mardi 16 décembre 2014

Still the water de Naomi Kawase


Nous sommes sur l'île japonaise d'Amami, où les habitants voient un dieu dans chaque arbre et chaque pierre. Kaito, fils de parents divorcés, est venu rejoindre sa mère, souvent absente du domicile familial. La mère de la jeune Kyoko est quant à elle très malade et se meurt discrètement. Un soir d'été, Kaito découvre le corps tatoué d'un homme flottant dans la mer. Kyoko et Kaito, une fille et un garçon de l’île qui vont découvrir l’amour mais aussi les cycles de la vie et de la mort.

Ce film, tout en langueur et méditation sur la vie, a suscité tellement d’avis contrastés que j’ai mis beaucoup de temps avant d’aller le voir. Peur de trouver le temps trop long. Peur de m’ennuyer. Peur de passer à côté. Et bien force est de constater que ma sensibilité me porte à apprécier ce genre de film, qui accorde toute la place au mysticisme et au panthéisme, au passage de la vie à la mort, aux liens qui demeurent et se transmettent. Une ode aux forces de la nature qui invite au recueillement et à l’humilité de n’être qu’un élément parmi un grand tout. Un film sur la perte et l’abandon, avec une des plus belles scènes de passage de vie à trépas que j’ai pu voir au cinéma et qui m’a procurée une belle émotion. Un film enfin sur l’harmonie de la vie et qui, à l’instar du chamane, nous place au seuil du visible et de l’invisible.

J'avoue n’avoir eu aucune peine à me laisser prendre par cette ambiance en apparence contemplative mais suffisamment  riche et poétique pour peu que nous laissions notre imaginaire et nos sens prendre le relais. Je n’ai pas du tout été étonnée d’apprendre que le réalisateur Andreï Tarkovski était une des références de Naomi Kawase, tant son approche de la spiritualité par le biais d’un certain mysticisme m’y avait fait penser. Merci à Martin d’avoir levé mes dernières réticences en me le recommandant, tant je l'ai apprécié.

Une dernière remarque : attention aux premières images du film, très crûes sur l'égorgement rituel d'une chèvre, sans engourdissement préalable. Une scène qui se répètera dans la deuxième partie du film.

L'avis de Martin.  


Titre original : Futatsume no mado
Réalisateur : Naomi Kawase
Acteurs : Miyuki Matsuda, Jun Murakami, Nijirô Murakami, Hideo Sakaki, Tetta Sugimoto
Origines: France, Espagne, Japon
Année de production : 2014
Date de sortie en Belgique : 29/10/2014
Durée: 1h59

D'autres films japonais à découvrir également :

* Le repas de Mikio Naruse
* Maborosi de Hirokazu Kore-eda
* After Life de Hirokazu Kore-eda


2 commentaires:

  1. Une très bonne façon de sortir de ton cycle méditerranéen ;-)

    Ah ! Je suis vraiment content de lire que tu as aimé le film !

    Je ne t'avais pas parlé de la scène (ou des scènes ???) avec la chèvre, parce qu'effectivement, au départ, c'est un peu rebutant. Ces images difficiles me paraissent justifiables dans la mesure où, la seconde fois, Kyoko est alors fascinée, ce qui lui permet ensuite d'affronter d'autres moments, ô combien douloureux. Quant à la scène de passage de vie à trépas que tu évoques... et dont je ne veux rien dire de plus, elle est vraiment une séquence-charnière, dans ce film. Il paraît que, si tu prends le temps de film avant et le temps de film après, tu tombes exactement sur la même durée.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai beaucoup aimé ce film mais j'ai vraiment été prise par surprise dès le début tant je ne m'y attendais pas du tout. J'ai courageusement levé les yeux et attendu que cela passe....

      Cette séquence de passage de vie à trépas est absolument magnifique et très émouvante. J'étais aussi un peu rassurée quand ma voisine, à un siège de moi, semblait l'être tout autant, sortant même son mouchoir pour sécher quelques larmes. Car parfois je me demande si c'est bien normal que je réagisse si intensément ;-)

      J'ai lu par la suite que c'est tout simplement la coutume du village d'accompagner une personne qui se meurt de cette manière. Et bien voilà une très belle coutume en tout cas.

      Supprimer