lundi 19 janvier 2015

Portrait de femme de Henry James

Nous sommes à la fin du 19ème siècle. Séduisante, intelligente, passionnée et farouchement indépendante, Isabel Archer est une jeune américaine en visite chez ses cousins anglais. Très avide de découvrir le monde et peu désireuse de se marier, elle refuse coup sur coup deux demandes en mariage, provenant d’un Lord anglais et d’un riche américain. Son cousin Ralph, jeune phtisique secrètement amoureux d'Isabel, demande à son père malade de lui léguer une partie de son héritage. Devenue riche suite au décès de son oncle par alliance, Isabel Archer va pouvoir parcourir le monde, en commençant par un voyage en Italie en compagnie de sa tante. Mais cet héritage se révèlera lourd de conséquence lorsqu’une connaissance de la famille, l’intrigante Madame Merle, complotera pour la jeter dans les bras de son ancien amant Gilbert Osmond, un obscur dilettante américain vivant en Italie, veuf entre deux âges, pourvu d’une fille mystérieuse et disposant d’un revenu plus qu’incertain.

A propos de Madame Merle, extrait :

« Il était sûr qu’elle avait été passionnément ambitieuse et que ses succès tangibles ne répondaient pas, et de loin, à ses manœuvres secrètes. Elle s’était parfaitement entraînée sans avoir remporté aucun prix. Elle était toujours la simple Madame Merle, veuve d’un négociant suisse, dotée d’un petit revenu et de beaucoup de relations, qui séjournait chez quantité d’amis et était presque aussi universellement appréciée que les futilités moelleuses d’un roman nouvellement sorti. »

Mais n’écoutant que les élans de son cœur sans tenir aucun compte des conseils de son entourage proche, qui la dissuade de se lier à ce séducteur attentiste, Isabel Archer commettra sans doute la plus grande erreur de sa vie en épousant Gilbert Osmond. Une erreur de jugement qui modifiera le cours de son existence…

Ecrivain d’origine américaine mais naturalisé anglais en 1916, Henry James (New York, 1843 – Londres, 1916) fera plusieurs séjours en Europe avant de s’y installer de façon quasi permanente en 1875, vivant principalement à Paris, en Italie et en Angleterre. La confrontation des cultures du Nouveau Monde et de la vieille Europe fait l’objet de la plupart de ses premiers écrits, dont ce portrait de femme, publié en 1881 et qui ne manque pas d’y faire régulièrement allusion. Mais ce qui prime dans ce portrait d’Isabel Archer et qui constitue une innovation majeure dans la technique du roman est le développement et l’importance accordée aux points de vue des personnages, une technique qui constituera les prémices du monologue intérieur cher à cet autre écrivain qui n’est autre que James Joyce.

Ce roman, dans lequel la question du mariage, des élans de cœur et de la confusion des sentiments se font la part belle sur presque 700 pages, permet d’accompagner l’évolution psychologique d’Isabel Archer. Que de chemin parcouru entre la jeune fille éprise de liberté et avide de connaissances et de découvertes et la femme désenchantée et désillusionnée après l’échec de son mariage. Une erreur bien difficile à admettre pour l’orgueilleuse Isabel Archer, qui devra faire preuve d’humilité et de courage pour affronter le désaveu du seul acte sacré de sa vie.

Un roman dense qui n'a rien perdu de sa pertinence dans la description des conflits intérieurs et une écriture très agréable à lire pour suivre l'évolution psychologique des personnages.

Portrait de femme (The Portrait of a Lady) de Henry James, Traduction de l’anglais par Claude Bonnafont, Éditions 10 x 18, Collection Domaine étranger, nouveau tirage janvier 2014, 690 pages.

Édition originale : 1881

Note : 4/5


4 commentaires:

  1. Coucou Sentinelle. Juste pour dire que, même si je ne réagis pas à chaque fois, j'aime bien aussi quand tu nous parles de littérature. Je n'ai rien lu de James, cela dit.

    Bonne journée.

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    1. Bonjour Martin,

      Et bien cela me fait très plaisir ce que tu me dis là, car j'ai du mal en ce moment à me concentrer dans mes lectures. Et j'ai de plus en plus de mal à prendre la plume pour en parler également. Alors rien ne vaut, dans ces moments-là, repasser par de grands classiques.Portrait de femme est mon premier roman de Henry James, mais sans doute pas le dernier. Je l'ai lu également car je parlerai prochainement de son adaptation par Jane Campion ;-)

      Je te souhaite une très bonne journée Martin.

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  2. Hello,
    Je n'ai encore rien lu non plus de cet auteur, cependant j'ai ce livre dans ma bibliothèque et cette critique me donne envie de le lire plus rapidement que prévu :)
    Entre Babelio et les blogs je suis débordée d'envies !!

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    1. Bonjour Nathalie,

      Je crois que je peux te conseiller ce roman les yeux fermés ;-)

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