mardi 30 septembre 2014

Une peinture en passant, de Victor Servranckx (peinture)

Opus 4 - Cataclysme apprivoisé de Victor Servranckx,  1927

Victor Servranckx (1897-1965) est un peintre belge.

Un ciel rouge, le matin de Paul Lynch

Ce premier roman d’un auteur irlandais nous conte l’histoire d’une sombre chasse à l’homme, allant de la péninsule d’Inishowen à Londonderry pour finir en Pennsylvanie, aux Etats-Unis. 

C’est âpre, violent et sans concession, digne d’un western. Mais si ce côté rugueux, au plus près de la nature et de la vengeance absolue, accompagné d’une haute incarnation du mal et en absence totale de toute psychologie, passent sans mal au cinéma, j’ai beaucoup plus de difficulté à m’y retrouver dans la littérature. Certes, l’écriture est lyrique et poétique, proche du genre littéraire appelé « nature writing » mais le contenu m’a semblé tellement galvaudé que je me suis tout de même copieusement ennuyée tout au long de cette lecture. 

Paul Lynch a sans nul doute bien du talent mais la puissance de son écriture ne m’a pas convaincue pour autant. Je pense que ce style n’est tout simplement pas fait pour moi,  m’y étant déjà attardée avec d’autres auteurs sans plus de succès. Je crois que je vais dorénavant éviter ce genre de lecture. 

 Un ciel rouge, le matin de Paul Lynch, Éditions Albin Michel, 28 février 2014, 287 pages

lundi 29 septembre 2014

Le Prix des cinq continents de la Francophonie : Meursault, contre-enquête de Kamel Daoud


Le roman « Meursault, contre-enquête » de Kamel Daoud vient de remporter ce week-end le Prix des cinq continents de la Francophonie. Ce prix illustre une fiction d’expression française parmi dix romans finalistes sélectionnés par des comités de lecture belges, sénégalais, français et québécois. Le jury de cette année était présidé par Jean-Marie Gustave Le Clézio. « Meursault, contre-enquête » reprend le contexte et l’histoire de L’Etranger d’Albert Camus pour évoquer la question de l’identité de l’Algérie contemporaine, en adoptant le point de vue du frère de l’Arabe tué par Meursault. Kamel Daoud a déjà obtenu pour ce roman le 13e Prix de littérature François Mauriac et est également en lice pour le Goncourt, le Renaudot et le Prix des lettres arabes 2014. D’abord édité en Algérie avant d’être publié chez Actes Sud, c’est la première fois qu’un auteur francophone d’Afrique ou d’Asie est nominé au Goncourt avec un livre paru d’abord dans son pays d’origine. 

Source : Le journal Le Soir de ce lundi 29 septembre 2014

Ce que les lecteurs en disent sur le site Babelio : Meursault, contre-enquête de Kamel Daoud

 

Villa Amalia de Benoît Jacquot



Elle s’enfuit, tel aurait pu être le sous-titre du film. La découverte de l’infidélité de son compagnon (Xavier Beauvois) sera l’élément déclencheur dans la vie d’Ann (Isabelle Huppert). Elle part, elle quitte tout, elle veut se dépouiller de sa vie d’avant, jusqu’à faire disparaitre son nom. Quitter son compagnon, vendre son appartement, arrêter son métier, annuler ses concerts, clôturer ses comptes en banque et brûler ses photos. Ann veut disparaître, se diluer dans une nouvelle existence dont elle ne sait encore rien. Est-elle devenue folle ? Ou suicidaire ? Ann, qui n’arrête pas de s’excuser pour la mort des autres, est une femme qui dit non quand elle ne veut pas, qui s’exprime, qui à défaut d’être à l’écoute des autres, est à l’écoute d’elle-même. Un ami d’enfance (Jean-Hugues Anglade), récemment retrouvé, sera son seul point d’ancrage. Ann est une femme qui largue les amarres, sans doute au péril de sa vie, au mieux pour se reconstruire, au pire pour répéter les actes de son père…

Ce magnifique film de Benoît Jacquot est une petite merveille. Une atmosphère étrange, presque onirique s’en dégage, la musique contribuant à cet effet d’apesanteur très particulier. A défaut d’apprécier son dernier film, 3 cœurs, n’hésitez pas à voir ou à revoir ce film réalisé en 2009 et que Arte a eu la bonne idée de diffuser dernièrement.

Note : 5/5


Titre : Villa Amalia
Réalisateur : Benoît Jacquot
Acteurs : Isabelle Huppert, Jean-Hugues Anglade, Xavier Beauvois
Pays : France
Genre : Drame
Date de sortie : avril 2009
Durée : 1h31

The Rice Bomber de Cho Li


La réalisatrice taiwanaise Cho Li dénonce la politique du gouvernement de son pays qui, pour rentrer dans l’OMC, a pratiquement abandonné ses agriculteurs en leur incitant à vendre leur terrain au profit de constructions de sites industriels. Les importations mondiales de masse faisant également chuter de manière drastique le cours du riz local. 

Pour ce faire, elle se base sur l’histoire vraie d’un jeune fermier de la région centrale de Changhua, Yang Rumen, qui se révolte contre ces politiques agraires. Après avoir en vain essayé de faire parvenir des pétitions aux organismes gouvernementaux, il décide de fabriquer des bombes de riz artisanales, inoffensives mais faisant parler les médias. Après avoir posé 17 bombes, cet activiste se rendra aux autorités et purgera quelques années de prison. A sa sortie, il deviendra un des promoteurs les plus renommés de l'agriculture biologique, pour lequel il officie encore à ce jour. 

Les acteurs sont excellents et la réalisatrice sait y faire, et si le film n’évite malheureusement pas quelques lenteurs, le sujet mérite largement le déplacement. L’excellente photographie de Cho Yong-Kyou n’étant pas en reste. Ce film ne risque sans doute pas de franchir nos salles de cinéma mais fera sa place dans les sélections de festivals.



Réalisateur : CHO Li
Acteurs : HUANG Chien-wei, Nikki Hsieh, Michael CHANG
Pays : Taiwan
Genre Drame
Année 2014
Durée 118 min
Date de sortie Avril 4 2014 (Taiwan)

Note : 3½ sur 5


Ce film a été vu dans le cadre du Festival de Films Elles tournent et clôturera en ce qui me concerne cette 7e édition de films, documentaires et autres  tournés  par des réalisatrices du monde entier . A l'année prochaine pour une  nouvelle édition.

dimanche 28 septembre 2014

Une peinture en passant, de Léon Spilliaert

Femme de Pêcheur face au bassin, 1909

Léon Spilliaert (Ostende 1881 - Bruxelles 1946) est un peintre belge autodidacte, influencé par le symbolisme, l’expressionnisme et le surréalisme. Son œuvre témoigne essentiellement d'une solitude et d'une angoisse existentielle.

Vulva 3.0 de Claudia Richarz et Ulrike Zimmermann (documentaire)


Deux réalisatrices allemandes abordent l’appareil génital féminin sous divers aspects sociétaux (journalistique, éducatif, médical, artistique), tout en incluant sa confrontation à la norme sociale. 

Le documentaire commence fort : entre les jambes écartées d’une patiente, un chirurgien plastique de Cologne repulpe les lèvres avec de l'acide hyaluronique et s’exclame devant le résultat obtenu. Le documentaire se termine quant à lui par l’opération d’une jeune femme de 24 ans, qui pour répondre aux canons de notre époque (à savoir ceux véhiculés par les médias, la pornographie et les photos retouchées, qui donnent une image publique de la vulve bien éloignée de la réalité), recourt à une intervention chirurgicale esthétique coûteuse et mutilante à souhait : il faut absolument couper ce qui dépasse, diminuer de volume ce qui parait trop grand, mettre de la symétrie là où elle n’a jamais existé ailleurs que sur des photos corrigées par des logiciels de traitement de l’image. 

Entre ces deux séquences, c’est une partie de l’histoire de l’anatomie féminine qui sera parcourue : récits mythologiques, évolution de la médecine et de la psychiatrie (rappelons les mutilations génitales du 19e siècle dans nos sociétés pour soigner l’hystérie et l’hypersexualité des femmes), les pratiques ancestrales de l’excision (de 4 types) et autres joyeusetés (même la Vénus noire du réalisateur Abdellatif Chiche sera entraperçue). 

Heureusement que des séquences humoristiques émaillent le documentaire pour alléger un peu le propos, tant cette partie du corps de la femme semble encore taboue, tout en nous donnant l’impression de ne toujours pas nous appartenir vraiment. Et on se surprend soi-même à ne pas trouver très ragoutantes ces images de vulve au naturel présentées en gros plans à des moments où on ne s’y attend pas (et oui, il y a des poils, ce n’est pas tout rose bonbon, il y en a de toutes les couleurs, de tous les âges, de toutes les dimensions et les petites lèvres sont asymétriques à souhait) et on se dit que nous sommes, bien malgré nous, également influencées par les stéréotypes de notre époque. 

Mais le plus douloureux pour moi fut quand même la séquence finale, celle où cette jeune fille se fait mutiler sciemment pour répondre à l’imagerie sexuelle dominante. Les dictats, imposés par la force mais également ceux qu’on s’impose à soi-même, ont malheureusement encore de beaux jours devant eux. Ce sont finalement les chirurgiens esthétiques qui se frottent les mains tant les affaires sont florissantes. A quand une opération chez les hommes pour aligner leurs testicules afin d’atteindre une parfaite symétrie ? Navrant ? Ben oui.

Un documentaire forcément marquant et interpellant. Le public dans la salle était à 99% féminin, cela va de soi. Je félicite d'ailleurs le seul homme spectateur de la salle, qui a eu le courage d'accompagner son amie.


Réalisatrices :  Claudia Richarz et Ulrike Zimmermann
Pays : Allemagne
Année : 2014
Durée : 79 minutes

Ce documentaire a été vu dans le cadre du Festival de Films Elles tournent.

samedi 27 septembre 2014

En la casa, la cama y la calle de Liz Miller (documentaire)


Le Nicaragua, un pays qui s’ouvre de plus en plus au tourisme, pour le meilleur et pour le pire : la prostitution infantile ou de jeunes adolescentes est en hausse constante. Un groupe de défense des droits des femmes, Puntos de Encuentro, réalise un feuilleton qui parle de la vie des femmes dans un quartier de la ville. Elles y dénoncent la violence faite aux femmes, intra-familiale et extra-familiale, l’inceste, mais aussi le viol et la prostitution des jeunes filles. Comment se laisser berner en tombant amoureuse d’un proxénète, comment se retrouver ensuite à vendre son corps au plus offrant, comment faire appel aux institutions et organisations pour se protéger et s’en sortir. Le succès du feuilleton est foudroyant. Mais ce groupe de défense ne limite pas leur action à la réalisation du feuilleton. Les acteurs, scénaristes, réalisateurs passent dans les écoles, communiquent, dialoguent avec les jeunes, donnent des conseils, des informations sur les personnes à contacter en cas de problème. Ce documentaire donne du baume au cœur car ce groupe prend vraiment à bras le corps le problème de la prostitution des adolescentes en œuvrant par tous les moyens possibles pour combattre ce fléau.


Réalisatrice : Liz Miller
Pays : Canada, Nicaragua
Année : 2013
Durée : 35 minutes

Vu dans le cadre du Festival de Films Elles tournent.

Playing With Fire d’Anneta Papathanassiou (documentaire)


Anneta Papathanassiou, actrice et réalisatrice grecque, est invitée à l’Université de Kaboul pour enseigner le théâtre grec antique et monter « Antigone ». Pari osé lorsque les actrices afghanes sont rares à rester au pays. Considérées par les Talibans comme des femmes qui, à l’instar des prostituées, vendent leur corps et provoquent les hommes, ces actrices doivent faire face aux critiques virulentes, à la désapprobation sociale mais  également aux violences et aux menaces sur leur vie et celles de leurs familles. Deux jeunes actrices ont même été retrouvées égorgées en pleine rue. Leur crime ? Vouloir jouer dans une pièce de théâtre. Lorsque l’Art est un défi face à une société rigide et machiste. Le discours du plus grand Imam de Kaboul, conseillé de l’ex-président afghan, fait froid dans le dos : même la voix féminine d’une femme excite un homme. Il faut donc la museler, la faire taire à tout prix, la cacher. Comment combiner l’art et la culture dans ces conditions ? "Jouer avec le feu" est un documentaire percutant sur les actrices en Afghanistan, qui nous bouleverse et nous heurte. Comment imaginer risquer sa vie et celle de ses proches pour être actrice ? Il n’est pas étonnant que la plupart fuie le pays en s’exilant en Turquie, l’Iran ou l’Allemagne. Pour accomplir leurs rêves et vivre de leur art, tout simplement.


Réalisatrice : Anneta Papathanassiou
Pays : Grèce
Année: 2013
Durée : 58 minutes
Distribution: Modiano

Ce documentaire a été vu dans le cadre du Festival de Films Elles tournent.

Le bruit des choses qui tombent de Juan Gabriel Vasquez

À quarante ans, Antonio Yammara se souvient de sa rencontre avec Ricardo Laverde, un homme récemment sorti de prison après une lourde peine et qu’il avait rencontré dans une salle de billard du centre de Bogota,  alors qu’il était un jeune professeur de droit. Lorsque deux hommes à moto abattent en pleine rue Ricardo Laverde, tout en blessant grièvement Antonio, c’est sa vie qui s’en trouvera bouleversée à jamais.

La fille de Laverde, Maya, le contactera deux années plus tard. Pour se rencontrer afin de remonter ensemble le fil du temps et de découvrir qui était réellement Ricardo Laverde. Antonio et Maya, ce sont deux personnes de la même génération qui ont connu la Colombie des années 1970 et 80, celles des narcotrafiquants et du chef tout-puissant Pablo Escobar, qui avait ouvert un parc zoologique que fréquentaient les enfants de Colombie, bravant parfois l’interdiction des parents pour s’y rendre. Antonio et Maya, ce sont deux victimes parmi tant d’autres de la violence des cartels, des attentats, des meurtres, d’une société en plein chaos.

 C’est à une véritable quête que nous convie l’auteur Juan Gabriel Vásquez, de celle qui passe par le souvenir, les cicatrices, la mémoire et les traces que ces événements douloureux ont laissés et imprimés au plus profond des êtres. Quand le bruit des vies qui s’éteignent, le bruit des objets qui se brisent, le bruit des choses qui tombent ne cesseront plus jamais de résonner en soi.

Un très beau roman porté par une belle écriture sur l’impact de la violence sur toute une génération ayant reçu en héritage un bien lourd fardeau.

Le bruit des choses qui tombent de Juan Gabriel Vasquez, traduit de l'espagnol (Colombie) par Isabelle Gugnon, Éditions Points Collection Points, 29/08/2013

vendredi 26 septembre 2014

Le Festival de films Elles Tournent 2014


La 7ème édition de ce festival 100% féminin a déjà commencé. D’une durée de 4 jours et en 35 films, ce festival présente des longs et courts métrages, des documentaires, des avant-premières, des classiques et des fictions exclusivement réalisés par des femmes. Cette année, une trentaine de réalisatrices de 18 pays viendront présenter leur création et rencontrer leur public.




Informations supplémentaires et programmes du festival : Elles tournent

A Bruxelles, du 25 au 28/09/14, au Botanique - Centre Culturel de la Communauté Française

Vu dans le cadre de ce festival :

The Rice Bomber de Cho Li (film)
HF les femmes dans la culture ! (Clip)
Vulva 3.0 de Claudia Richarz et Ulrike Zimmermann (documentaire)
En la casa, la cama y la calle de Liz Miller (documentaire)
Playing With Fire d’Anneta Papathanassiou (documentaire)

Elle l'adore de Jeanne Henry

Synopsis

Muriel est esthéticienne. Mais elle est avant tout fan. Elle est la plus grande admiratrice française de Vincent Lacroix, un chanteur de variétés au sommet de sa carrière. C’est donc une Muriel sidérée, émerveillée, qui ouvre la porte à son idole cette nuit-là. Il lui demande son aide pour se débarrasser d’un paquet encombrant : Le corps d'une femme caché dans le coffre de sa voiture. Et surtout, elle ne posera aucune question. Sans hésitation, Muriel accepte. Cette nuit-là, elle a ouvert la porte à son idole. Cette nuit-là, les ennuis ont commencé...

Muriel (Sandrine Kiberlain) met de la couleur dans sa vie en mentant effrontément à ses proches tout en adorant depuis plus de vingt ans le chanteur Vincent Lacroix. Et c’est donc tout naturellement qu’elle lui viendra en aide lorsque celui-ci frappera à sa porte en plein désarroi. 

Le premier film de Jeanne Henry (la fille de Julien Clerc et de Miou Miou) est souvent drôle mais surtout sensible et émouvant, surfant même sur une certaine mélancolie. Et c’est avec beaucoup de plaisir que nous suivons les traces de Muriel, qui arrivera à utiliser son plus gros défaut (celui de mentir à tout va) en un atout de taille quand il s’agira de s’extirper du pétrin dans lequel elle s’est mise pour aider son idole. Ce film traite finalement beaucoup de nos dépendances affectives, des addictions et de nos manques. Muriel sortira de cette expérience grandie, plus sûre d’elle et guérie de sa passion. Sandrine Kiberlain déploie tout son talent que nous lui connaissons mais les personnages secondaires ne sont pas en reste, mention particulière pour l’acteur Pascal Demolon, inconnu pour moi jusqu’à présent mais qui va susciter dorénavant toute mon attention. 

"Elle l’adore" m’a fait passer un bon moment de cinéma. J’attends déjà avec impatience le prochain film de Jeanne Henry, tant elle se révèle sensible et fine dans l'observation et le traitement de ses personnages.

Alex en parle également ici.



Réalisateur: Jeanne Herry
Acteurs: Sandrine Kiberlain, Laurent Lafitte, Pascal Demolon, Olivia Côte, Benjamin Lavernhe Emilie Gavois-Kahn, Jacqueline Danno
Origine: France
Genre: Comédie
Public: Tout public
Année de production: 2014
Date de sortie: 24/09/2014
Durée: 1h44

 Note


jeudi 25 septembre 2014

Le Pavillon Horta-Lambeaux


Le Pavillon des Passions Humaines, situé dans le parc du Cinquantenaire de Bruxelles, est un édifice qui a été créé afin d’abriter l’étonnant relief en marbre de Carrare réalisé par le sculpteur Jef Lambeaux, de douze mètres de largeur sur huit de hauteur. Cette sorte de petit temple d’inspiration classique, conçu par Victor Horta et bâti de 1891 à 1897, est constitué d’une unique salle au sol en mosaïques et aux murs couvert de pierres blanches d’Euville et de panneaux en marbre jaune de Sienne. 

Le relief de Jef Lambeaux est une représentation allégorique des plaisirs et des malheurs de l’humanité présidés par la Mort, entouré à gauche par les Grâces et à droite par les légions infernales, avec à l’extrême droite le Christ en croix, accompagné de Dieu le Père et des trois Parques. On y trouve également, de gauche à droite, la maternité, la séduction, le suicide, les trois âges de l’humanité, le meurtre de Caïn et Abel, la débauche, la joie, le viol, la guerre et enfin le remord ou Adam et Eve.

 Le Pavillon des Passions Humaines n’est pas vraiment facile d’accès. Après un an de travaux, la première ouverture au public du Pavillon a eu lieu lors des journées du Patrimoine du 21 & 22 septembre 2014. 

mardi 23 septembre 2014

Le Complexe d'Eden Bellwether de Benjamin Wood

Manipulation ? Envoûtement et sortilège ? Génie ? Folie ?

Le doute plane tout au long du roman, qui met en scène un groupe de cinq  étudiants du campus de Cambridge, issus de familles très aisées. Le meneur, l’organiste virtuose Eden Bellwether, allie la passion pour la musique baroque à d’étranges conceptions sur l’usage hypnotique de la musique. Ce n’est pas le jeune aide-soignant Oscar Lowe qui le contredira, lui qui fut irrésistiblement attiré par la puissance de l’orgue provenant de la chapelle dans laquelle joue Eden. Il y rencontrera la jeune sœur de ce dernier, Iris, dont il tombera amoureux. Et il subira malgré lui la fatale attraction qu’Eden Bellwether suscite sur son entourage, même si Iris commence sérieusement à se poser des questions sur l’état mental de son frère, lorsque celui-ci prétend pouvoir guérir grâce à sa musique… 

Benjamin Wood questionne notre rapport à la foi, à la suggestion, à l’irrationnel, tout en nous faisant éprouver un mélange de sentiments fait de répulsions et d’attractions envers ce jeune gourou aussi intelligent qu’imbu de sa personne. Eden Bellwether est-il quelqu'un d'exceptionnel ou quelqu'un d'anormal ? Le génie a toujours côtoyé de près la folie, et ce roman explore la frontière floue existante entre la démence, l’affabulation, l’illusion d’un côté et l’espérance et la lueur d'espoir  de l’autre, quand bien même cet espoir serait sans fondement.

« Ma théorie est que l'espoir est une forme de folie. Une folie bénigne, certes, mais une folie tout de même.» 

Si je n'ai pas été particulièrement passionnée par le traitement du sujet, ce premier roman reste de belle tenue et demeure maîtrisé de bout en bout, laissant présager le meilleur pour la suite.

Le Complexe d'Eden Bellwether de Benjamin Wood, traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Renaud Morin, Éditions Zulma, paru le 28/08/14, 512 pages
Pris du roman FNAC 2014


 Note


lundi 22 septembre 2014

Mariage à l'italienne de Vittorio De Sica


 Synopsis :

Héritier d'une pâtisserie, Domenico Soriano s'est lié avec une prostituée, Filumena, qu'il a connue alors qu'elle n'avait que 17 ans. Après lui avoir rendu visite régulièrement dans une maison close, il l'a installée chez lui, où elle vit depuis vingt ans. Filumena s'est passionnément attachée à Domenico, mais celui-ci, honteux des modestes origines de sa maîtresse, repousse sans cesse la réalisation de ses promesses de mariage. Un jour, Filumena feint de tomber gravement malade. Domenico consent à l'épouser sur ce qu'il pense être son lit de mort. Mais ce n'est qu'une ruse, et la jeune femme se relève le lendemain, en pleine forme. Domenico jure alors de se venger... 

Source : Telerama

Sophia Loren, fille illégitime d’un ingénieur et d’une professeur de piano, qui a connu une enfance difficile dans la banlieue de Naples avant de prendre sa revanche sur la vie en devenant l’actrice italienne la plus primée au monde,  vient tout juste de fêter ses 80 ans.  L’occasion est trop belle pour voir ou revoir Mariage à l’italienne de Vittorio De Sica, que ARTE a eu la bonne idée de diffuser dernièrement sur petit écran. Ce film conjugue à la fois la farce, le mélodrame et la critique de la petite bourgeoisie de l’époque. Le couple Marcello Mastroianni et Sophia Loren fait des étincelles mais c’est véritablement Sophia Loren qui crève l’écran, tant elle est pétillante, émouvante, tragique et machiavélique à la fois. Et nous suivons avec bonheur l’évolution des rapports de force entre les deux protagonistes, partagés entre les espoirs et les désillusions de Filumena et la lâcheté et la couardise de Domenico. Les seconds rôles apportent quant à eux une touche de tendresse et de compassion qui donnent du baume au cœur. Ce film n’a décidément pas pris une ride et demeure un vrai régal. 

Dernière rediffusion sur ARTE, le dimanche 05.10 à 1h15



Titre original : Matrimonio all'Italiana
Réalisateur : Vittorio De Sica
Acteurs : Marcello Mastroianni, Sophia Loren, Tecla Scarano, Marilù Tolo, Aldo Puglisi
Genre : Comédie dramatique, Romance
Nationalité : Italien
Date de sortie : 30 décembre 1964
Durée : 1h42mn

dimanche 21 septembre 2014

Gatsby le magnifique de Francis Scott Fitzgerald (Citation)

Tom et Daisy étaient deux êtres parfaitement insouciants - ils cassaient les objets, ils cassaient les humains, puis ils s'abritaient derrière leur argent, ou leur extrême insouciance, ou je-ne-sais-quoi qui les tenait ensemble, et ils laissaient à d'autres le soin de nettoyer et de balayer les débris.



Gatsby le magnifique de Francis Scott Fitzgerald, Traduction Philippe Jaworski, Éditions Folio Collection Folio, 208 pages, 12 janvier 2012 


samedi 20 septembre 2014

3 coeurs de Benoit Jacquot

Synopsis

Dans une ville de province, une nuit, Marc rencontre Sylvie alors qu'il a raté le train pour retourner à Paris. Ils errent dans les rues jusqu'au matin, parlant de tout sauf d'eux mêmes, dans un accord rare, comme dansé. Quand Marc prend le premier train, il donne à Sylvie un rendez-vous, à Paris, quelques jours après. Ils ne savent donc rien l'un de l'autre, et c'est bien plus qu'un jeu, c'est comme ça. Sylvie ira à ce rendez-vous, et Marc, par malheur, non. Il la cherchera et en trouvera une autre, Sophie, sans savoir qu'elle est la soeur de Sylvie. Marc et Sylvie se retrouveront, leur accord sans pareil n'aura pas disparu, c'est trop tard...

J’aurais aimé vous dire tout le bien que je pensais du dernier film de Benoit Jacquot mais la faiblesse d’un scénario qui s’enlise, le nombre de petites manies (la sempiternelle chemise blanche transparente et le sous-vêtement noir de Sylvie/Charlotte Gainsbourg, l’immuable briquet comme fil conducteur), de métaphores peu subtiles (fumer de manière compulsive pour bien souligner la tension qui habite les protagonistes, le fameux miroir, les problèmes cardiaques reflétant les problèmes sentimentaux) et les invraisemblances qui s’accumulent (avec quelle facilité ces jeunes femmes font leurs valises après une rencontre furtive) font de ce « 3 cœurs » un film assez inégal à plusieurs points de vue. Passons également sur une voix off qui apparait soudainement pour disparaître tout aussi étrangement (un hommage à Truffaut ?), l’utilisation abusive d’un motif sonore qui finit par lasser et un redressement fiscal du maire totalement hors propos si ce n’est de souligner l’intégrité professionnelle de Marc, dont  on se fiche complètement.

J’ai regretté également le peu de consistance des personnages, dont celui joué par Catherine Deneuve, qui aurait mérité un plus large déploiement que celui de servir les plats tout en n'étant pas dupe mais se gardant bien de juger. Benoît Poelvoorde a déjà été plus convaincant dans ce rôle d’homme blessé et tiraillé. Est-ce le regard des femmes réalisatrices sur l’acteur qui fait toute la différence ? Elles arrivaient en tout cas à le canaliser de manière à lui insuffler une certaine transcendance, ce que visiblement Benoit Jacquot n’arrive jamais à accomplir.

Ce triangle amoureux, qui rejoue une trame digne d'une tragédie grecque (un homme aime deux sœurs) dans une famille bourgeoise provinciale,  se laisse regarder sans trop de mal mais il ne convainc jamais vraiment.


Titre : 3 coeurs
Réalisateur : Benoit Jacquot
Acteurs : Charlotte Gainsbourg, Catherine Deneuve, Benoît Poelvoorde, Chiara Mastroianni
Origine : France
Genre : Drame
Année de production : 2014
Date de sortie : 17/09/2014
Durée : 1h46

vendredi 19 septembre 2014

Un portrait en passant, Le Missel d' Edgard Maxence (peinture)

Le Missel -  Edgard Maxence - 1899

Edgard Maxence (Nantes 1871 - La Bernerie-en-Retz 1954) est un peintre symboliste français.

jeudi 18 septembre 2014

L'Incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage de Haruki Murakami (roman)

A l’âge de vingt ans, Tsukuru Tazaki vécut plusieurs mois en ne pensant qu’à la mort et à son éventuel suicide : qu’il n’ait plus d’existence dans ce monde et que le monde n’ait plus d’existence pour lui. Cette aspiration à la mort faisait suite à une rupture douloureuse : à Nagoya, ils étaient cinq amis inséparables depuis le lycée, jusqu’au jour où ses amis lui annoncèrent qu’ils ne voulaient plus le revoir. Lui, Tsukuru Tazaki, l’homme qui se pense incolore, sans signe distinctif, vide de nature et moyen en tout, l’homme qui pourtant avait été le seul à quitter sa ville natale pour étudier à l’université de Tokyo, en gardera à jamais des séquelles. 

Et lorsque Sara rentre dans sa vie une quinzaine d’années plus tard, elle le sent comme hors d’atteinte, comme séparé du monde en maintenant une distance invisible mais palpable avec son entourage. Tsukuru Tazaki éprouve des sentiments pour Sara mais celle-ci refuse d’aller plus loin tant qu’il n’entamera pas un pèlerinage dans son passé, afin de s’y confronter en tentant de comprendre ce qui a brisé le cercle de ses amis, si parfait et si harmonieux en apparence, avant ce rejet demeuré inexplicable jusqu’à ce jour. 

L’auteur nous convie à un roman intimiste et psychologique sur les blessures  et la fragilité de la vie, leurs conséquences mais aussi le courage de s’en affranchir pour pouvoir accéder au bonheur d’aimer et d' être aimé. En ne maintenant plus la distance entre soi et les autres de crainte de replonger dans les abîmes de l'abandon, sans plus se voir comme un récipient exempt de contenu mais comme un homme digne capable de recevoir mais également de donner le meilleur de lui-même. 

Un roman plein de charmes et aux résonances multiples sur le thème de l'exclusion et le mal-être qu'il engendre, sur les contours un peu flous des rêves et de la sexualité refoulée, sur l'homosexualité parfois latente qui s'en dégage.

L'Incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage de Haruki Murakami, traduction par Hélène MORITA, Éditions Belfond, Littérature Etrangère, Septembre 2014, 384 pages.


 Note


mardi 16 septembre 2014

Annabel de Kathleen Winter

Quatrième de couverture

En 1968 au Canada, un enfant voit le jour dans un village reculé de la région du Labrador. Ni garçon ni fille, il est les deux à la fois – l'enfant naît hermaphrodite. Seules trois personnes partagent ce secret : les parents de l'enfant et Thomasina, une voisine de confiance. Ses parents le prénomment Wayne, mais Thomasina l'appelle secrètement Annabel avant de partir poursuivre une formation en Europe. Son père prend la difficile décision de faire opérer l'enfant et de l'élever comme un garçon, prénommé Wayne. Mais tandis que ce dernier grandit, son moi caché – une fille appelée Annabel – ne disparaît jamais complètement. Wayne rêve de faire de la natation synchronisée, de porter un maillot de bain pailleté que sa mère va finir par lui acheter sans rien dire au père... jusqu'au jour où le secret de son corps lui est dévoilé à l'hôpital. Wayne décidera donc de quitter son village pour aller travailler en ville sur des chantiers. Pourtant, il devra apprendre qu'il ne doit pas confier son secret à personne... 


Mon avis

Ayant lu de très bons billets sur la blogosphère lors de sa sortie en février 2013, je l'avais soigneusement ajouté à mon pense-bête sans avoir malheureusement l'opportunité de l'emprunter à la bibliothèque. Je n'ai donc pas résisté une seconde lorsque j'ai aperçu sa récente édition en format poche et force est de constater qu'il a rempli toutes ses promesses. Ce roman est une petite merveille de simplicité, de poésie et de naturalisme. Loin de tout voyeurisme, ce livre touche au plus profond des êtres en abordant avec une extrême délicatesse et sensibilité des sujets aussi forts que l'identité, l'amitié, le droit à la différence, les attentes des uns et les idéaux des autres, sans oublier la liberté de choisir ou de ne jamais renoncer à ses rêves. Un roman qui a une âme, tout simplement. Et un auteur qui doit aimer autant ses personnages que ses lecteurs pour arriver à nous toucher avec autant de grâce.


Annabel de Kathleen Winter, Traduction Claudine VIVIER, Éditions 10/18, 4 septembre 2014, 470 pages.

lundi 15 septembre 2014

L'Assassinat de Trotsky de Joseph Losey


Ce film reconstitue le plus fidèlement possible les trois derniers mois de la vie de Léon Trotsky (Richard Burton), réfugié politique russe exilé à Mexico. Et plus particulièrement des deux attentats à sa vie dont le dernier fut fatal, exécuté par un agent de Staline, du nom de Ramon Mercader (Alain Delon). 

Le film n’est franchement guère passionnant, tant il manque de souffle et souffre de lenteurs, mais il n’en demeure pas moins intéressant dans sa reconstitution des faits sur les lieux du crime. La relation qui s’instaure entre l’assassin et sa victime est troublante, tant on ne comprend pas à quel point Trotsky ait pu être aussi imprudent pour avoir laissé cet homme, quasi inconnu de lui, s’approcher aussi près de sa sphère privée. La mise en scène de la mise à mort d’un taureau, dans l’arène lors d’une corrida, sanglante et implacable, n’est que la répétition préalable de la mise un mort d’un homme qui se savait condamner. La dernière partie du film est plus tendue, et la scène du crime éclate enfin dans toute sa cruauté et brutalité. On retrouve la fascination de Joseph Losey pour les rapports de force, faits de fascination réciproque, d’ambigüité, de soumission et de domination, même s’il ne les développe pas non plus de manière très approfondie, restant volontiers en surface. 

Un film assez bancal, sans doute pas vraiment à la hauteur de son sujet mais qui a le mérite d'évoquer un événement historique important.



Réalisateur : Joseph Losey
Acteurs : Richard Burton, Romy Schneider, Alain Delon, Valentina Cortese, Jean Desailly
Origines : France, Italie, Royaume-Uni
Genres : Biopic, Drame, Film historique
Année de production : 1972
Durée : 1h43

D'autres films du réalisateur à découvrir également :

* Mr. Klein de Joseph Losey
* The Servant de Joseph Losey
* Le messager de Joseph Losey

dimanche 14 septembre 2014

Olivier Rocq (photographies)

Olivier Rocq, WebDesigner professionnel que j'ai rencontré lors de notre formation commune il y a plusieurs années, est également un très bon photographe. Je vous présente quelques-unes de ses créations, qui ont pour point commun notre petite Belgique. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il arrive à nous la montrer sous son meilleur jour. N'hésitez pas à vous rendre sur son site (à la fin du billet) pour visualiser d'autres photos en provenance d'Italie, de France, des USA et bien d'autres pays encore. Merci Olivier pour le partage, tant c'est un vrai régal pour les yeux !

Extrait : Entre Ciel et Terre de Jon Kalman Stefansson


Certains mots sont probablement aptes à changer le monde, ils ont le pouvoir de nous consoler et de sécher nos larmes. Certains mots sont des balles de fusil, d’autres des notes de violon. Certains sont capables de faire fondre la glace qui nous enserre le cœur et il est même possible de les dépêcher comme des cohortes de sauveteurs quand les jours sont contraires et que nous ne sommes peut-être ni vivants ni morts.




 Entre Ciel et Terre de Jon Kalman Stefansson, Traduction Eric Boury, Éditions Gallimard Collection Folio, 260 pages, 3 mars 2011

☆☆☆☆


samedi 13 septembre 2014