mardi 28 juin 2011

Le coeur régulier de Olivier Adam

Quatrième de couverture

" Vu de loin on ne voit rien ", disait souvent Nathan. Depuis la mort de ce frère tant aimé, Sarah se sent de plus en plus étrangère à sa vie, jusque-là " si parfaite ". Le coeur en cavale, elle s'enfuit au Japon et se réfugie dans un petit village au pied des falaises. Nathan prétendait avoir trouvé la paix là-bas, auprès d'un certain Natsume. En revisitant les lieux d'élection de ce frère disparu, Sarah a l'espoir de se rapprocher, une dernière fois, de lui. Mais c'est sa propre histoire qu'elle va redécouvrir, à ses risques et périls. Grâce à une écriture qui fait toute la place à la sensation, à l'impression, au paysage aussi bien intérieur qu'extérieur, Olivier Adam décrit les plus infimes mouvements du coeur et pose les grandes questions qui dérangent.

Deuxième roman que je lis de cet auteur (après « A l’ abri de rien ») et mon enthousiasme est toujours aussi intact : avec des mots simples, Olivier Adam arrive comme toujours à nous rendre avec talent les égarements d’une femme arrivée à un certain point de non-retour dans sa vie, avec cette sensation de vide à la mort de son frère qu’il faudra tenter de réalimenter autrement, loin des conventions sociales, familiales et professionnelles. Un roman sur les fêlures, sur les concessions qui finissent par nous aliéner, un retour aux sources et un éloignement salvateur pour se retrouver, enfin. Un roman mélancolique et doucement remuant.


lundi 20 juin 2011

Cent ans de solitude de Gabriel García Márquez

Quatrième de couverture

Une épopée vaste et multiple, un mythe haut en couleur plein de rêve et de réel. Histoire à la fois minutieuse et délirante d'une dynastie: la fondation, par l'ancêtre, d'un village sud-américain isolé du reste du monde; les grandes heures marquées par la magie et l'alchimie; la décadence; le déluge et la mort des animaux. Ce roman proliférant, merveilleux et doré comme une enluminure, est à sa façon un Quichotte sud-américain: même sens de la parodie, même rage d'écrire, même fête cyclique des soleils et des mots. Cent Ans de solitude compte parmi les chefs d'oeuvre de la littérature mondiale du XXe siècle. L'auteur a obtenu le prix Nobel de littérature en 1982.

Que dire sur l’un des romans les plus lus et les plus traduits de nos jours, représentatif par excellence du réalisme magique ? Chronique sur cent ans et six générations de la famille Buenda dans le village fictif de Macondo, nous assistons à une véritable épopée biblique (meurtre originel, exode, genèse, incestes, plaies, déluge, apocalypse) teintée de magie, de folie et de merveilleux. Ne cherchez surtout pas à vous y retrouver parmi les personnages : les mêmes noms, les mêmes caractères, les mêmes inclinaisons, les mêmes folies, les mêmes destins se transmettent de génération en génération. Nous sommes dans une boucle infernale, un temps cyclique dans lequel le temps revient toujours sur lui-même tel le serpent qui se mord la queue. Malédiction d’une lignée condamnée à cent ans de solitude, récit d’une prophétie qui se révèle au fur et à mesure, ce roman tient autant de l’odyssée mythique que de la parabole lyrique d’un conteur du temps jadis. A lire, sans aucun doute !


vendredi 17 juin 2011

Nord et Sud de Elizabeth Gaskell

Entre le Sud paisible, rural et conservateur et le Nord industriel, besogneux et âpre de l’Angleterre du XIXe siècle, la jeune Margaret Hale regagne le presbytère familial dans un village du sud de l'Angleterre après un long séjour à Londres chez sa tante. Pasteur de la petite paroisse rurale d’Helstone, le père de Margaret se met à douter de sa foi et décide de quitter son ministère pour des raisons de conscience. Il décide d’installer sa famille dans une ville industrielle du Nord afin de gagner sa vie en tant qu’enseignant. Margaret va devoir s'adapter à cette nouvelle existence dans ce monde industriel rude et poisseux. Elle méprise profondément cette classe de nouveaux riches sans éducation que sont les manufacturiers. La conscience sociale de Margaret s'éveille à travers les relations qu’elle noue avec certains ouvriers des filatures locales et les rapports difficiles qui l'opposent à leur patron, le sombre et redoutable John Thornton, également élève favori et ami de son père. L’hostilité affichée de Margaret à son égard n’empêchera pas John de tomber sous son charme…

Elizabeth Gaskell (1810-1865), fille et femme de pasteur, est une digne représentante de la littérature victorienne de son époque : le romantisme toujours présent se conjugue au réalisme social en pleine révolution industrielle. Réflexion sur la foi et l’engagement, évolution des mœurs et des relations sociales, exploitations ouvrières, misère grandissante dans les métropoles, puritanisme ambiant, féminisme émergeant, toutes les conventions du genre sont respectées dans ce roman fleuve paru initialement en vingt épisodes hebdomadaire dans une revue éditée par Charles Dickens, avant sa publication remaniée en 1855. Cette fresque sociale opposant le Nord industriel au Sud rural joue tout de même sur un registre plus subtil qu’une opposition nette et tranchée : si l’auteur nous parle avec compassion des mauvaises conditions de travail imposées aux ouvriers ainsi que de la vie précaire des femmes à cette époque, elle n’en oublie pas moins le point de vue des patrons, cette nouvelle classe sociale émergente de manufacturiers sans beaucoup d’instructions mais qui ont appris rapidement sur le tas en prenant parfois de grands risques pour développer leur entreprise malgré le regard dédaigneux des grandes familles aristocratiques. Et si l’histoire d’amour est cousue de fil blanc (un homme et une femme que tout oppose mais qui s’attirent irrémédiablement), les personnages secondaires ne manquent pas de sel et les différents points de vue sont bien rendus.

Nord et Sud est un roman victorien plaisant, qui se lit très vite malgré son épaisseur. A conseiller donc aux aficionados du genre.

lundi 6 juin 2011

Le curiste de Hermann Hesse

La paresse est mère de la psychologie – Nietzsche

Le charme de la station thermale, la tiédeur des bains et l’odeur des eaux sulfureuses de Baden-Baden permettent aux malades de soulager les uns une sciatique, les autres la goutte ou encore certains rhumatismes.

Hermann Hesse ne fait pas exception à la règle, mais il ne lui échappe pas que cette première cure à Baden-Baden constitue aussi un merveilleux observatoire pour analyser, disséquer et commenter le monde qui l’entoure ainsi que tous les petits faits et gestes des uns et des autres.

Hermann Hesse manie l’ironie et le sens de la description avec beaucoup d’adresse, on ne s’ennuie pas une seconde tant la succession des mises en tableaux se suivent et ne se ressemblent pas, la tragédie côtoyant souvent le comique des situations. Hermann Hesse élargit évidemment son horizon et n’hésite par à philosopher en portant son regard d’entomologiste vers une pensée plus universelle de la nature humaine.

A noter que Hermann Hesse gardera un excellent souvenir de ce court récit, à tel point qu'il n’hésitera pas à le considérer comme l’un de ses meilleurs livres. Un premier pas en ce qui me concerne dans l’œuvre de cet auteur, qui m’a forcément donnée envie d’aller plus loin.

Hermann Hesse est un romancier, poète, peintre et essayiste allemand. Il a obtenu le prix Goethe, le prix Bauernfeld et le Prix Nobel de littérature.

Thomas Mann dira de lui: « Dans cette génération littéraire qui a débuté avec moi, Hesse est celui qui m'est le plus proche et le plus cher. Il y a des écrits de lui et notamment Le curiste, que je lis et ressent comme "faisant partie de moi-même".».