mardi 7 avril 2015

L'ami d'enfance de Maigret de Georges Simenon

Léon Florentin, ancien condisciple de Maigret au lycée Banville, était ce qu’on appelle le rigolo de la classe. Ils ne s’étaient revus qu’une seule fois après s’être quittés à Moulins, il y a maintenant une vingtaine d’années. C’est dire la surprise de Maigret lorsque ce dernier se présente à son bureau, pour lui faire part de l’assassinat de Joséphine Papet, tuée par balle à son domicile pendant qu’il se cachait dans la penderie. Si Florentin se présente comme son amant de cœur, son ami et son confident, Joséphine Papet avait comme particularité d’avoir quatre amants, qui venaient la voir régulièrement une fois ou deux par semaine. Des hommes d’âge mûr pour la plupart, menant une vie calme et régulière en famille, chacun ignorant l’existence des autres tout en entretenant l’illusion d’être seul à entretenir leur maîtresse. S’ignoraient-ils tous vraiment ? 

Maigret se charge de l’enquête, qui se révèle complexe dans la mesure où il doute de la sincérité de Florentin, qui avait toujours menti par jeu ou par instinct. Déjà condamné pour escroquerie et usage de faux et ayant toute sa vie tiré le diable par la queue, Florentin avait tout du raté vieillissant, moitié parasite et moitié escroc. Il aurait bien mangé jusqu’au dernier sou le capital de Joséphine, une femme douce et discrète mais qui était également une femme pratique qui savait compter : elle avait des économies et avait acheté, comme placement, une maison au-dessus de Montmartre. Sans oublier cette maudite concierge qui en savait certainement plus long qu’elle ne voulait le dire ! 

« Maigret aurait voulu la secouer pour en faire sortir la vérité comme on fait sortir les pièces de monnaie d’une tirelire. » 

J’ai lu avec beaucoup de plaisir cette énième enquête de Maigret, que je connaissais visiblement bien mal, ignorant qu’il était marié et qu’il avait en horreur de conduire en voiture. Georges Simenon est toujours aussi talentueux pour décrire un personnage en deux lignes à peine, tout en baignant son roman dans une atmosphère triste et mélancolique. Car il est surtout question d’égoïsme, de cupidité et de la peur de la solitude d’une femme dont le meurtre n’avait fait aucun remous dans le quartier, pas même dans la maison qu’elle habitait depuis des années. 


A découvrir également :

* L'Affaire Saint Fiacre de Georges Simenon
* Les Fiançailles de M. Hire de Georges Simenon

4 commentaires:

  1. Remerciements pour le commentaire.

    J’aime le truc de réunir les suspects pour une confrontation.

    Que le mari égoïste ne conduit jamais m’ennuie toujours.


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    1. Merci à vous pour votre passage. La confrontation des suspects était effectivement un bon moment :-)

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  2. Quand je pense que je n'ai jamais lu de livres de Simenon ! Je dois vraiment remédier à ça.

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    1. Si tu aimes les polars nordiques, qui accordent une place importante à la psychologie des personnages, tout en évoquant la société dans laquelle ils vivent, alors tu devrais y retrouver ton compte tant ces auteurs sont des sortes de fils spirituels de Simenon. ;-)

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