lundi 12 janvier 2015

Un Monde Flamboyant de Siri Hustvedt

Une étude universitaire portant sur Harriet Burden tente de lever le voile sur la véritable identité de cette artiste plasticienne, aujourd’hui décédée et ignorée de son vivant, à partir des témoignages de personnes proches ou moins proches mais également de ses carnets intimes.

Épouse d’un marchand d’art très couru de New-York et vivant dans son ombre jusqu’au décès de son mari, Harriet Burden compte bien reprendre ses activités artistiques, tout en demeurant convaincue qu’elle ne suscitera guère l’intérêt auprès du public comme des professionnels : trop âgée, d’un physique ingrat, méconnue mais surtout trop femme pour attirer l’attention de qui que ce soit dans le milieu de l’art, encore très misogyne et particulièrement élitiste.

Décidée d’exposer malgré tout et de faire reconnaitre son talent, elle pense trouver la solution en recourant à une vaste supercherie : attribuer la paternité de son œuvre, au cours de trois expositions successives qui connaîtront chacune un grand succès, à trois jeunes hommes différents qui acceptent de jouer le jeu. Jusqu’au jour où le troisième en décidera autrement…

Voilà un sujet d’une grande ampleur et extrêmement intéressant, dans lequel nous retrouvons tout l’intérêt que Siri Hustvedt porte au monde de l’art, au processus créatif, à l’identité, au féminisme et à la condition de la femme en général. Le tout porté par une belle écriture à travers laquelle elle arrive à donner un ton et une voix différente à chacun de ses personnages, pourtant nombreux.

Hélas, la multiplicité des points de vue et des témoignages, les élucubrations de Harriet Burden, l’érudition à toutes les pages (ou presque) et l’intellectualisme forcené ont eu raison de moi : j’ai finalement abandonné au ¾ du roman, pas tellement parce que j’étais paumée (heureusement que j’ai encore quelques rudiments sur les sujets abordés) mais surtout par ennui progressif et l’absence de volonté pour poursuivre ma lecture.

Dommage tant j’apprécie beaucoup Siri Hustvedt, même si je trouve qu’elle intellectualise de plus en plus ses derniers romans, multipliant les références psychanalytiques, philosophiques, littéraires, artistiques et autres. Disons que j’attends plus de souplesse dans une œuvre, tant je finis par avoir l’impression d’étouffer sous cette avalanche de connaissances ébauchées en quelques lignes et qui ne m’intéressent pas, présentés comme tels en tout cas. 

Note : 3/5

A découvrir, du même auteur :

* La Femme qui tremble, Une histoire de mes nerfs de Siri Hustvedt ***
* Un été sans les hommes de Siri Hustvedt  ***
* Tout ce que j’aimais de Siri Hustvedt ****


2 commentaires:

  1. c'était une artiste qui m'était totalement inconnue; ta critique nous éclaire sur sa personnalité et explique le peu d'intérêt qu'elle a sucité.

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    1. Siri Hustvedt, épouse à la ville de l’écrivain Paul Auster, est une femme vraiment très intéressante : fine, sensible, délicate, intelligente, passionnée par l’art et la place de la femme dans la société, sans oublier son approche pertinente de l’identité et de ses troubles. Mais je vais finir par croire qu’elle manque de confiance en elle tant elle aborde ses dernières œuvres en nous bombardant de références diverses, très pointues par ailleurs. Mais ce n’est pas ce que j’attends d’un roman. Disons que toutes ces notions et ces références sont sans nul doute très importantes et intéressantes mais j’attends d’un auteur qu’il les digère, les malaxe, les broie afin que son œuvre les traverse et les transfigure. J’ai trouvé ses multiples notes en bas de page redondantes, fastidieuses et donnaient finalement une impression de pédanterie alors que je suis presque certaine qu’il n’en est rien dans le fond. A croire qu’elle éprouve une difficulté à exister pleinement en tant qu’auteur, et que l’ombre de Paul Auster soit un peu trop encombrante pour elle, ce qui est par ailleurs aussi un des thèmes de son dernier roman. Mais bon, là je me lance peut-être dans une psychologie de comptoir, et je vais donc en rester là dans mes interprétations psychanalytiques ;-)

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