dimanche 19 avril 2015

Dura Lex de Lev Koulechov


Nous sommes à la fin du 19e siècle, en pleine ruée vers l’or dans un endroit isolé du Klondike. Un groupe de cinq chercheurs d’or, dont un couple, découvre un bon gisement à exploiter. Souvent abusé par ses camarades et travaillant dans des conditions difficiles, l’irlandais tue deux d’entre eux dans une crise de démence. Le couple décide de le garder en otage afin qu’il soit jugé pour ses crimes. Mais l’hiver glacial se fait long, et le dégel interminable finit par les isoler totalement du reste du monde. Le couple finit par se résoudre à parodier la justice, prenant pour témoin le portrait de la jeune reine Victoria d’Angleterre (le tueur étant irlandais), avant de rendre sa sentence : ce sera la mort par pendaison. 

Ce film a été vu à la Cinematek de Bruxelles, en tant que "grand classique à voir", dans la mesure où il aurait influencé le développement du 7e art. Je ne m’y connais pas assez pour apprécier la contribution de ce film dans ce cas de figure mais je constate, après vérification, que Lev Koulechov est effectivement considéré comme un des réalisateurs ayant profondément marqué le cinéma russe. Dura Lex (selon la loi), adapté d’une nouvelle de Jack London, serait même considéré comme son chef-d’œuvre. Un film muet assez surprenant pour l'époque dans la mesure où il accorde une grande importance aux éléments naturels comme la pluie, la neige ou le dégel, donnant lieu à un sentiment de débâcle proche de la fin du monde. Des éléments naturels éprouvants pour un huis clos proche du western, dans lequel se combattent le bien (le maintien d'un semblant de civilisation) et le mal (la sauvagerie et la démence dans un contexte de délabrement et d'isolement). Lev Koulechov s’appuie également beaucoup sur l’expressivité des visages des acteurs, aux regards souvent hallucinés. La muse du réalisateur, l’actrice Aleksandra Khokhlova,  qu’il épousera en 1932, contribue grandement à cette impression d’étrangeté par sa maigreur longiligne et son visage assez singulier. Un film intéressant,  qui à défaut d'être passionnant, semble tout de même destiné à un public franchement cinéphile. 






Titre original: Po Zakonu
Réalisateur: Lev Koulechov
Acteur: Sergueï L. Komarov, Aleksandra Khokhlova
Origine: Russie
Genre: Aventure
Année de production: 1926
Durée: 1h13

2 commentaires:

  1. Le dernier plan du film est sujet à interprétation, on y voit pas le corps du pendu .... -)

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    1. Oh oh toi aussi tu as eu le privilège de voir ce film ;-)

      Avant de continuer plus loin, je mets un ATTENTION SPOILER en majuscule tant je ne doute pas une seconde que tous les aimables lecteurs de ce blog se précipiteront pour voir ce grand classique russe du cinéma muet (hmhm). La fin est effectivement sujet à interprétation car non seulement on ne voit pas le corps pendu (en tout cas, je ne m'en souviens déjà plus) mais l'irlandais refera une apparition dans l'encadrement de la porte de la cabane (ou ce qu'il en reste), la corde au cou et les yeux hallucinés (ce qui ne signifie rien en soi tant il nous présente des yeux démentiels tout au long du film). Pour ce qui est de la finalité du film ou de l'interprétation finale, j'avoue que je ne m'avancerai pas tant tout cela est tout de même un brin nébuleux.

      Je ne sais pas toi mais ce qui m'a encore le plus frappé dans ce film est le visage de l'actrice Aleksandra Khokhlova, et plus particulièrement son sourire très euh comment dire... étonnant. Pour faire bref, il me faisait tout simplement penser au sourire du joker ! Assez effrayant dans le genre.

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