigieuse, tome 1 : Enfance, adolescence de Elena Ferrante
La Chute du British Museum de David Lodge
Nymphéas noirs de Michel Bussi



BD


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Rosalie Blum, tome 1 : Une impression de déjà-vu de Camille Jourdy
Rosalie Blum, tome 2 : Haut les mains, peau de lapin ! de Camille Jourdy
Rosalie Blum, tome 3 : Au hasard Balthazar ! de Camille Jourdy



mardi 26 avril 2016

La cavale du Dr Destouches. D'après l'œuvre de Louis-Ferdinand Céline (BD)


« Le temps n’efface pas chez moi, il grave. »

Louis-Ferdinand Céline

Je poursuis ma découverte d’un moment très précis de l’histoire de France, à savoir la fuite vers l’Allemagne des collaborationnistes français en 1944. Nous y retrouvons Louis-Ferdinand Céline, Lucette son épouse et leur chat Bébert quittant Paris bombardé par la Royal Air Force et traversant l’Allemagne en ruines pour rejoindre à Sigmaringen le gouvernement en exil de la France Vichyste. J’avoue très mal connaître Louis-Ferdinand Céline, dont je n’ai lu à ce jour qu’un seul de ses romans, l’excellent Voyage au bout de la nuit. Je connais dans les grandes lignes son passé trouble mais pas davantage non plus. Je n’ai donc que très peu d’éléments pour me faire une idée précise du personnage, si ce n’est qu’il semble avoir une personnalité très complexe, à multiples facettes et difficilement appréhendable. Et ce ne sont pas mes lectures coup sur coup de cette BD et du roman Sigmaringen de Pierre Assouline qui modifieront cette impression. En fait, je crois que Louis-Ferdinand Céline est une de ces personnes dont plus on en sait, moins on comprend et plus il nous échappe. D’autant plus que sa personnalité est également déformée par le prisme de celui qui tente de l’approcher, car le Céline de Pierre Assouline est forcément différent du Céline de Christophe Malavoy.

L’acteur, féru de l’écriture Célinienne et proche de Lucette Destouches, à qui il dédie « tout naturellement » cet ouvrage, a pris le pari d’adapter en bande dessinée la trilogie allemande de l’auteur, à savoir D'un château l'autre, Nord et Rigodon. Et ce avec la complicité des frères Brizzi, qui accomplissent ici un travail absolument remarquable, tant leur coup de crayon est époustouflant et constitue un véritable régal pour les yeux du lecteur. L’œuvre ici se fait volontiers caustique et dramatique, mais prend aussi parfois le chemin de la farce et du burlesque pour mieux nous présenter ce misanthrope terriblement lucide sur la condition humaine, épouvantablement aigri, grossier, impoli mais tout aussi incapable de ne pas rendre service à son prochain. Bref, le docteur Destouches est un être humain, avec tout ce que cela comporte de petitesses et de grandeurs.  Pari tenu Christophe Malavoy, tant cette adaptation en bande-dessinée est une belle réussite.

« L'homme ne voit que ce qu'il regarde et il ne regarde que ce qu'il a déjà dans l'esprit »
Theodule Ribot 




La cavale du Dr Destouches. D'après l'œuvre de Louis-Ferdinand Céline, par Christophe Malavoy, Gaëtan Brizzi et Paul Brizzi, Edition Futuropolis, 10/09/2015, 96 pages.

☆☆☆☆

samedi 23 avril 2016

RIP Prince


Hommage à Prince Rogers Nelson (7 juin 1958 - 21 avril 2016), le kid de Minneapolis, avec le single 1999 de l'album 1999, sorti en 1982.

mercredi 20 avril 2016

Extraits : Du côté de chez Swann de Marcel Proust



« Autrefois on rêvait de posséder le cœur de la femme dont on était amoureux ; plus tard, sentir qu'on possède le cœur d'une femme peut suffire à vous en rendre amoureux. »

« De tous les modes de production de l’amour, de tous les agents de dissémination du mal sacré, il est bien l’un des plus efficaces, ce grand souffle d’agitation qui parfois passe sur nous. Alors l’être avec qui nous nous plaisons à ce moment-là, le sort en est jeté, c’est lui que nous aimerons. Il n’est même pas besoin qu’il nous plût jusque-là plus ou même autant que d’autres. Ce qu’il fallait, c’est que notre goût pour lui devînt exclusif. Et cette condition-là est réalisée quand – à ce moment où il nous fait défaut – à la recherche des plaisirs que son agrément nous donnait, s’est brusquement substitué en nous un besoin anxieux, qui a pour objet cet être même, un besoin absurde, que les lois de ce monde rendent impossible à satisfaire et difficile à guérir – le besoin insensé et douloureux de le posséder. »

«  Qu'importait qu'elle lui dît que l'amour est fragile, le sien était si fort! Il jouait avec la tristesse qu'elle répandait, il la sentait passer sur lui, mais comme une caresse qui rendait plus profond et plus doux le sentiment qu'il avait de son bonheur. Il la faisait rejouer dix fois, vingt fois à Odette, exigeant qu'en même temps elle ne cessât pas de l'embrasser. Chaque baiser appelle un autre baiser. Ah! dans ces premiers temps où l'on aime, les baisers naissent si naturellement! Ils foisonnent si pressés les uns contre les autres; et l'on aurait autant de peine à compter les baisers qu'on s'est donnés pendant une heure que les fleurs d'un champ au mois de mai. »


Marcel Proust par Jacques-Émile Blanche, 1892

De par l'importance des souvenirs et de la perception subjective des êtres et des choses à travers la peinture de la société, Marcel Proust (Auteuil, 1871 - Paris, 1922) est aujourd'hui considéré comme le fondateur du roman moderne.   Son œuvre, A la recherche du temps perdu, est composée de sept romans autobiographiques écrits à la première personne : Du côté de chez Swann (1913), A l'ombre des jeunes filles en fleurs (1918), Le Côté de Guermantes (1920 - 1921), Sodome et Gomorrhe (1921 - 1922), La Prisonnière (1923), Albertine disparue ou la Fugitive (1925) et Le Temps retrouvé (1927). L'essentiel de A la recherche du temps perdu, qui retrace l'existence du narrateur  de son enfance à l'âge adulte et qui comptera plus de cinq cents personnages, paraîtra à titre posthume.

mardi 12 avril 2016

La Sieste ou Le Rocking-chair par Henri-Charles Manguin

La Sieste ou Le Rocking-chair, Jeanne par Henri-Charles Manguin - 1913

Henri-Charles Manguin  (Paris,1874 - Saint-Tropez, 1949) est l'un des principaux créateurs du fauvisme français. Conquis par la lumière de Saint-Tropez, il y acquiert une propriété où il passera la plus grande partie de sa vie.  La vivacité de sa palette se conjugue avec une peinture heureuse et harmonieuse. 

vendredi 8 avril 2016

Le château de Sigmaringen de Pierre Assouline

« Ces gens ne sont plus de saison et ils ne s’en rendent pas compte… » 

Nous sommes en septembre 1944. La ville de Sigmaringen, située dans le land de Bade-Wurtemberg en Allemagne, est une ville relativement épargnée par les horreurs de la guerre grâce à sa situation dépourvue d’industries. Une ville relativement calme et paisible car dénuée d’intérêt stratégique pour les alliés, du moins jusqu’au jour où débarque la « Commission gouvernementale de Sigmaringen », nom du gouvernement en exil du régime de Vichy, dont le maréchal Pétain et le président Laval, accompagnés de leurs ministres. S’y ajoutent une troupe de miliciens et plus d’un millier de civils français, parmi lesquels se retrouve le célèbre écrivain Céline. Si le petit peuple vit pauvrement dans le bas de la ville, le gratin s’installe dans le haut château de Sigmaringen, réquisitionné pour la cause. Le moins que l’on puisse dire est que ce petit monde ne s’entend guère, et si les uns essayent d’effacer un passé trouble, certains sombrent dans la mélancolie ou l’ennui de l’attente pendant que d’autres rêvent encore de légitimité. Julius Stein, le majordome général du château de l’illustre lignée des Hohenzollern, dont la vocation est de tout entendre sans rien écouter, doit assurer l’intendance du lieu tout en naviguant entre les rumeurs d'espionnage, les jalousies et autres rancœurs « des invités » du château. 

Voilà une partie de l’histoire de France que je connaissais mal, et c’est donc avec beaucoup d’intérêt que j’ai commencé à lire ce roman, qui revient sur une page sombre de son histoire. Hélas, de nombreux noms de personnalités politiques françaises qui me sont totalement inconnues ont émaillé ce récit, freinant quelque peu mon enthousiasme et ma vitesse de lecture. Ceci dit, je suis arrivée à faire abstraction de cet obstacle en me focalisant sur l’atmosphère de débâcle de la fin d’un règne, tout en me raccrochant malgré tout à quelques noms mieux connus. Les parties romancées ne m’ont pas toujours convaincue non plus, présentant notamment un majordome un brin trop conventionnel et une histoire d’amour qui n’y avait pas forcément sa place. Malgré ces bémols, je suis satisfaite de ma lecture, qui fut riche en découvertes. Un roman qui insiste aussi sur la face cachée de certains personnages, qui laisseront tomber le masque le moment venu. Une première lecture de Pierre Assouline engageante et qui n’en restera pas à ce seul roman. 

Un autre extrait : 

« Le problème avec la gentillesse, c’est qu’elle est aussitôt prise pour une manifestation de faiblesse, surtout en temps de guerre, et plus encore quand des brutes sont au pouvoir. Quand comprendront-ils que la vraie force est celle qui protège, non celle qui oppresse et détruit ? » 

Le château de Sigmaringen

 Sigmaringen de Pierre Assouline, Édition Gallimard, Collection Folio, 352 pages, septembre 2015

 ☆☆☆ ½