vendredi 2 septembre 2011

Un été sans les hommes de Siri Hustvedt

Quatrième de couverture

Incapable de supporter plus longtemps la liaison que son mari, Boris, neuroscientifique de renom, entretient avec une femme plus jeune qu'elle, Mia, poétesse de son état, décide de quitter New York pour se réfugier auprès de sa mère qui a, depuis la mort de son mari, pris ses quartiers dans une maison de retraite du Minnesota. En même temps que la jubilatoire résilience dont fait preuve le petit groupe de pétillantes veuves octogénaires qui entoure sa mère, Mia va découvrir la confusion des sentiments et les rivalités à l'oeuvre chez les sept adolescentes qu'elle a accepté d'initier à la poésie le temps d'un été, tout en nouant une amitié sincère avec Lola, jeune mère délaissée par un mari colérique et instable... Parcours en forme de "lecture de soi" d'une femme à un tournant de son existence et confrontée aux âges successifs de la vie à travers quelques personnages féminins inoubliables, ce roman aussi solaire que plaisamment subversif dresse le portrait attachant d'une humanité fragile mais se réinventant sans cesse.

Un roman que j'ai bien aimé malgré ses faiblesses : beaucoup d'éléments sont ébauchés mais pas vraiment aboutis, il manque de liant pour tenir l'ensemble. On sent vraiment que ce roman suit le travail effectué pour l'essai intitulé La femme qui tremble : là où l'intellectualisation était légitime dans l'essai, il y prend bien prend trop de place dans le roman. Pourquoi autant intellectualiser lorsqu'elle aborde la féminité ? Trop proche, trop intime ? Besoin de prendre du recul par l'intellect ? Si j'ai aimé les esquisses du roman, il m'a laissé tout de même un goût d'inachevé par son manque de spontanéité : tout me semblait trop réfléchi, trop pensé, trop retenu. Une bonne ébauche donc mais j'attends encore LE roman féministe de Siri Hustvedt, qui peut aller beaucoup plus loin si elle se lâchait un petit peu plus : écrire avec plus de tripes et moins d'esprit et de contrôle. En tout cas, je l'attends avec impatience. Reste la belle écriture et la sensibilité de l'auteure, ce qui n'est pas rien tout de même.

« Les gens très âgés se languissent et meurent. Cela, nous le savons, mais les gens très âgés le savent bien mieux que nous. Ils vivent dans un monde de perte continuelle et cela, ainsi que l'avait dit ma mère, c'est cruel. »

« [...] quand j'étais folle, étais-je ou n'étais-je pas moi-même ? Quand une personne en devient-elle une autre ? »

« Seuls les gens âgés ont accès à la brièveté de la vie. »

« Répétition. Répétition, pas identité. Rien n'est répété exactement, même les mots, parce que quelque chose a changé dans celui qui parle et dans celui qui écoute, parce qu'une fois les mots dits et puis redits encore, la répétition elle-même les altère. »

« Les veufs se remarient parce que ça leur facilite la vie. Les veuves non, le plus souvent, parce que leur vie en serait plus difficile. »


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