jeudi 10 juillet 2008

Palais de glace de Tarjei Vesaas

Quatrième de couverture

Le don de Tarjei Vesaas, peut-être le plus grand écrivain norvégien de ce siècle (1897-1970), aura été de savoir abolir la dérisoire ligne de démarcation entre vie et mort, solitude et présence. Il n'y a pas d'explication toute prête à proposer de ce chef-d'œuvre qu'est Palais de glace, tant la symbolique en est riche et les harmoniques multiples. Peut-être ne s'agit-il que d'une variation intensément poétique sur le grand secret du thème sacré : l'amour plus fort que la mort. Les deux petites filles qui s'aiment à en mourir, qui aiment l'amour plus qu'elles-mêmes réalisent leur rêve fou, l'une dans la fantastique splendeur de la cascade figée par le gel en un sublime château de glace, l'autre dans un immatériel palais du souvenir.

Écriture poétique, paysages féeriques, le début de l’hiver norvégien et l’amitié de deux petites filles dont l’une des deux disparaîtra dans une cathédrale de glace. Récit sur la mort, le renoncement, la dépression, l’hiver, le froid, le cycle des saisons, le travail de deuil suivi de l’acceptation, le retour à la vie et la réapparition du printemps.

Une belle allégorie toute en langueur où l’amitié, la fidélité occupent une place prépondérante : comment tenir sa promesse, à savoir ne pas oublier l'autre, sans s’éteindre à son tour en s'identifiant à la personne disparue et choisir de poursuivre sa route malgré tout...
 
Un roman de toute beauté, poétique et déstabilisant à la fois, qui ne demande au lecteur qu'à se laisser apprivoiser par la magie de l'écriture.

 Extrait :


Pendant que nous sommes tous là, la neige tombe de plus en plus dense.


La manche de ton manteau se couvre de blanc.

La manche de mon manteau se couvre de blanc.

Elles forment des liens entre nous comme des ponts enneigés.


Mais les ponts enneigés sont gelés.

Ici à l'intérieur la chaleur règne.

Sous la neige ton bras est chaud.

Doucement il pèse sur le mien.


Il neige et il neige,

Sur des ponts silencieux,

Des ponts que les autres ignorent.
 

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