dimanche 8 janvier 2012

Drood de Dan Simmons

Quatrième de couverture
 
9 juin 1865. Charles Dickens, alors âgé de 53 ans et au faîte de son art et de sa gloire, regagne Londres en secret en compagnie de sa maîtresse à bord du train de marée. Soudain, à Staplehurst, l'Express déraille. Tous les wagons de première classe s'écrasent en contrebas du pont, à l'exception de celui de Dickens. Indemne, "l'écrivain le plus célèbre du monde", comme on le surnomme, tente de se porter au secours des survivants. Au fond du ravin, sa route croise celle d'un personnage à l'allure spectrale qui va désormais l'obséder : Drood. De retour à Londres, Dickens confie le secret de son étrange rencontre à son ami Wilkie Collins, écrivain lui aussi, à qui il reviendra de relater les dernières années de la vie de celui qu'il appelle, avec autant d'admiration que d'ironie, l'Inimitable. A la poursuite de Dickens, qui a cessé d'écrire pour hanter les bas-fonds - cryptes, cimetières et catacombes - de Londres, Collins cherche à comprendre quels rapports unissent désormais l'Inimitable et l'inquiétant Drood. Mais peut-on vraiment porter foi au récit halluciné de Collins, opiomane en proie à la paranoïa ? Inspiré par Le Mystère d'Edwin Drood, le roman mythique que Dickens laissa inachevé à sa mort en 1870 - cinq ans jour pour jour après son accident de train -, Drood nous entraîne dans le Londres interlope de Jack l'Eventreur et des sciences occultes.
 
Dan Simmons prend le risque de dérouter son lectorat tant ce récit se singularise de ses autres romans : faisant souvent la part belle au fantastique, à l’horreur et au polar, l’auteur semble bien suivre cette direction coutumière dans les cent cinquante premières pages du roman mais ce n’est que pour mieux ensuite relâcher l’intrigue afin de plonger tête la première dans le roman psychologique pur jus.  Biographie romancée des cinq dernières années de la vie de Charles Dickens à travers le regard embrumé de l’opiomane Wilkie Collins, qui surnomme son mentor non sans humour teinté de sarcasme l’Inimitable, c’est avec étonnement que nous suivons les relations ambigües de ces deux hommes tour à tour jaloux, envieux, admiratifs, aimants, haineux ou manipulateurs.
 
La surprise fut de taille en ce qui me concerne, ne m’attendant pas du tout à cette tournure au cours du récit. Il n’empêche que la balade fut intéressante, tant Dan Simmons reste tout de même Dan Simmons : horreur des bas-fonds londoniens, prisme déformant de la réalité à travers les yeux du narrateur (Wilkie Collins) drogué au laudanum, folies hallucinatoires, autodestructions et aliénations diverses, manipulations mentales et pouvoir de suggestion. Et même si on sent que l’auteur s'est énormément documenté sur cette époque, il arrive à donner à ces personnages une telle épaisseur qu’on a l’impression à la fin du roman de les avoir réellement côtoyés.
 
Drood n’évite malheureusement pas certaines longueurs dues à de multiples détails et répétitions qui alourdissent le récit.
 
Les amateurs de C. Dickens et de W. Collins se délecteront à coup sûr, les autres peut-être aussi, sachant qu’il s’agit avant tout d’un roman plus psychologique que terrifique. Un roman qui prend du temps et qui prend son temps, mais j’y ai trouvé mon compte au final, même si l’auteur m’a prise au dépourvu tant je m’attendais initialement à autre chose. Avec cette impression d’avoir finalement été manipulée à mon tour, mais non sans consentement tacite ;-)
 
A noter qu’il ne faut pas avoir lu les romans de C. Dickens et de W. Collins pour suivre la trame du récit : on loupe certainement quelques références et mises en correspondance sans pour autant que cela nuise à la compréhension de l’ensemble du roman. 


vendredi 6 janvier 2012

Brazil.Brasil au BOZAR EXPO


Brazil.Brasil retrace la quête passionnante d’une expression de la diversité et de(s) l’identité(s) du Brésil par les artistes brésiliens. Le parcours commence au début du 19e siècle lorsque la monarchie et l’académie brésiliennes prônent un art national qui présente l’Indien en héros. Les artistes voyageurs européens apportent par la suite une vision plus critique sur la diversité ethnique, sociale et géographique. Au début du 20e siècle enfin, les artistes brésiliens tentent de mettre à nu l’âme de leur pays avec pour magnifiques résultat un art moderne qui leur est propre. Cet ensemble inédit rassemble peintures, dessins, sculptures,… de grands maîtres ainsi que des trésors de l’archéologie et de l’anthropologie brésiliennes. 

Commissaires : Ana Maria de Moraes Belluzo, Julio Bandeira, Victor Burton, Lorenzo Mammi

Tarsila do Amaral (1886-1973)

Tarsila do Amaral (1886-1973)

Alberto Da Veiga (1896-1962)

Alberto Da Veiga (1896-1962)

Emiliano Di Cavalcanti (1897-1976)

Emiliano Di Cavalcanti (1897-1976)

Vicente do Rego Monteiro(1899-1970)

Candido Portinari (1903-1962)

Candido Portinari (1903-1962)

Lasar Segal (1891-1957)

 José Pancetti (1902-1958)

Alberto Da Veiga (1896-1962)


Maria Martins (1894-1973)

Superbe exposition !


Brazil.Brasil

Jeudi 06.10.2011 > Dimanche 15.01.2012

mercredi 4 janvier 2012

Le Guépard de Luchino Visconti

Synopsis
 
Nous sommes dans les années troubles de 1860-1863 : l’armée révolutionnaire de Garibaldi débarque à Marsala, ville italienne de la province de Trapani en Sicile, en vue d’annexer le royaume des Bourbons à l'Italie du Nord. Le prince Fabrizio Courbera de Salina (joué par Burt Lancaster) comprend qu’il vit les derniers moments d’une époque bientôt révolue. Sans beaucoup d’illusions sur son avenir, il quitte son domaine avec sa famille pour son palais de villégiature dans le village de Donnafugata.

« Nous étions les guépards, les lions. Ceux qui nous remplaceront seront les chacals, les hyènes. Et tous tant que nous sommes, guépards, lions, chacals, brebis, nous continuerons à nous prendre pour le sel de la Terre. »  
Le plus grand atout du film ? Sans conteste Burt Lancaster ! Il est absolument impérial dans ce rôle d’un aristocrate vacillant sur ses bases mais pas encore totalement déboulonné. Ce film pourrait n'être vu rien que pour son interprétation, tant il m’a impressionnée, émue et touchée.


Les plus grandes failles du film ?  La reconstitution de l'entrée des forces révolutionnaires de Garibaldi à Marsala frôle le ridicule, c’est mou, sans forme, inconsistant, limite potache.  Le jeu de Claudia Cardinal est souvent mauvais, ou du moins affreusement daté. Exception faite lorsqu’elle éclate de rire à table en compagnie de Tancrède, joué par Alain Delon : un rire franc, audacieux et irrévérencieux à la fois, un rire véritablement orgasmique. Vraiment jubilatoire.  



En ce qui concerne la mise en scène (hors les scènes de combat), elle est tout simplement somptueuse et magnifiquement orchestrée, offrant des mises en tableaux qui sont un plaisir pour les yeux. Les scènes de bal, de familles, les scènes religieuses sans oublier les paysages arides et la beauté des terres siciliennes. Évocation de la transition de pouvoir et de la fin d’une époque. Il y a comme une atmosphère propre aux auteurs de la Mitteleuropa dans ce film, je pense notamment à l'écrivain Sándor Márai : des us et coutumes qui commencent déjà à se flétrir mais qui évoquent encore une douceur de vivre qui ravit et indispose à la fois, des mœurs et des traditions qui ont comme une légère saveur aigrelette, tel un fruit devenu trop mûr.


Titre original : Il gattopardo
Réalisateur : Luchino Visconti
Adapté d'après le roman  de Giuseppe Tomasi di Lampedusa
Acteurs : Burt Lancaster, Claudia Cardinale, Alain Delon, Paolo Stoppa
Origine : Italie
Genre : Drame psychologique
Public : Tout public
Année de production : 1963
Durée : 3h05

Le Guépard de Luchino Visconti a reçu la Palme d'or au Festival de Cannes 1963.