jeudi 4 décembre 2014

Le Pays du dauphin vert de Victor Saville


Je vous avais dit tout le bien que je pensais du roman Le Pays du dauphin vert d'Elizabeth Goudge et j’étais donc très curieuse de voir son adaptation cinématographique. Pour la petite histoire, ce roman a failli ne pas être édité en Angleterre, suite à la pénurie de papier à la fin de la seconde guerre mondiale. Mais l’éditeur américain ayant eu la bonne idée de le proposer à un concours cinématographique, celui-ci s’est vu discerner le premier prix, rien de moins. Ce fut Louis B. Mayer qui produira le film en 1947, sous le titre Green Dolphin Street, avec comme réalisateur Victor Saville et l’actrice Lana Turner dans le rôle de Marianne.

Je ne vais pas revenir sur le résumé du film dans la mesure où j’en ai déjà parlé dans mon compte-rendu du roman mais je vous invite d’y aller jeter un œil pour savoir de quoi il en retourne. Une première constatation s’impose après la vision du film : rien ne vaut le roman ! Comme souvent me direz-vous. On y perd effectivement énormément, à plusieurs points de vue : plusieurs personnages importants disparaissent purement et simplement, d’autres ont autant d’épaisseur qu’une feuille de papier et les personnages principaux perdent beaucoup de leur complexité. De trop nombreuses ellipses parsèment le film et donc nous y perdons également du côté narratif. Mais le plus malheureux est la temporalité du long métrage : toutes les péripéties se déroulent à une allure folle et sur quelques années à peine, alors que le roman parcourait toute une vie et que nous accompagnions les personnages jusqu’à un âge vénérable. L’histoire y perd beaucoup de sa force, forcément.

Mais arrêtons-là les comparaisons avec le roman. Car le film n’est pas mauvais pour autant, loin s'en faut, même s’il privilégie nettement la veine mélodramatique du livre. Il est en tout cas suffisamment réussi pour ne pas avoir vu le temps passé malgré sa durée (2h20) et j’ai trouvé les scènes de trucages excellentes pour l’époque (une belle séquence de tremblement de terre et d’inondation). Sans oublier le jeu tout en finesse de Lana Turner et quelques jolis plans qui valent bien le détour.

Le Pays du dauphin vert de Victor Saville est un film romantique et d’aventure comme savaient en faire les grandes maisons de productions de l’âge d’or hollywoodien, et qui se laisse regarder sans déplaisir aucun.

Les avis de Cathy  et du cinéphile stakhanoviste.



Titre originale :  Green Dolphin Street
Réalisateur : Victor Saville
D'après le roman d' Elizabeth Goudge
Acteurs : Lana Turner, Van Heflin, Donna Reed, Richard Har
Année de production : 1947
Pays : États-Unis
Durée : 2h20

Oscar 1948 pour :
* Meilleurs effets spéciaux : A. Arnold Gillespie, Warren Newcombe, Douglas Shearer & Michael Steinore

Nominations pour :
* Meilleur montage : George White
* Meilleur son : Douglas Shearer
* Meilleure photographie noir et blanc : George J. Folsey

4 commentaires:

  1. Bonjour Sentinelle.

    Comme tu l'as sûrement déjà compris, je suis assez amateur de ce genre de vieux films et ta chronique me donne d'autant plus envie de lire le livre.

    J'avoue que, côté cinéma, j'ai d'assez grosses lacunes quand on remonte avant 1960. Pour autant, un bon vieux classique des années 40-50, je ne veux jamais le dédaigner. Puisque tu parles des effets spéciaux, je dois dire que je suis assez sensible à la manière dont les "vieux" réalisateurs compensaient leurs problèmes techniques par une inventivité sans faille. Je crois que ceux d'aujourd'hui ont des leçons à prendre, qu'ils ne retiennent pas toujours, malheureusement.

    Bref... si "Le pays du dauphin vert" me tombe sous les yeux, j'essayerai de le voir. C'est typiquement le genre de choses que j'aime voir en fin d'année, pour une sorte de retour aux sources avant les productions originales de l'année nouvelle.

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    1. Bonjour Martin,

      J'ai vu quelques vieux films ces derniers jours, cela te donnera peut-être encore des idées. Je te conseille aussi d'aller voir du côté des Mankiewicz, Lubitsch ou Capra.

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    2. Je dois au moins avoir quelques Mankiewicz en attente. Lubitsch, je VEUX le découvrir, notamment avec le fameux "To be or not to be". Quant à Capra, je pense en reparler un jour prochain, mais chuuuuuuuuut ! :)

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    3. Et surtout ne pas oublier Ninotchka de Lubitsch, qui est vraiment très très bien également !

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