jeudi 12 juin 2008

Un été à Key West d'Alison Lurie


Wilkie Walker, brillant naturaliste de 70 ans un peu misanthrope, plus à l’aise lorsqu’il s’agit de défendre la cause des animaux en voie de disparition que de participer à une pendaison crémaillère, est persuadé que sa dernière heure est arrivée.  Ne voulant rien dire à sa charmante épouse, il se renferme de plus en plus sur lui-même tout en imaginant les scénarios possibles pour abréger ses souffrances qui ne manqueront pas d’avoir lieu lorsqu’il parviendra à la phase terminale de son hypothétique cancer.
 
Sa tendre épouse Jenny, 25 ans plus jeune que lui, est une femme douce et dévouée qui a consacré toute sa vie à son illustre époux.  Comme elle s’inquiète de plus en plus de son humeur ronchonne, elle arrive péniblement à le persuader de l’utilité de faire un séjour à Key West, région ensoleillée qui, espère-t-elle, le déridera un peu.
 
Peine perdue, Wilkie Walker semble de plus en plus inaccessible.  Plutôt que de se tourner les pouces et d’attendre passivement que Wilkie revienne à de meilleurs dispositions, Jenny décide – fait rarissime – de se prendre en main et de s’ouvrir au monde en s'impliquant dans la vie locale des habitants de Key West, très… « couleurs locales », justement.
 
Alison Lurie excelle dans le registre de la critique sociale qui pique là où il faut.
Raison pour laquelle la plus européenne des romancières américaines est souvent considérée comme le pendant féminin de l’auteur britannique David Lodge.
 
Un été à Key West ne déroge pas à la règle : paradis pour retraités et millionnaires, Alison Lurie s’en donne à cœur joie pour explorer la faune constituée par les habitants excentriques de la Floride sans oublier les touristes retraités semestriels venus pour fuir les rigueurs hivernales des territoires du Nord.
 
Elle nous croque avec gourmandise les différents personnages sur un mode doux-amer qui n’exclu pas un certain désenchantement.
 
Un été à Key West est donc une lecture agréable où l’humour caustique se fait la part belle.
 
Extrait p.221 – A propos de Barbie Mumpson, par Wilkie sur son lit d’hôpital.
 
« Il trouva que, par en dessous et de côté, comme il la voyait à présent, Barbie Mumpson, de même que le lamantin auquel elle lui avait fait penser, était ce que beaucoup de gens qualifierait de « mignonne » ou d’« adorable », plus que de puérile et grassouillette.  Le lamatin, bien sûr, n’était pas grassouillet ; c’était seulement sa forme aérodynamique et sa couche de graisse isolante qui lui donnaient cet aspect.  Mais il en allait de même pour les phoques et les pingouins, dont les photos couvraient les murs des musées et des magasins de découverte naturelle.  Avec un bon tour de main et les bonnes illustrations – des dessins, pas des photos -, le lamantin pouvait probablement paraître mignon, et même adorable. »

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