dimanche 27 mars 2016

Extrait du jour : Hermann Hesse

Partie du tableau La Vie et la Mort de Klimt (1916)

Des dizaines, des centaines de fois encore tu me captureras, tu me jetteras un sort et tu me retiendras prisonnier, monde de paroles et d’opinions, monde des hommes, monde de désirs intenses et d’angoisses fiévreuses. Mille fois encore, tu éveilleras en moi ravissement et peur avec tes lieder accompagnés au piano, avec tes journaux, tes télégrammes, tes faire-part de décès, tes déclarations de domicile et tout ton fatras infernal, toi monde de désirs et d’anxiété, opéra gracieux plein d’absurdités mélodieuses. Mais Dieu veuille que jamais plus ne disparaissent de mon esprit le sentiment de recueillement que m’inspire la précarité de toute chose, la passion des métamorphoses, l’acceptation de la mort, la volonté de renaître. Pâques reviendra toujours, éternellement le désir se muera en angoisse et l’angoisse en délivrance ; la mélodie de l’éphémère m’accompagnera joyeusement sur mon chemin, pleine d’acquiescement, pleine de consentement, pleine d’espoir.

Eloge de la vieillesse de Hermann Hesse

4 commentaires:

  1. Comme il est merveilleux pour les vieilles gens
    De goûter un bourgogne auprès du feu
    Et de partir enfin sans adieux douloureux
    Mais pas encore, un peu plus tard, pas maintenant !...

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    1. Merci pour cet extrait Jeannik B :)

      Je suis en train de lire Éloge de la vieillesse, qui contient le récit sur les "Retrouvailles avec Nina", dont est tiré l'extrait ci-dessous. Ah je l'aime bien Hermann Hesse, et je devrais le lire plus souvent.


      " Quel dommage, Nina, que tu sois née quarante trop tôt pour moi. Quel dommage ! Certes, tu n'apparais pas belle aux yeux de tous, plus d'un semble te voir comme une vieille sorcière, avec tes yeux un peu rougis, tes membres un peu déformés, tes doigts sales et ton tabac à priser près du nez. Mais quel nez dans ce visage d'aigle tout ridé ! Quelle allure lorsqu'il se lève puis se dresse dans toute sa grandeur ascétique ! Comme le regard de tes yeux admirablement dessinés, libres et audacieux exprime l'intelligence, la fierté, un mépris dépourvu de toute méchanceté ! Chère Nina désormais si vieille, quelle belle jeune fille, quelle belle femme fière et racée tu as dû être !"

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  2. Anonyme3/30/2016

    Bonjour Sentinelle,

    Je n'ai pas lu Eloge de la vieillesse mais ce joli extrait me fait penser à Knulp du même Hermann Hesse.

    Strum

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    1. Bonjour Strum,

      Merci d'avoir apporté la référence de ce livre que je ne connaissais pas et qui semble bien intéressant, après avoir fait un petit tour sur internet pour savoir de quoi il s'agissait ;-)

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