mardi 27 janvier 2015

Les Rapaces d'Erich von Stroheim


Synopsis  

McTeague, ancien chercheur d'or, s'établit comme dentiste à San Francisco, bien qu'il n'ait pas de diplôme. Son ami Marcus lui présente Trina, dont il s'éprend et qu'il épouse bientôt. Trina, qui avait acheté un billet de loterie, gagne le gros lot. Mais son avarice rend la vie difficile à McTeague, qui s'enfonce dans la déchéance, tandis que Marcus, ivre de jalousie, l'attaque pour exercice illégal de la médecine. Un soir, pris de boisson, McTeague tue son épouse et s'enfuit avec ses économies. Il décide de partir pour le Mexique, en passant par la vallée de la Mort. Animé d'une haine tenace, Marcus le prend aussitôt en chasse... 

Erich von Stroheim (Vienne, 1885 – Maurepas, 1957) est un acteur, scénariste et réalisateur américain d'origine austro-hongroise. Célèbre en tant qu’acteur, à tel point que nous ayons bien du mal à nous représenter un officier allemand sans évoquer son allure et sa dégaine, il deviendra réalisateur en 1918 et terminera sa carrière après l’avènement du parlant. 

   Erich Von Stroheim dans La Grande Illusion de Jean Renoir

Réputé pour l’extravagance et le coût de ses films, la Metro-Goldwyn-Mayer décida de réduire la durée de son cinquième film « Les rapaces » en le ramenant de 42 bobines à 10 bobines, passant d’une durée à l’origine d’un peu plus de sept heures à une durée d’un peu plus de deux heures. Stroheim ne se consolera jamais de cette mutilation : «  Je pense n'avoir fait qu'un seul vrai film dans ma vie et personne ne l'a vu. Les quelques malheureux lambeaux subsistants ont été présentés sous le titre Les Rapaces. ». Soulignons enfin qu’il avait poussé le souci de réalisme en tournant uniquement en extérieurs (fait exceptionnel à l’époque), notamment dans les rues de San Francisco et dans la vallée de la Mort, sous des températures dépassant parfois les cinquante degrés.

Ce film extrêmement mutilé du point de vue du réalisateur est malgré tout considéré de nos jours comme une œuvre majeure du cinéma muet hollywoodien, rien de moins. Il faut dire qu'il tient parfaitement la route malgré les nombreuses coupures  et que nous avons réellement l'impression de voir une œuvre à part entière. Cette adaptation du roman « Mac Teague » de Frank Norris témoigne en tout cas d’une grande férocité à l’égard du genre humain : cupidité, jalousie, avarice, possession, sexualité défaillante, rivalité, folie, obsession, convoitise, meurtre, déchéance et vice se font la part belle. Erich von Stroheim n’oublie pas d’y ajouter quelques touches d’humour grotesque et burlesque, qui ne masquent pas pour autant l’extrême pessimisme et cruauté du propos, où l'absence de maîtrise des pulsions morbides conduisent l'homme dans l'impasse la plus tragique qui soit.

Mention spéciale pour l’actrice Zasu Pitts, qui offre une interprétation pittoresque surprenante et truculente à souhait. On comprend qu’Erich von Stroheim en fit son actrice favorite, tant elle représentait à ses yeux « la plus grande tragédienne de l'écran ». Vu sa prestation, on est bien tenté de le croire.









Titre original : Greed
Réalisateur : Erich von Stroheim
Acteurs : Gibson Gowland, Zasu Pitts, Jean Hersholt
Origine : États-Unis
Genre : Drame
Public : Tout public
Année de production : 1925
Durée : 2h12

4 commentaires:

  1. très bon article , ça me l'envie de voir ce film , thx.

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  2. Encore une histoire de la loterie. Je suis actuellement à la recherche du film. Merci pour votre article.

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    1. Et merci à vous d'avoir laissé une trace de votre passage.

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